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Jacaranda

Couverture du livre « Jacaranda » de Gael Faye aux éditions Grasset
  • Date de parution :
  • Editeur : Grasset
  • EAN : 9782246831457
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Quels secrets cache l'ombre du jacaranda, l'arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et... Voir plus

Quels secrets cache l'ombre du jacaranda, l'arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu.
Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l'histoire terrible d'un pays qui s'essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l'humanité, paradoxale, aimante, vivante.

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Avis (17)

  • Milan (le narrateur) dont la mère est originaire du Rwanda et le père Versaillais, est un métis qui ignore tout du pays de sa génitrice, muette sur le sujet. Jamais elle n’a abordé devant lui, ne serait-ce que cinq minutes, la question de ses propres parents ou éventuels frères et/ou soeurs...
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    Milan (le narrateur) dont la mère est originaire du Rwanda et le père Versaillais, est un métis qui ignore tout du pays de sa génitrice, muette sur le sujet. Jamais elle n’a abordé devant lui, ne serait-ce que cinq minutes, la question de ses propres parents ou éventuels frères et/ou soeurs …

    En 1994 pourtant (alors qu’il avait douze ans) à la fin du génocide qui a eu lieu entre les Hutu et les Tutsi et dont nous avons entendu parler en France par les médias, est arrivé Claude, un jeune garçon rwandais (de son âge mais paraissant beaucoup plus petit) qui fera une brève apparition dans son foyer et le marquera à jamais. Et c’est en été 1998, au moment du divorce de ses parents, que Milan effectuera un voyage chez sa grand-mère maternelle (en compagnie de sa mère) et qu’il reverra enfin Claude.

    Milan va rapidement être happé par la douloureuse histoire de ce pays (qui est aussi un peu le sien) et des habitants rencontrés (Sartre, les enfants orphelins, Papi, Rosalie ou Eusebie …) Il va ainsi découvrir en retournant sur place, lors des procès de 2005, la réelle ampleur des atrocités commises. Et faire un important choix de vie, en 2010, notamment pour l’amour porté à la petite Stella, qu’il a vu naitre douze ans auparavant. Une affection dont la mère de Milan s’est toujours montrée avare …

    Un très beau texte, tout en mesure et délicatesse (certains passages étant – toutefois – on ne peut plus terrifiants) qui s’écoule entre 1994 et 2020. Un roman intense et bouleversant qui ne démérite pas et s’ajoute au plaisir de lecture du précédent (et sublime : « Petit Pays ») Sans rancune, ni amertume, Gaël Faye éclaire le lecteur sur une vérité longtemps tue, une culpabilité profondément enterrée, de la part des vrais responsables de ce génocide …

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  • Un des romans les plus attendus de cette rentrée, après le succès de Petit Pays, premier roman qui a reçu de nombreux prix. De plus, un roman qui débute par une scène de vacances à l’île de Ré : je ne peux qu’être touchée.
    Gaël Faye revient avec un roman sur le Rwanda, et son génocide.
    Milan...
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    Un des romans les plus attendus de cette rentrée, après le succès de Petit Pays, premier roman qui a reçu de nombreux prix. De plus, un roman qui débute par une scène de vacances à l’île de Ré : je ne peux qu’être touchée.
    Gaël Faye revient avec un roman sur le Rwanda, et son génocide.
    Milan est métis, de mère Rwandaise ; elle ne lui a jamais parlé de son pays, de sa venue en France ; un jour, elle va héberger un neveu, blessé ; Milan voit en lui un frère. Il va se rendre pendant des vacances au Rwanda avec sa mère et y découvrir une famille dont on ne lui avait jamais parlé.
    Ce roman c’est avant tout le portrait du silence ; le mutisme de la mère sur son passé en Afrique, le silence de sa grand-mère maternelle face à sa fille devenue blanche, le silence de l’arbre Jacaranda qui écoute l’enfant.
    Dans ce livre vous découvrirez l’histoire du Rwanda à travers les voix de plusieurs générations, vous comprendrez la souffrance, la résilience des habitants de ce pays, vous serez sensibilisé au sort de ces enfants qui vivent aujourd’hui avec le poids de ce passé dramatique sur les épaules.
    C’est un roman sensible sans être larmoyant, dur, qui s’incruste sous votre peau sans que vous en rendiez compte pour vous prendre aux tripes.
    Si je devais en retirer une phrase pour résumer ce livre: On ne peut pas comprendre qui on est si l’on ne sait pas d’où l’on vient.

