La #Critique Pour/Contre des Explorateurs pour "La neige noire" de Paul Lynch (Albin Michel)
La #Critique Pour/Contre des Explorateurs pour "La neige noire" de Paul Lynch (Albin Michel)
En Irlande, à une époque indéterminée, mais dont on pressent hélas qu’elle pourrait ne pas être lointaine, le gouvernement pose les jalons de ce qui ressemble fort à une dictature implacable. Pour Larry, cible de choix, car syndicaliste, le dilemme n’a pas trainé, il ne renonce pas à la manifestation organisée par et pour les enseignants qu’il défend. Le prétexte est une aubaine, on n’entendra plus parler de lui. Eilish devra donc continuer seule le combat, oh combien inégal face à ce pouvoir tentaculaire et de plus en plus répressif. Lutter pour la survie, pour elle et ses quatre enfants dont il faudra gérer les angoisses et les rébellions…Devra t-elle quitter ce pays tant qu’il est encore temps, ou résister au péril de leur survie ?
Terrifiant par le tableau d’apocalypse que génèrent les événements, et qui est malgré tout familier si on se rappelle des épisodes récents de notre histoire, le roman nous plonge dans une ambiance de guerre civile, avec des dégâts collatéraux multiples, et la violence comme mode de communication.
Les multiples questions que se posent Eilish deviennent les nôtres, en tant que lecteurs mais aussi citoyens se projetant dans un futur plausible alors que les bruits de botte résonnent de toute part.
C’est un roman dur, efficace et nécessaire, pour prendre conscience que nous avons un rôle à jour avant qu’il ne soit trop tard.
300 pages Albin Michel
Traduction : Marina Boraso
Titre original : Prophet song
Comment réagir quand son pays s’enfonce progressivement mais inexorablement dans le totalitarisme ?
Par le combat, l’indifférence ou l’aveuglement ?
C’est la question que pose avec beaucoup d’acuité Paul Lynch dans ce roman. Pour ce faire, il choisit une famille dont le père Larry, syndicaliste, disparait dans les geôles du GNSB, la police secrète… Sa femme, Eilish, est une scientifique, une femme intelligente. C’est elle qui illustre le thème de l’auteur.
Elle va utiliser tous les moyens légaux possibles pour avoir des nouvelles de Larry, mais les moyens légaux ne fonctionnent plus…
Elle a peur car elle veut surtout protéger ses enfants de l’enfer qui se referme sur eux. Les préserver à tout prix, au détriment de la lucidité, de la liberté, puis de leur sécurité…
Un livre oppressant, car on comprend bien l’enfermement d’Eilish dans un paradigme qui la rend petit à petit hermétique à la réalité et qu’elle impose à ses enfants. Aveugle aux alertes de ces derniers et à leur souffrance.
Rendu encore plus plombant par l’écriture : les phrases longues, l’absence de paragraphes accentuent le manque de souffle.
Comme Eilish, on se retrouve dans un cauchemar sans bien savoir comment cela va terminer.
C’est un excellent roman, même si j’avoue que suis restée plutôt observatrice des personnages et de la situation.
Pourtant, le thème choisi par l’auteur est parfaitement maîtrisé et passionnant.
https://commelaplume.blogspot.com/
Quelle claque !
Il y a longtemps qu’un livre ne m’avait interpellé de cette façon et hanté pendant des jours.
Les démocraties sont en danger, on les pensait acquises mais lorsque que l’on regarde les votes et les montées des totalitarismes aussi bien en Europe que dans le monde, cela fait froid dans le dos.
La force de l’auteur c’est de démontrer le mécanisme insidieux qui fait que l’on passe d’une démocratie à un régime totalitaire « en douceur » si ce mot avait sa place dans le livre.
Paul Lynch le fait sans prise de position politique, sans discours militant. Il nous raconte simplement le quotidien en Irlande de Eilish, mère de quatre enfants, qui travaille, avec un mari syndicaliste Larry et qui va voir sa vie se déliter au fil des jours. Lorsque Larry disparaît après une manifestation d’enseignants, Eilish reste optimiste, ils vivent dans une démocratie, les citoyens ont des droits croit elle. Elle continue de gérer seule, son quotidien, son travail, ses enfants, son père malade. Lorsque Mark, son fils aîné, est appelé pour rejoindre les forces armées lors de ses 18 ans, elle envisage de le faire passer à l’étranger afin qu’il poursuive ses études. Mark préfère s’enfuir et rejoindre les forces rebelles.
