La #Critique Pour/Contre des Explorateurs pour "La neige noire" de Paul Lynch (Albin Michel)
La #Critique Pour/Contre des Explorateurs pour "La neige noire" de Paul Lynch (Albin Michel)
Partis en mer malgré un avis de gros temps, le pêcheur sud-américain Bolivar et son jeune compagnon Hector se retrouvent prisonniers de la tempête, puis d’un bateau avarié dérivant sur l’immensité de l’océan Pacifique. Unis dans un tête-tête forcé, les deux hommes organisent leur survie, autant physique que psychologique.
Après une première partie dominée par la tension de l’action, tandis que Hector et Bolivar, que jusqu’ici tout opposait, réunissent leurs forces contre les éléments déchaînés, puis pour assurer les bases de leur survie, le récit se resserre peu à peu sur la confrontation psychologique des deux hommes, et enfin de chacun avec soi-même. Alors que le temps s’allonge et se vide pour les deux Robinsons, désormais rodés quant à leur précaire organisation matérielle, c’est leur mental qui envahit la narration. Et dans la lutte sans merci entre leur volonté et leur désespoir, on assiste à leur mise à nu jusqu’au tréfonds de leur être, et à leur terriblement tardive prise de conscience de ce qui fait le véritable prix de la vie.
Bien plus qu’une histoire de survie, Paul Lynch nous propose, au travers de ce roman métaphorique, une réflexion d’envergure sur la condition humaine. Car l’errance de ces deux hommes perdus dans une immensité déserte, oscillant entre désespoir et foi en leur survie, torturés par la conscience de leurs fautes dans une expiation préalable à une possible rédemption, n’est autre que celle de toute l’espèce humaine. Ainsi l’aveuglement de notre orgueil et de nos égoïsmes s’assortit de nos doutes et de nos peurs face à notre destinée de mortels. Ainsi nous partageons-nous entre, d’un côté, la perception de notre insignifiance, à la fois écrasante et miraculeuse dans une nature immense et incontrôlable qui nous renvoie à notre solitude dans le vide de l’infini, et, de l’autre, notre espoir et notre foi en une possible issue à notre finitude. Enfin, ainsi cherchons-nous le chemin qui donnera un sens à notre existence, celui qui passe par des valeurs universelles transcendant nos individualités.
A la fois poétique et réaliste, aussi profondément juste dans l’exploration psychologique de ses personnages qu’impressionnant dans son évocation des variations infinies de la mer, et surtout doublé d’une portée philosophique et mystique magistralement suggérée, ce roman a tout pour devenir un monument de la littérature. Coup de coeur.
1845, Irlande, Blackmountain.
La mère de Grace l'oblige à quitter le foyer pour la protéger de Boggs qui lorgne sur ses premières rondeurs de femme . Il faudra trouver du travail et revenir afin d'aider sa famille. Elle coupe ses cheveux, s'habille en homme . Elle passera pour un garçon. Son petit frère Colly qui n'a pas sa langue dans sa poche la rejoint et veut faire le voyage avec elle.
Grace est très courageuse et va se battre pour survivre dans un pays qui crève de faim et de maladie.
Au fil du temps elle va faire des rencontres pas toujours heureuses mais elle fera un bout de chemin avec un curieux compagnon.
Elle va grandir et essayer de survivre dans un monde de peur, de désespoir, de désolation de malheur et de mort.
Les descriptions restituent avec force la noirceur et la détresse de l'Irlande ravagée par la faim, le froid, la pluie, la boue, la mort sur chaque chemin parcouru.
Une lecture magnifique et un grand auteur.
Un récit puissant sur l'épopée d'une jeune fille qui doit quitter le domicile face à la famine. Dès les premières pages le ton est donné et restera viscéral. Ecriture sublime, pour peindre ces paysages et cette ambiance noire, austère, parsemée de rencontres.
Au-delà de la mer est le quatrième roman de Paul Lynch. J'ai lu ses trois précédents qui t été des coups de cœur. L'Irlande et le peuple irlandais a toujours été au centre de ses romans. Pour celui-ci le décor change. Nous partons en pleine mer, sur les côtes de l'Amérique du Sud.
Bolivar est pêcheur. Il embarque avec lui Hector un adolescent pour une sortie en mer. Une tempête est annoncée, mais Bolivar n'en a que faire, il lui faut aller pêcher. Il n'est qu'un pêcheur et il lui faut vivre ou survivre.
Alors qu'ils sont en pleine mer, la tempête les surprend. L'eau monte, les vagues déferlent. La pêche est bonne. Bolivar jubile, Hector est horrifié. Mais c'est l'avarie. Le vent souffle trop fort, le moteur casse.
Ils sont tous les deux, au milieu des eaux, au milieu de la mer, au milieu de nulle part.
La mer est un personnage à part entière. Elle a une place centrale dans ce roman. Toutes les sensations nous traversent pour nous faire ressentir sa présence. Elle nous enveloppe, nous berce, nous horrifie. Tantôt rassurante, tantôt effrayante.
J'aime le style et le lyrisme de l'écriture de Paul Lynch. Sa plume est pleine de noirceur et pour tant sa prose est magnifique. Encore une fois j'ai été sous le charme de la puissance et de la beauté de ses mots.
La description des personnages est faite avec minutie et brièveté. En peu de mots, il sait décrire des vies cassées et cassantes, la noirceur du monde, les gens des bas fonds.
Dans ce récit j'ai retrouvé un petit quelque chose du Vieil homme et la mer de Hemingway. L'atmosphère du roman, le huis-clos entre Hector et Bolivar m'a rappelé ce classique qui m'a marqué.
Une lecture marquante et une prose magnifique.
"Le bruit traverse l'écume du sommeil. Le vent déchaîné. Débouchant de l'obscurité pour atteindre une autre obscurité plus réelle que le rêve. Relevant sa casquette, il cherche la lune du regard. Il y a quelque chose d'anormal dans les ondulations des vagues."
"Les femmes sont compliquées, mais les hommes le sont aussi. Et on est tous aussi nul les uns que les autres en la matière."
"Le monde dans sa première clarté. C'est souvent ainsi, un lent ruissellement de couleurs fondues. La sensation du temps, comme si le monde était en train de naître à lui-même. Il étire ses bras et ses jambes, il écoute la mer et a l'impression de percevoir un murmure d'un passé très lointain."
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