Deux romans en lice pour le Prix des lecteurs du Livre de Poche
Tonitruant, comme un sol de terre sèche foulé par les sabots d'un criollo. Il reste la poussière est de ces livres qui ne vous promettent rien, et qui vous donnent beaucoup. D'une mine presque douce, mais néanmoins affutée, Sandrine Collette raconte la...
Deux romans en lice pour le Prix des lecteurs du Livre de Poche
Sous la poussière, la plume
L’histoire de Madelaine se déroule, peut-être, au début du siècle dernier et, sans doute, dans un hameau perdu à l’oree d’une forêt…française ?
Madelaine, petite enfant sauvage capturée un jour par Rose, l’ancienne du hameau qui la recueille et l’apprivoise un peu avec l’aide de Bran. Puis elle est confiée à la famille d’Aelys, Eugène et leurs garçons. Pour eux l’équilibre est rompu mais ils l’acceptent, il faut se soumettre au destin. Se soumettre… telle est la vie de ces familles. Eugène s’épuise en débardant des troncs d’arbres, ses fils s’épuiseront à la terre, les femmes s’emploient aux innombrables corvées de la ferme. Et malgré le labeur incessant la misère règne. Pourtant nul sentiment de révolte ne les anime envers les maîtres tout-puissants, c’est ainsi, les maîtres ont chaud chez eux, mangent de la viande, collectent les taxes et ont droit de vie et de mort sur leurs fermiers.
Mais en Madelaine sourd cette révolte, Madelaine est fière, sanguine, elle est dangereuse pour cette famille qui l’a accueillie. Pourtant, après le drame, ils feront bloc et la protègeront.
C’est un récit sombre, difficile, lent comme la vie qui s’écoule au hameau, comme les saisons, comme ce perpétuel recommencement. Et la plume de l’auteur, l’usage particulier de la ponctuation, rythment cette existence. La Nature, la forêt, la terre, sont très présentes comme dans tous les romans de Sandrine Collette.
C’est un roman de terre, un roman sombre qui dépeint la résignation puis la révolte.
L’histoire des paysans autrefois. Madelaine a été trouvée et vit désormais dans une ferme où elle partage les travaux. Elle vit les petits bonheurs mais aussi le froid, la famine, le travail et la loi du Maître. La vie est rude, il y a des deuils, mais ils sont soudés, jusqu’au jour où Madelaine sera obligé de partir seule.
Bien écrit, l’atmosphère est pesante mais l’histoire, quoi que difficile est prenante.
J'ai découvert #Madelaineavantlaube grâce à #NetGalleyFrance et aux Éditions Audiolib, que je remercie pour cette découverte en version audio.
Voici un récit de campagne profonde, narré par le fidèle ami des habitants et habitantes du hameau de la Montée, qui démarre un peu avant l'arrivée de Madelaine. Cette dernière va tout bouleverser : enfant sauvage, elle fait semblant d'être domptée mais se rebelle contre les ordres établis.
Je trouvai le titre aussi poétique qu'intriguant, c'est ce qui m'a incitée à solliciter ce livre audio. Malheureusement, je n'ai pas réussi à accrocher. J'ai eu du mal à cerner le narrateur - me demandant trop souvent comment un "fidèle compagnon", plus canin qu'humain, pourrait nourrir de telles réflexions - sans réussir à y voir clair dans cette ambiance obscure, floue, terne et violente. Je ne suis pas adepte des "romans de terroir", dans lesquels je m'embourbe trop souvent ; ni des narrations trop progressives, que je trouve trop lentes. Malgré les qualités littéraires du roman, je n'ai donc pas réussi à m'impliquer dans cette lecture-écoute tout simplement parce que je ne suis pas "la bonne cible" de lectorat.
La voix du lecteur, Clément Bresson, est grave et agréable, mais un peu trop monotone à mon goût, tant dans la tonalité et que l'interprétation. La prononciation est presque trop parfaite, rendant parfois l'interprétation placide (peut-être à l'image du narrateur ?). Malgré ses qualités, le lecteur n'a pas réussi à retenir mon attention sur la durée...
Décidément, je suis sur une série d'abandon... c'est triste, mais ça arrive...
#Madelaineavantlaube #NetGalleyFrance
Madelaine avant l'aube de Sandrine Colette est un conte pour adulte sur la révolte, l'amour et l'espérance. Servi par un style si exceptionnel, ce roman plonge au coeur d'une paysannerie rude et ancestrale où la nature est omniprésente, tantôt soutenante tantôt rebutante, comme une force à dompter mais qui reste souvent indomptable !
Au coeur d'un village, hors espace, Les Montées, bordé d'une rivière Basilic qui isole, vivent des habitants des fermes, hors temps déterminé. Tout semble installer depuis longtemps, avec des habitants sans envie, sans révolte, acceptant toute la charge de travail demandée par le seigneur du lieu à qui appartiennent les terres. Ce ne sont pas qu'uniquement les bras que la seigneurie exploite, ce sont aussi le sexe des femmes et leur ventre que le fils s'octroie allégrement selon son humeur.
Sandrine Colette décrit un monde hostile où la faim, et même la famine, est coutumière malgré le travail acharné des hommes. Elle décrit parfaitement l'impossibilité à penser tant la précarité, mot trop actuel mais si juste, prend tout l'espace des pensées.
Chez Ambre et Léon, l'ivrogne, dans leur maison, il n'y a pas d'enfant. Eugène et Aelis, la jumelle d'Ambre, ont trois fils, Germain et Artaud et le petit dernier Mayeuil, né après, entre deux enfants morts nés.
Puis, débarque Madelaine, « une fille de faim », projetée sur les routes, affamée, ses parents certainement morts de la famine. Son histoire fait qu'elle ne connaît pas, ou plus, la peur et qu'elle porte son histoire de violence. Ambre décide, malgré la petitesse de leur vie, de l'adopter. Plus jamais, la vie ne sera comme avant !
De petites rébellions en petites infractions au code de leurs vies, Madelaine va faire bouger un petit peu le cadre de leurs vies, jusqu'au point de non-retour.
Que dire de plus que toutes les critiques, avis et présentations déjà parus ! Car, ils sont nombreux ceux qui qualifient souvent ce roman de parfaitement réussi. Et, ils ont raison !
Sandrine Colette propose un conte où la nature, végétale et animale, occupe le monde comme des êtres d'émotions et de réflexions. Son univers imaginaire, pourtant éloigné du nôtre, porte la même désespérante et la même soumission. Alors, on se prend à guetter l'arrivée d'une autre Madelaine, plus sauvage moins éduquée que d'autres, pour faire bouger les lignes mêmes de façons infimes.
Cette nature, Sandrine Colette, avec ses onze romans, l'a choisi en vivant au milieu de son Morvan sauvage. Elle reprend dans ce conte, l'histoire de nos soumissions, à des maîtres mais aussi à la nature qui gouverne encore et toujours nos vies. Son écriture est comme toujours sublime, travaillée, tout simplement juste, explosant de puissance ou se lovant de douceur.
Encore, un excellent roman !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/11/02/madelaine-avant-laube-rl2024/
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