"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Petros Markaris poursuit sa série avec son policier de roman, Kostas Charisto, toujours aussi fin limier aimant la très bonne chère !
Devenu directeur de la Sûreté de l’Attique, Kostas Charisto laisse derrière lui les années de misère. Une nouvelle fonction pour un monde différent.
Et pour le remplacer à la brigade criminelle, son sous-chef lui présente Antigoni Ferleki, une commissaire. De quoi désarçonné le vieux briscard qui a une femme toujours à la maison, toujours à l’attendre et toujours à le gâter exclusivement !
La période des difficultés économiques est révolue. La Grèce peut, après les années de misère, relevée la tête et avec elle, ses habitants. Des investisseurs étrangers décident de refaire vivre son passé antique. Le gouvernement organise un accueil avec visites officielles par des historiens de l’art et archéologues. Pourtant, une poignée de femmes qui se font appeler le groupe des Caryatides refusent d’y voir un bon investissement. Au contraire, elles se révoltent contre la braderie des lieux culturels qui y est organisée.
Seulement, un féminicide d’une des caryatides, puis deux, puis trois vont occuper tout le département de la police d’Athènes.
Comme à son habitude, le style de Petros Markaris est tourné vers l’efficacité et la dénonciation politique. Le lecteur est plongé dans la société grecque avec ses tiraillements (souvent les mêmes que les nôtres). Heureusement, Kostas a son clan, engagé sur des combats, qui, à la fois, le protège et agit pour lui par procuration.
Les romans de Petros Markaris sont toujours un plaisir, même si notre commissaire vieillit, ses genoux accueillant un petit-fils déluré. Néanmoins, il sait toujours être aidant, juste et perspicace. Immuable malgré les années qui passent et ça, ça fait un bien immense ! Et, puis, sa femme cuisine toujours aussi bien, même si d’autres commencent à faire, presque, aussi bien !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/11/29/petros-markaris-le-revolte-des-caryatides/
J'ai découvert en préparant, bien en amont, le mois des nouvelles, que l'auteur de romans policiers grec Petros Markaris avait aussi publié des nouvelles. J'ai beaucoup aimé le ton et l'ambiance des quelques romans que j'ai lus, c'est donc parti pour une autre facette de son oeuvre.
Avec « L'assassinat d'un Immortel », on entre immédiatement dans le vif du sujet, avec l'humour habituel aux romans de l'auteur grec, et son personnage de policier fétiche. Il s'agit donc d'une nouvelle policière au sens premier du terme, avec enquête et résolution finale. C'est bien ficelé, et décrit avec malice le monde littéraire grec.
Changement de décor avec « En terrain connu » où nous suivons en Allemagne un policier turc, puis direction Istanbul pour « Trois jours » qui permet d'avoir un aperçu de l'histoire grecque, en particulier de ses relations conflictuelles avec la Turquie, au travers de trois journées de 1955. C'est là que j'ai appris que Petros Markaris était né à Istanbul, au sein d'une importante communauté grecque : il évoque fort bien les habitants de ce quartier et ces journées particulières, c'est la nouvelle la plus longue et ma préférée.
« le cadavre et le puits » est une nouvelle courte et pleine de malice.
« Ulysse vieillit seul » reprend un personnage de Grec né dans la Ville, c'est-à-dire Istanbul, jamais nommée, et qui retourne y finir sa vie.
« L'arc de Pompéi » évoque les immigrés et le père Ioannis qui leur vient en aide.
« Tentative tardive » raconte la journée d'un couple d'Allemands en juillet 1944 et enfin, « Crimes et poèmes » revient à Athènes pour un meurtre dans le monde du cinéma, bouclant le périple commencé dans des décors un peu semblables.
J'ai bien aimé ces huit textes, variés et agréables à lire, toujours avec une connotation policière, et j'imagine qu'ils plairont davantage à celles et ceux qui comme moi, connaissent déjà l'auteur, ou alors à ceux que l'histoire des Grecs d'Istanbul intéresse, puisque c'est un aspect qui revient dans plusieurs nouvelles, et qui est tout à fait passionnant.
Premier roman de Petros Markaris que je lis et belle découverte.
2011. le récit s'ouvre sur une scène poignante où le commissaire Kostas Charitos ne peut que constater le suicide de quatre retraitées que la période de crise que traverse le pays a poussé à cette extrémité.