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  • Au printemps 1994, Milan, collégien à Versailles, enfant unique, voit arriver le Rwanda dans sa vie par la télévision. Sa mère, Venancia, Rwandaise, arrivée en France en 1973, taisant totalement ses origines, n’en avait jamais parlé.
    Vers la fin de l’été, un peu avant la rentrée scolaire, il...
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    Au printemps 1994, Milan, collégien à Versailles, enfant unique, voit arriver le Rwanda dans sa vie par la télévision. Sa mère, Venancia, Rwandaise, arrivée en France en 1973, taisant totalement ses origines, n’en avait jamais parlé.
    Vers la fin de l’été, un peu avant la rentrée scolaire, il voit débarquer chez lui, sans que ses parents l’aient prévenu, un petit garçon chétif au regard apeuré, avec un épais pansement sur la tête. Il s’agit de Claude, arrivé du Rwanda et que sa mère essaie de rassurer en s’adressant à lui en kinyarwanda.
    Les deux garçons vont finir par s’apprivoiser et devenir grands amis. Mais un jour, Milan, abasourdi, apprend de sa mère que Claude est retourné dans son pays natal disparaissant ainsi de leurs vies aussi vite qu’il y était entré.
    Quatre ans plus tard, en 1998, ses parents venant de divorcer, Milan se rend avec sa mère au Rwanda pour l’été. Il fera connaissance avec des membres de sa famille, retrouvera Claude et se trouvera plongé, sans le vouloir, dans l’histoire du pays. Il lui faudra cependant des années et de nombreux autres voyages et séjours pour le découvrir et en percer les silences.
    Huit ans après Petit pays, roman partiellement autobiographique couronné par treize prix littéraires, l’écrivain franco-rwandais Gaël Faye, auteur-compositeur-interprète et rappeur avec plusieurs albums à son actif, publie Jacaranda dans lequel il s’appuie sur quatre générations pour raconter cette histoire terrible du Rwanda dévasté par le génocide des Tutsi, la difficile reconstruction de son pays après celui-ci, qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon.
    Contrairement à ce que l’on pense souvent, il y a eu de nombreux éléments précurseurs avant qu’on arrive à ce point culminant de violence et j’ai trouvé très intéressant et pour ma part très instructif cette remontée dans le vingtième siècle et le rôle majeur joué par les Belges et les Pères blancs. J’ai été effarée de découvrir les méthodes « scientifiques » déployées par les Belges pour décréter qui est Tutsi, qui est Hutu et comment le poison de la division et de l’ethnisme a été habilement distillé par les colons belges et l’Église.
    Jacaranda est un roman pudique mais terriblement efficace, aussi fort que sensible.
    Si le livre reprend le génocide des Tustsi, ce sont surtout les répercussions, les maux qui continuent à hanter le peuple rwandais que Gaël Faye essaye de sonder, la vengeance habite toujours le cœur de ceux qui ont perdu leurs proches. Le silence pèse encore sur les victimes et leurs familles, et les enfants nés après la tragédie ont appris à ravaler leurs émotions. C’est pourquoi Stella, dans le roman, brillante élève mais fragile n’avait d’autre refuge pour épancher ses peines que le jacaranda de sa cour, cet arbre flamboyant et majestueux, un lieu secret qu’elle ne partagera qu’avec Milan, dans lequel elle trouvait refuge et qui représentait pour elle son ami, son enfance, son univers.
    Il est également beaucoup question des gacaca, ces juridictions populaires mises en place par le gouvernement qui ont été réactivés pour accélérer le nécessaire procès des quelques centaines de milliers de personnes accusées de participation au génocide des Tustsi de 1994, après une attente d’une décennie, et ainsi permis l’arrêt de l’impunité, chacun devant répondre de ses actes. Une façon également de libérer la parole…
    Gaël Faye présente cette fresque familiale pour parler de l’après, avec beaucoup de sensibilité et de poésie. Sous une forme romanesque, il nous emmène dans son pays natal, et c’est l’histoire contemporaine qui se déroule sous nos yeux dans un cadre et une ambiance que l’auteur sait brosser à merveille, qu’il s’agisse de la vie grouillante de cette vaste cour bordée d’habitations en piteux état où vit Sartre ou de la paix qui règne sur les rivages magnifiques du lac Kivu, dans ce vieux chalet en ruine…
    En outre, Gaël Faye, en artiste accompli, a su rythmer son récit en y incorporant fort judicieusement des moments musicaux intenses.
    En résumé, si la société rwandaise est encore une société de défiance, le chemin vers la réconciliation semble en bonne voie.
    J’ai lu et compris Jacaranda comme un désir d’avenir et de vie. À lire absolument !

    Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/09/gael-faye-jacaranda.html

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  • Quel écriture ! Et quel sujet... Le récit est à la fois dur et bouleversant, mais l'écriture fluide et poétique permet une certaine distance. Il y a une sobriété pleine de sagesse qui rend ce livre encore plus singulier. Un livre que l'on oublie pas.

    Quel écriture ! Et quel sujet... Le récit est à la fois dur et bouleversant, mais l'écriture fluide et poétique permet une certaine distance. Il y a une sobriété pleine de sagesse qui rend ce livre encore plus singulier. Un livre que l'on oublie pas.

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  • Le temps s’est écoulé bien vite depuis le succès de son précédent livre. Gael Faye poursuit son devoir de mémoire sur les massacres du Rwanda avec Jacaranda en cette rentrée littéraire.
    Ceux qui ont subi de tels traumatismes, veulent souvent oublier, c’est le cas de la mère de Milan, le héros...
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    Le temps s’est écoulé bien vite depuis le succès de son précédent livre. Gael Faye poursuit son devoir de mémoire sur les massacres du Rwanda avec Jacaranda en cette rentrée littéraire.
    Ceux qui ont subi de tels traumatismes, veulent souvent oublier, c’est le cas de la mère de Milan, le héros de ce nouveau roman. Mais lui, veut savoir, connaitre sa famille, ses racines, et les secrets de cette période.
    Peut-être qu’ainsi, il comprendra davantage la dureté de sa mère, l’éloignement de ses parents.
    Les personnages qu’il va croiser sont extrêmement touchants. Il y a de la vengeance, du repentir, des non-dits, des mensonges…mais au bout du compte, beaucoup de respect et de compassion.
    Je crois que j’ai préféré ce roman pour cela…..les relations humaines, qui dictent nos vies
    Un très joli récit à découvrir sans attendre

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  • Dans la veine de son premier roman Petit pays qui, voilà huit ans, propulsait ce musicien et rappeur franco-rwandais sur le devant de la scène littéraire, Gaël Faye nourrit une nouvelle trame romanesque des dramatiques expériences de sa famille maternelle. Si Petit pays parlait d’une enfance,...
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    Dans la veine de son premier roman Petit pays qui, voilà huit ans, propulsait ce musicien et rappeur franco-rwandais sur le devant de la scène littéraire, Gaël Faye nourrit une nouvelle trame romanesque des dramatiques expériences de sa famille maternelle. Si Petit pays parlait d’une enfance, comme la sienne expatriée au Burundi après les premières vagues de persécutions des Tutsis au Rwanda en 1959, mais là aussi rattrapée par la guerre civile et ethnique qui y éclate en 1993, Jacaranda raconte les efforts d’un jeune homme versaillais, de père français et de mère rwandaise, pour reconstituer, malgré le silence familial, le parcours tragique des siens. Etagé sur quatre générations, le récit dessine en transparence le dernier siècle de l’histoire du Rwanda, des racines coloniales du génocide jusqu’à ses conséquences aujourd’hui, alors que le pays tente douloureusement de se reconstruire.

    En 1994, Milan le narrateur a douze ans et se heurte sans comprendre au mutisme de sa mère qui, s’étant toujours soigneusement gardée d’évoquer son passé et son pays d’origine depuis son arrivée en France une vingtaine d’années plus tôt, se referme plus que jamais lorsque le génocide fait malgré tout effraction chez eux par le biais des médias. Dès lors et pendant ce qui durera une bonne partie de sa vie, Milan n’aura de cesse de comprendre les raisons du silence maternel. A mesure de ses séjours au Rwanda, le jeune homme passe progressivement d’une posture d’étranger que tout surprend, voire rebute, et qui lui vaut d’être traité en muzungu, autrement dit en Blanc malgré son teint métissé, à celle d’un véritable enfant du pays, aux attaches suffisamment puissantes pour qu’il n’ait plus envie de repartir et fasse sien le combat des habitants pour leur avenir.

