L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...
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Aux Correspondances de Manosque, l'auteur du splendide "Héritage" nous explique sa fresque familiale
Quand Miguel Bonnefoy répond aux questions des lecteurs pour "Sucre noir" (Rivages)
Après avoir lu Sucre noir et Héritage, retrouver la plume enflammée de Miguel Bonnefoy est un véritable plaisir littéraire. En écrivant Le rêve du jaguar - allusion à cette légende des paysans de Macaraibo, au Venezuela, qui pensent que, dans chaque portée de chats, il y a un jaguar – il remonte au plus loin possible dans l’histoire de sa famille.
En quatre grandes parties, d’Antonio à Cristóbal, en passant par Ana Maria et Venezuela, Miguel Bonnefoy réussit une formidable fresque familiale, politique et historique. Si l’action se déroule principalement au Venezuela, le pays de sa famille, Le rêve du jaguar fait un saut au Chili puis à Paris pour se terminer là où il avait commencé, à Macaraibo, mot que, en l’écrivant, j’entends prononcé par l’auteur avec cet accent délicieux difficile à reproduire… par écrit.
Le petit Antonio Borjas Romero, déposé tout bébé sur les marches d’une église, dans une rue qui, plus tard, portera son nom, débute sa vie terrestre dans des circonstances plutôt difficiles. Teresa, la muette, ne l’aime pas mais le nourrit et s’en occupe. Je suis aussitôt captivé par de savoureuses descriptions tout à tour délicieuses et emballantes.
L’auteur fait vivre Antonio, son grand-père, qui apprend vite à se débrouiller et à affronter les aléas de la vie. Détail important, dans ses langes, il y avait une petite boîte servant à rouler les cigarettes, petite boîte que mon père appelait sa « botteleuse ». Elle aura son importance au cours du récit.
Quand le pétrole surgit, près de Macaraibo, après que la statue de Simón Bolivar, le Libertador, à cheval, ait fait escale dans le port de la ville, c’est toute la vie qui est transformée parce que le pays s’enrichit subitement. C’est là qu’Antonio est employé pour construire un mur afin de contenir cette rivière gluante qui remonte des entrailles de la Terre.
Dans le bordel de Lucrecia Coralina, il est ensuite l’homme à tout faire alors qu’il n’a pas 13 ans. C’est là que Leona Coralina lui procure ses premiers émois…
Nous sommes dans les années 1930. Inclus dans la famille de Don Victor Emiro Montero qui veut qu’il soit médecin, Antonio est enfin obligé d’aller à l’école.
C’est là qu’il rencontre Ana Maria et qu’ils se disputent des places de cinéma à gagner. C’est là aussi qu’il relève le défi qu’elle lui a lancé : raconter la plus belle histoire d’amour. La performance est délicieusement contée.
On le constate rapidement, après cette mise en bouche, le roman de Miguel Bonnefoy est truffé de rencontres et de rebondissements inattendus et surprenants. Je me suis alors laissé emporter par le style exubérant de l’auteur qui raconte une histoire folle permettant de sortir de l’ombre des personnages hors du commun mais aussi une histoire méconnue d’un pays important de l’Amérique latine.
Au passage, je ne peux pas passer sous silence l’accouchement d’Ana Maria. Miguel Bonnefoy me submerge d’un délire de mots et d’expressions allant jusqu’à développer l’Histoire de ce pays qui donne l’idée aux parents de nommer leur fille : Venezuela !
Plus loin, l’auteur s’en donne à cœur joie en comptant mythes et légendes sur les pas d’un certain Pedro Clavel, un délire de sorcier, et cette tante Zina qui s’obstine à pousser ce Pedro à aller voir un chamane.
Si les deux générations suivantes s’installent avec Venezuela puis Cristóbal, l’auteur n’oublie pas Antonio et Ana Maria qui ont dû traverser une période très difficile de dictature, pour un retour aux sources dont Miguel Bonnefoy a le secret.
Ainsi, Le rêve du jaguar m’a fait rencontrer toute une famille et beaucoup d’autres personnages apportant chacun une touche extraordinaire pendant qu’Antonio et Ana Maria s’engageaient au péril de leur vie pour défendre la démocratie face à la dictature de Pérez Jiménez.
Enfin, comment ne pas souligner la force et le courage d’Ana Maria qui fut le premier médecin femme de l’État de Zulia, à Macaraibo. Elle n’hésita pas, mettant en jeu sa sécurité, à pratiquer des avortements. Quand ce fut impossible à l’hôpital, elle continua à œuvrer au service des femmes chez elle.
Antonio, Ana Maria, Venezuela, Cristóbal, ces quatre personnages m’ont beaucoup marqué grâce à l’écriture de Miguel Bonnefoy dont Le rêve du jaguar mérite bien les deux belles distinctions obtenues cet automne 2024 : Grand Prix de l’Académie Française et Prix Femina. BRAVO !
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/12/miguel-bonnefoy-le-reve-du-jaguar-0.html
Avec un talent incroyable de conteur Miguel Bonnefoy nous entraîne dans une saga familiale où se mélangent le réel, l'imaginaire et le fantastique.
C'est un voyage hors du temps dans lequel je me suis plongée avec délices.
Une saga foisonnante et émouvante sur trois générations, qui parcourt le 20e siècle entre le Vénézuela et la France. Des personnages passionnants au destin inattendu parfois fascinant et un art du récit particulièrement étonnant qui m'a donné envie de lire les autres romans de Michael Bonnefoy, auteur que je ne connaissais pas. Prix Femina et Grand prix du roman de l'Académie française, des récompenses méritées.
Oh que j‘ai aimé retrouver l’écriture foisonnante de Miguel Bonnefoy, ses descriptions détaillées et la moiteur du pays de son pays, le Venezuela !
J’ai adoré me trouver désorientée et voyager avec lui et sa famille sur ce vingtième siècle plein de promesses en tous genres et fruit de réalisations et de succès aujourd’hui bien loin !
J’ai ri toute seule malgré la dureté de la vie de ce petit Antonio, ce garçonnet totalement plongé dans un monde sans nom, sans norme où seule la débrouillardise et l’audace règnent !
Un roman picaresque du genre favori des anglais du XVIII siècle à la sauce sud américaine, la violence, le rire et l’outrance en plus !
Enfant, jeune homme et adulte extraordinaire, quelle belle vie que la sienne, il l’a forgée de ses mains et a grandement mérité les honneurs qui lui ont été rendus avant sa mort !
Oui j’ai adoré les deux premières histoires, Antonio et Ana Maria, première gynécologue de son pays, aussi rebelle que son époux et digne mère de sa fille Venezuela mais à un moment, trop c’est trop, je me suis lassée de cette volubilité et de cette exubérance, de cette foison de personnages qui interviennent, les esprits chamanesques des croyances ancestrales ajoutent de la couleur et de la fureur à la vie déjà bien trépidante des humains.
Les personnages suivants m’ont semblé des redites, il fallait trouver quelque chose de plus à dire, comme si les enfants devaient en tous points être meilleurs que les parents ! Mais non !!
Alors, à leur place, j’ai lâché, non pas le livre, je l’ai lu jusqu’au bout, mais l’enthousiasme qui m’avait gagnée au début !
Tant pis, ce n’est pas grave ! Je me suis bien régalée quand même et bien dépaysée !
Pour moi, lire c’est voyager, mais pour Cristobal « lire c’est rester, .les villes changeaient, les langues se multipliaient, les cultures défilaient sous ses yeux, or les livres, eux ne changeaient pas ».
Merci à Miguel Bonnefoy pour ce voyage.. fatigant !
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