Le policier est ensuite confronté à un tueur décidé à se substituer au gouvernement pour faire entrer dans les caisses de l'État les impôts non payés par de riches fraudeurs, sans pitié pour ceux qui ne s'acquittent pas de leurs dettes.
Cet opus est le deuxième de la « trilogie de la crise ». L'auteur nous fait vivre de l'intérieur la réalité sociale et politique de la Grèce, confrontée à l'une des crises les plus profondes de son histoire récente.
L'enquête a du mal à avancer, au sens figuré comme au sens propre, les rues d'Athènes se trouvant régulièrement bloquées par diverses manifestations, obligeant le commissaire et ses collègues à de savants calculs d'itinéraires pour travailler dans des conditions acceptables.
L'humour désabusé des policiers ces conditions difficiles m'a d'ailleurs beaucoup plu.
Les politiciens ne sont pas épargnés, présentés comme des girouettes toujours à la recherche du meilleur vent. le commissaire, en attente d'une promotion, voit celle-ci s'éloigner ou se rapprocher suivant la position de ces mêmes girouettes, qui, suivant leurs intérêts, demandent que les investigations s'arrêtent ou au contraire s'accélèrent.
Le supérieur de Kostas Charitos lui dit à un moment, comme une plaisanterie qui n'en est pas une, que dans l'administration grecque, pour avoir une promotion, il ne faut surtout rien faire.
L'intrigue policière n'est cependant pas totalement occultée par le témoignage de l'auteur sur ce que vit son pays. J'ai apprécié le personnage de ce commissaire, profondément humain, qui se débat, comme tous avec sa famille pour s'en sortir au mieux, mais ne renonce pas à mener à bien sa mission, quelles que soient les embûches.
Gros coup dur pour le commissaire Charitos dont la fille Katérina a été agressée en sortant du tribunal. Le tort de la jeune avocate ? Défendre les droits des émigrés. A Athènes, l’Aube dorée entend punir ceux qui aident les étrangers à s’intégrer dans le pays. Ses sbires n’hésitent pas à menacer directement le commissaire qui s’inquiète de les savoir en possession de son numéro de portable. Auraient-ils des accointances dans la police ? Ce ne serait pas impossible…D’ailleurs, les gardes devant le tribunal ont fermé les yeux sur l’agression de Katérina. Mais si cette histoire le préoccupe, le commissaire doit faire son travail après la mort d’un entrepreneur allemand d’origine grecque. Le légiste a conclu à un suicide et pourtant l’Ambassade d’Allemagne a reçu un courrier disant que l’homme a été assassiné. La lettre est signée par ‘’Les Grecs des années 50’’. D’autres morts vont suivre, des meurtres cette fois, revendiqués par le même groupe.
Avec Epilogue meurtrier, dernier tome de la Trilogie de la crise, Petros Markaris continue d’explorer les dérives de la société grecque confrontée à la corruption, au marasme économique et à la montée du nationalisme. Outre les meurtres qui dénoncent les pratiques de l’administration, entre pots-de-vin et clientélisme, mais aussi les détournements des subventions européennes, Charitos s’inquiète aussi de l’Aube dorée dont la violence et le sentiment d’impunité renvoie aux pires heures de la dictature des colonels. Le policier va mener une enquête longue et minutieuse. Les pistes sont nombreuses mais tournent court. Qui sont ces ‘’Grecs des années 50’’ ? Des octogénaires qui ont décidé de prendre les armes ? Leurs fils ? Charistos tourne en rond tout en s’inquiétant pour sa fille et en souffrant lui aussi de la crise économique. Sa voiture reste au garage et il prend les transports en commun pour économiser le carburant. Sa femme Adriani concocte toujours de délicieux repas mais la viande et le poisson se font rares. Les beaux-parents de Katérina ont perdu leur boutique et son gendre se fait du souci pour son père qui supporte mal la situation. Heureusement, les Charitos et leurs amis sont solidaires, partagent le peu qu’ils ont et font face en essayant de garder le sourire…
Excellente fin pour cette trilogie qui nous a fait visiter le passé, le présent et même l’avenir d’un pays victime de ses erreurs, de ses dérives et de la pression européenne. La série est inégale, les enquêtes parfois sommaires, mais les fines analyses de l’auteur sur la crise grecque valent le détour.
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