    Tout en retenue dans sa simplicité sobre et fluide, le récit s’avère fort didactique dans sa manière d’expliciter, au travers de personnages d’une authenticité manifeste, les tenants et les aboutissants du génocide rwandais. Et c’est pour le lecteur une vraie remise à l’heure des pendules qui s’effectue au fil des pages, alors que, bien loin de la représentation généralisée par les médias d’une déflagration de violence ethnique irrationnelle et barbare, l’on découvre les responsabilités occidentales dans l’instrumentalisation, initiée de longue date à des fins coloniales et politiques, des ressentiments entre ethnies. Et puis, maintenant que le pays est retombé dans l’oubli médiatique, se pose pourtant la question de l’après. Comment se reconstruire dans ce qui est devenu, « et pour longtemps encore, une société de défiance » ? Montrant, à travers son personnage Stella, les terribles répercussions psychiques sur les nouvelles générations quand elles sont privées de mots, l’auteur, par ailleurs secrétaire du Collectif pour les parties civiles du Rwanda fondé par ses beaux-parents, s’attaque ici à la chape du silence, tandis que se succèdent les commémorations indispensables à la mémoire et que les juridictions gacaca spécialement créées dans l’esprit des tribunaux communautaires villageois s’efforcent de couper court à l’engrenage du sang et de la vengeance.

    Essentiel pour ce qu’il offre de compréhension intime du Rwanda et pour ce qu’il brise de silence, si pernicieux pour la résilience des nouvelles générations, ce second roman, incroyablement lumineux et facile à lire malgré l’extrême sensibilité de son sujet, mérite indéniablement le même succès que le multi-récompensé Petit Pays. Coup de coeur.

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    • annie-france belaval le 04/09/2024 à 19h59

      En fait Gaël parle de son enfance au Petit Pays qui est le Burundi: sa mère a fui le Rwanda mais la violence atteint le Burundi et surtout la mère repart au Rwanda au moment du génocide car sa famille a été massacrée. C'était autobiographique alors qu'ici, il s'agit d'une fiction mais qui évoque l'histoire du Rwanda sur 4 générations et l'état actuel avec toujours la peur: il y a toujours des génocidaires massés à la frontière avec le Congo mais aussi le désir de s'inventer un futur: la population est très jeune, par la force des choses: les aînés sont morts. On parle de rapprochement, de réconciliation voire de pardon...d'ailleurs tous les Hutus n'étaient pas génocidaires.
      L'écriture est simple, agréable, souvent poétique; elle nous fait partager la beauté des paysages et décrit avec pudeur les atrocités. Milan veut comprendre pourquoi sa mère ne parle jamais de ses origines...c'est Stella qui va raconter grâce à ce que lui a appris son arrière grand-mère Rosalie.

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  • Trente ans après le génocide des Tutsis et huit ans après « Petit pays », son premier roman, Gaël Faye sort « Jacaranda » dont le Rwanda est de nouveau la toile de fond.
    C'est par les informations télévisées françaises que Milan, un petit métis de onze ans, apprend le massacre d'une partie de...
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    Trente ans après le génocide des Tutsis et huit ans après « Petit pays », son premier roman, Gaël Faye sort « Jacaranda » dont le Rwanda est de nouveau la toile de fond.
    C'est par les informations télévisées françaises que Milan, un petit métis de onze ans, apprend le massacre d'une partie de la population dans le pays où sa mère est née.
    De cette contrée « aux mille collines », le garçon ne sait rien. Sa mère ne l'évoque jamais, comme si elle avait fait « tabula rasa » de son passé. D'une manière générale, Venancia parle peu à son fils qui implore pourtant un signe de sa part.
    Le quasi-mutisme maternel se poursuit lorsqu'un petit garçon noir prénommé Claude fait irruption dans la famille.
    La mère présente comme étant son neveu cet enfant au crâne marqué d'une effrayante balafre. Lui aussi est un taiseux et ses nuits sont peuplées de cauchemars. Pourtant, un lien indéfectible se nouera entre les deux gamins.
    Malgré sa soif d'en savoir davantage sur ses origines, c'est sans entrain que Milan accompagne sa mère dans son pays natal où elle n'était pas revenue depuis vingt-cinq ans.
    Nous sommes en 1998 et, pour Milan, c'est le choc. La saleté, les odeurs, la poussière l'assaillent.
    Le bouleversement se poursuit lorsqu'il rencontre sa Mamie, incarnation « d'une filiation aux mille ramifications ».
    D'autres rencontres auront lieu avec des personnages forts qui lèveront peu à peu le voile sur les tourments du Rwanda dont il va appréhender la complexité et reconnaître que ce pays fait partie de ses racines au même titre que la France.
    On pense bien sûr à Tante Eusébie, l'exacte opposée de Venancia, qui a compris le pouvoir libératoire et consolateur de la parole.
    En élargissant la focale qui permet de passer de l'intime au général, Gaël Faye raconte un siècle d'histoire, rappelant la faute originelle des colons qui ont « inventé » des races pour mieux les opposer.
    Ce sont les prémices de l'ethnocide à venir.
    « Jacaranda » interroge aussi l'après-génocide : comment vivre auprès de ceux qui ont exterminé toute votre famille ? Pourquoi le traumatisme se transmet-il aux générations nées après 1994 ?
    Dans une écriture fluide qui n'occulte pas la violence des exactions commises par les Hutus, Gaël Faye, avec sensibilité, intelligence et justesse, participe à la compréhension du plus grand génocide du 20e siècle après la Shoah.

