Merci à Joëlle G, lectrice, pour son passionnant reportage
Merci à Joëlle G, lectrice, pour son passionnant reportage
Enfant métisse dans le quartier résidentiel de Bujumbura au Burundi, Gaby vit une jeunesse heureuse avec sa « bande de l’impasse ». Les pères de ces gamins sont pour la plupart des entrepreneurs ou des employés consulaires français et les mères, des réfugiées du Rwanda voisin.
Mais les conflits ethniques entre Tutsi et Hutu dépassent les frontières du Rwanda et lorsqu’éclatent les événements meurtriers de 1994, la vie de ces gamins va voler en éclat. A 12 ans, Gaby à la fois Tutsi et Français, est sorti brutalement de son innocence par la révélation du clivage qu’engendrent ses deux origines.
Au cœur de ce « Petit Pays » qu’est le Burundi, Gaël Faye nous immerge dans l’insouciance d’une vie d’enfant, avec ses joies éphémères, ses réflexions malicieuses et ses heures bien trop longues. Installés dans la carcasse d’une vieille voiture, buvant une bière chaude au « cabaret » ou barbotant dans une rivière à l’eau rouge, c’est toute une ambiance que l’auteur nous fait découvrir et l’imprégnation est tellement puissante, que l’on regarde vivre ces jeunes avec des étoiles pleins les yeux.
Et quand commence le massacre des Tutsis, c’est avec leur regard de gosses tombés dans l’âge adulte bien avant l’heure, que l’on perçoit toute l’incompréhension et le déchirement de ces enfants jusque là épargnés par une guerre ethnique qui les dépasse.
Un roman qui parle magnifiquement de l’enfance et de son innocence, et nous en arrache violemment avec la dure réalité d’un génocide sanglant.
Une révélation à lire absolument.
Comment peut-on vivre après un génocide ? Comment les Tutsis ont-il pu réussir à vivre en bon entente avec les Hutus ? Alors qu’ils étaient frères, soeurs, oncles, tantes, voisins et amis ? Entre bourreaux et victimes ? Comment vivre avec l’indicible ?
Milan vit avec ses parents en banlieue versaillaise. Son père est français et sa mère d’origine rwandaise. Mais personne ne parle pas de cette famille lointaine jusqu’au jour où Claude débarque chez ses parents, comme un petit frère, un lien se crée entre les 2 garçons. Loin d’imaginer ce qui a pu lui arriver, il est blessé à la tête, Milan le protège et s’interroge. Mais Claude repart aussi vite qu’il est arrivé, laissant un vide.
Puis les parents divorcent et le premier été, Venancia, sa mère, propose à Milan de l’accompagner au Rwanda.
La découverte est importante tant du côté de sa famille, celle d’avoir une mamie, que du côté de la vie bouillonnante et brouillonne de Kigali. Il y retrouve Claude, et une bande de jeunes dans un lieu de partage de culture et de fête , le palais, crée par un dénommé Sartre.
Après ce voyage, il n’aura de cesse de revenir au Rwanda pour comprendre, apprendre et y vivre, entre 1994 et 2020, plusieurs années séparent parfois ses voyages jusqu’à un séjour plus long. Côtoyant une jeunesse insouciante et pourtant traumatisée, il tisse des liens avec l’amie de sa mère, Eusebie et son bébé, Stella qui s’attache à Milan et avec les années, se confie a lui du haut de son Jacaranda.
Plusieurs autres rencontres humaines ont lieu qui rendent compte du long cheminement des rwandais pris dans un conflit qui dépasse la raison. Est-ce que se venger sera réparateur ?
Gaël Faye réussit à nous raconter l’indicible, les chapitres sur les 2 témoignages des tutsis sont effroyables mais nécessaires pour comprendre.
C’est aussi un livre sur l’histoire d’une famille, une mère qui ne veut pas parler à son fils, de ses origines.
C’est un livre qui nous parle d’un pays qui a connu le pire des génocides et de la force de vivre qui en découle. Car la vie continue malgré tout et c’est à peine croyable.
Bravo à l’auteur !
J'ai adoré Petit Pays, j'adore ses chansons et j'ai aussi adoré Jacaranda !
Tous les soirs je retrouvais ce roman, comme un bonbon, et pourtant il aborde le traumatisme inter-générationnel d'un génocide affreux.
A la fois dans la romance et le réel, nous sommes plongés dans les traces que laissent un massacre dans une vie, dans la vie de quelqu'un que nous pourrions croiser, n'import'où, sans même nous douter que...
Je trouve ce roman très proche de Madame Ba (Erik Orsenna).
Jacaranda prolonge l’histoire de « Petit pays » et nous plonge dans l’histoire du Rwanda et le génocide des Tutsis.
Gaël Faye raconte avec le cœur une fiction mêlée d’histoires vraies qui appartiennent à sa famille, son entourage. Car pour comprendre, il faut savoir que l’auteur est né d'une mère rwandaise et d’un père français. Il a choisi de vivre au Rwanda avec son épouse. Il est également membre du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), une association française qui poursuit les génocidaires réfugiés en France.
Jacaranda décrit sur vingt ans et quatre générations l’histoire d’un pays marqué par la colonisation et les tragédies qui ont débouché sur un génocide. Milan, le jeune héros du roman, est né en France. Il ne sait rien du pays natal de sa mère qui n’évoque jamais sa famille. Jusqu’à ce jour de 1994 où apparait Claude, un mystérieux cousin blessé à la tête.
Lorsque Milan accompagne sa mère au Rwanda où il fait la connaissance de sa grand-mère et retrouve Claude, il se sent étranger à ce pays dont il ne parle pas la langue, ne connait pas les coutumes. Mais, bientôt, son regard va changer et il décide de rester au Rwanda et partage la vie précaire de ses nouveaux amis.
Les yeux de Milan se dessillent tandis que le récit bascule vers l’histoire de la tragédie et des survivants. Le roman devient prétexte à mettre en scène des témoignages. A travers le narrateur, Gaël Faye tente d’expliquer les tentatives de réconciliation entre deux ethnies et la mise en place d’une justice du peuple. Il s’agit des tribunaux gacaca qui doivent permettre le pardon et la réconciliation.
« Jour de procès. Le tribunal Gacaca se tenait dans une clairière à l’herbe grasse, plantée d’eucalyptus, tout au bord de la route asphaltée, à quinze kilomètres de Kigali…Face à l’assemblée, une table centrale où devaient siéger les juges. A droite, le banc des plaignants sur lequel Claude était seul, concentré, les yeux fermés pour éviter le regard des deux prévenus qui lui faisaient face. »
A travers la fiction, Gaël Faye aborde de nombreux sujets comme la transmission familiale, les origines du génocide dans l’histoire coloniale du pays, la souffrance des survivants et les familles dispersées, les orphelins livrés à eux-mêmes. C’est cette histoire, souvent méconnue en France, que j’ai trouvé intéressante pour mieux comprendre le vécu de ces familles survivantes. Les différents témoignages sont effroyables et l’on comprend mieux pourquoi le pardon, la réconciliation et la résilience des victimes sont difficiles.
Par contre, j’ai beaucoup moins adhéré au parcours de Milan, ses rencontres. La candeur du narrateur peut parfois agacer, et les dialogues, nombreux, sont souvent verbeux.
J’ai le sentiment que Gaël Faye a écrit ce roman pour exorciser la haine et la souffrance. Il croit aux valeurs humaines, à la résilience et à la réconciliation d’un peuple et on a très envie d’y croire avec lui.
De ma lecture, plutôt que l’écriture qui n’a pas su me séduire, je retiens la force des témoignages qui m’ont touchée.
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