La sœur d’Eilish qui vit au Canada, lui trouve une filière pour qu’elle puisse s’enfuir avec ses 3 enfants restants mais elle refuse ne voulant pas abandonner son mari et son fils aîné.
Je n’irai pas plus loin dans le récit qui nous décrit la longue descente aux enfers d’Eilish qui refuse quelque part de voir la réalité et reste persuadée que les gens vont se ressaisir, que l’Europe va intervenir… Elle est en plein déni de réalité tout en assurant le quotidien difficile de sa famille.
Certains passages sont très durs mais comparés à ce qu’il se passe ou ce qu’il s’est passé dans la réalité, ils sont tout à fait crédibles.
On ne vit cette histoire qu’à travers les yeux d’Eilish qui tout au long du livre continue à parler à Larry son mari disparu.
C’est un livre que tout le monde devrait lire pour se rappeler que ce n’est pas parce que l’on vit dans une démocratie que l’on ne risque rien. L’histoire l’a prouvé il n’y a pas si longtemps.
Ce livre est angoissant, on voudrait se dire que c’est de la fiction. Et quand des Irlandais essaient de quitter leur pays sur des bateaux pneumatiques après avoir été rackettés par des passeurs, on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour les migrants qui arrivent chez nous.
Le chant du prophète
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Et si demain un régime autocratique arrivait au pouvoir, comment réagirions-nous ? Nous méfierions-nous ou penserions-nous être protégés par nos institutions ?
Pour Eilish et Larry Stack qui vivent à Dublin avec leurs quatre enfants, la réponse s’impose. Ils n’ont rien à se reprocher et ne risquent rien avec ce gouvernement en place depuis 3 ans. Il y a bien des rumeurs d’arrestations, des voisins qui quittent le pays, par précaution, mais ils ont tous les deux un emploi stable et la fragile santé du père d’Eilish requiert leur présence, en dépit des propositions répétées de sa sœur de les rejoindre au Canada.
Il suffira de deux coups frappés à leur porte un soir de pluie, suivie d’une convocation de Larry au commissariat pour que leur vie rangée déraille et que tout bascule. Arrestations arbitraires, disparitions, restriction des libertés individuelles, suppression de l’accès à l’information…, tout s’enchaîne à une vitesse folle jusqu’au point de non-retour. Glaçante plongée en enfer d’une famille ordinaire. Et si demain c’était nous ?
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Il y a des livres dont la lecture est difficile, tant leur propos alarmant résonne en nous, et surtout tant ils sont plausibles. Des livres dans lesquels on est inconfortables car ils nous propulsent dans un avenir réaliste. Ils sont effrayants, mais en même temps exercent une force quasi magnétique, nous poussant à les dévorer en dépit de leur noirceur. J’ai ressenti ce sentiment en lisant celui-ci et il m’a été impossible de ne pas me mettre dans la peau d’Eilish, de partager ses angoisses, ses doutes, son incrédulité, sa douleur et son accablement. Je me suis forcément identifiée à cette femme, tiraillée entre son devoir de mère qui lui impose d’insuffler courage et espoir à ses enfants et l’effondrement intérieur violent que suscite l’enchainement d’épreuves auxquelles elle est soumise.
Ce fut une lecture d’abord déroutante mais surtout éprouvante. L’ambiance est étouffante et on est oppressé par ces phrases interminables, par ces pages denses, compactes, avec ces dialogues enchâssés dans la prose, sans tiret ni guillemets. On est presqu’asphyxié par …
[suite] …le flot continu des pensées d’Eilish qui mêlent rêves et réalité, discours intérieurs et échanges imaginaires avec Larry, qui la laissent exsangue et sans répit. On est enfin englué dans cette chute en avant de plus en plus noire, de plus en plus angoissante, de plus en plus sans issue.
Cela donne un roman à la puissance folle, et ils sont rares les romans qui produisent un tel effet. C’est un cri d’alerte sur les risques que nous encourrons et le situer dans une démocratie européenne lui donne plus d’impact encore. Je l’ai refermé sonnée, KO debout. Il est présenté comme une dystopie, mais il suffit d’écouter les actualités, de penser aux régimes tombés dans la quasi indifférence de l’occident pour en douter. Et c’est glaçant, et même terrifiant.
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