    EXTRAITS
    J'étais une attraction, le fruit étrange d'un tortueux arbre généalogique.
    Les civils ne savent pas que la paix n'est qu'une guerre suspendue.
    Tu sais, l'indicible ce n'est pas la violence du génocide, c'est la force des survivants à poursuivre leur existence malgré tout.

    http://papivore.net/litterature-francophone/critique-jacaranda-gael-faye-grasset/

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  • (Re) vivre ensemble

    « Tu sais, l’indicible ce n’est pas la violence du génocide, c’est la force des survivants à poursuivre leur existence malgré tout. »

    Quelles conséquences a eu le génocide sur les populations rwandaises ? Qui dit population dit génération, multiples générations. Qui dit...
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    (Re) vivre ensemble

    « Tu sais, l’indicible ce n’est pas la violence du génocide, c’est la force des survivants à poursuivre leur existence malgré tout. »

    Quelles conséquences a eu le génocide sur les populations rwandaises ? Qui dit population dit génération, multiples générations. Qui dit population implique indéniablement les civils, donc les familles.

    « J’étais perturbé, écrasé par la densité de l’histoire, la petite et la grande, celle de Claude et celle du Rwanda. Leurs douleurs me semblaient incurables. Dans quel marécage intérieur les gens de ce pays pouvaient-ils bien vivre ? »

    Le narrateur s’appelle Milan. Il est fils unique. Il a pourtant cru qu’il avait un petit frère avec Claude, le neveu que recueille sa mère. Mais celui-ci disparait presque aussi vite qu’il était apparu.

    « Stella continuait de me sourire et j’étais bouleversé. C’était comme si mon cœur s’élargissait et se gorgeait d’une douce chaleur. Entre les paroles d’accueil et d’amour de Tante Eusébie et cette enfant que je tenais dans mes mains, j’eus la sensation, l’espace d’un cillement, d’avoir trouvé une famille. »

    Et il y a Stella, « l’enfant de l’après fin du monde, la lueur dans sa nuit, la promesse d’un soleil nouveau. », Tante Eusébie…

    « L’alcool déliait le mal-être, adoucissait les souffrances. Si placides le jour, les gens devenaient déraisonnables la nuit venue, buvaient jusqu’à la folie, jusqu’à l’indécence, pour s’oublier, pour se fuir, pour s’échapper quelques heures de leur tête et de leur quotidien, pour écoper la tristesse et faire taire les souvenirs qui perturbaient leurs consciences. La conscience des bourreaux, la conscience des victimes. La conscience d’un peuple, inguérissables. »

    Milan s’interroge, Milan cherche à comprendre, Milan ne souhaite de compromis.
    Gael Faye illustre plus qu’il n’explique. C’est sobre mais dur, juste et bouleversant, émouvant.

    « Claude se cachait quelque part dans ces images que j’avais refoulées, qui appartenaient à une fiction cathodique, lointaine et désincarnée. Nous étions, mes parents et moi, à table à l’heure du diner, silencieux et détachés, comme indifférents à ses appels à l’aide provenant d’un monde qui n’était pas le nôtre. »

    Une écriture très dialoguée, littéraire et poétique, mais également ressemblant parfois à de l’oral. C’est doux et dur, c’est émouvant et rageant, c’est délicat et profond.
    Une myriade de personnages secondaires qui sont aussi exceptionnels pour le récit qu’inoubliables et marquants pour le lecteur.
    « Nous devons continuer à raconter ce qui s’est passé pour que cette histoire se transmette aux nouvelles générations et ne se reproduise jamais plus part. »

    De la noirceur, Gael Faye fait jaillir la lumière et célèbre la vie, l’humain.

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