Carole Martinez, auteur, jurée du Prix Orange du Livre 2017
Prix Goncourt des lycéens 2011 pour son roman très remarqué, Du domaine des murmures, Carole Martinez répond à l'interview exclusif Lecteurs, "autour d'un verre" au café des Editeurs à Paris. [[video]] Du domaine des...
La parole des auteurs vous présente le second roman de Carole Martinez "Du domaine des Murmures" (éditions Gallimard). Après le très grand succès de son premier roman "La coeur cousu" qui a été de nombreuses fois récompensé, Carole...
Carole Martinez, auteur, jurée du Prix Orange du Livre 2017
La Revue de Presse littéraire de mai
Prix Goncourt des lycéens 2011 pour son roman très remarqué, Du domaine des murmures, Carole Martinez répond à l'interview exclusif Lecteurs, "autour d'un verre" au café des Editeurs à Paris.
Découvrez l'interview de Carole Martinez qui nous parle de son second roman.
Carole Martinez a un véritable pouvoir sur moi qui se vérifie à chaque nouveau livre. Elle possède le don de m’envoûter avec des histoires qui éveillent mon cerveau cartésien.
Dans « Dors ton sommeil de brute », la formule de l’autrice reste inchangée. Elle fixe son aventure dans le réel et y parsème une poignée de surnaturel. Les actrices et les acteurs de son drame sont confrontés à des évènements incroyables qu’ils vont essayer de comprendre et de maîtriser. Par le biais du fantastique, elle triture la nature humaine en le confrontant à des obstacles qui la dépassent. La catastrophe approchant, les caractères entrent en jeu, les instincts prennent le dessus et l’Homme se révèle.
Le récit est rythmé sur les rêves des enfants. Au cœur des chapitres, les points de vue se répondent, sans transition. Chaque personnage est traité différemment dans la forme du texte. On les suit à la première, à la deuxième ou à la troisième personne selon le narrateur. Cette manière originale de raconter permet d’appréhender les évènements sous divers angles.
A travers cette dystopie, l’écrivaine semble vouloir passer des messages sur l’écologie et sur l’état de notre monde. Elle fait appel à l’amour et à la solidarité afin de revenir aux essentiels et tenter de reprendre le contrôle. Sa plume somptueuse, emprunte de poésie, m’a entrainé dans son univers. Sans résistance, j’ai laissé ma rationalité au vestiaire et j’ai plongé la tête la première dans ce futur enchanté et diabolique. En traitant notre avenir par le prisme de l’environnement, elle frappe fort les esprits.
Une fois encore, le talent de Carole Martinez a réussi à me déstabiliser et à m’ensorceler. Je ne saurais donc que trop vous conseillez de lâcher la bride et de vous laisser envouter par cette aventure au pays des rêves maudits !
https://leslivresdek79.wordpress.com/2024/11/18/976-carole-martinez-dors-ton-sommeil-de-brute/
Carole Martinez a emprunté son titre au poème de Baudelaire « Le goût du néant ». On peut imaginer que Serge, ce géant étrange et taiseux, est ce « morne esprit, autrefois amoureux de la lutte ». Solitaire et malheureux, il vit dans la nature sauvage Camarguaise. C’est là qu’il croise Eva et sa fille Lucie, venues se réfugier dans ce coin perdu pour fuir la violence d’un mari et d’un père.
Ce roman aurait pu s’intituler « Du domaine de l’enfance » car ce sont eux, les enfants, qui sont au cœur de ces fléaux qui secouent le monde.
Ce pourrait être une énième histoire d’amour, de famille et de deuil, mais voilà que le surnaturel surgit lorsque les enfants du monde entier poussent un cri gigantesque au milieu de leur sommeil, et ce cri se propage « à la ¬vitesse de la rotation terrestre ». Quel mystère se cache derrière ce phénomène étrange ? Eva, neurologue spécialiste du sommeil, ne comprend pas. Tout ce qu’elle veut, c’est protéger sa fille de la violence du père et du monde. La petite Lucie, qui a apprivoisé le géant solitaire, vit au rythme de la nature, élève trois oisons, tandis que d’autres phénomènes étranges surviennent durant le sommeil des enfants qui font d’étranges rêves racontés avec beaucoup de poésie.
« Nous n’errons pas en traînant nos vieux corps amaigris dans le labyrinthe de nos vies, notre peau est lumineuse et, par ce cordon qui nous lie à la Terre, les sensations affluent durant notre sommeil. Dans nos rêves, la Terre nous alimente de ses humeurs, nous ressentons ce qu’elle ressent. »
Quel est donc ce monde parallèle dans lequel s’engouffrent les enfants durant leur sommeil, provoquant d’étranges comportements. Aucun n’est épargné. Les éléments se déchainent, provoquant la panique à bord des avions en vol.
« La planète est de nouveau traversée par un rêve collectif. Cette fois, le songe des enfants souffle la tempête »
Le lecteur avance à tâtons, rien ne lui est épargné. Chaque évènement est plus terrible que le précédent, et, malgré toutes les hypothèses, personne ne sait comment mettre fin à ces catastrophes climatiques.
Carole Martinez nous plonge dans l’inconnu et l’effroi. Seule la lumineuse Lucie semble suivre son destin avec confiance. Elle communie avec la nature, saura-t-elle vaincre tous ces dangers qui menacent sa vie et celle de milliers d’enfants ?
L’auteure joue avec nos nerfs, mêlant la réalité brute au surnaturel. Est-on dans un conte, avons -nous franchis la ligne invisible d’un monde surnaturel ? Nous avançons à tâtons, rien ne nous est épargné des cataclysmes qui ressemblent à ceux des dix plaies d’Egypte décrites dans l’Ancien testament.
Ce roman onirique et mystique nous balade entre monde réel et rêves. L’enfance y est très présente, comme si l’enfant seul pouvait transmettre un message aux hommes oublieux de la nature.
On retrouve avec plaisir la plume poétique et sensuelle de Carole Martinez dans ce roman déconcertant et fascinant.
Un titre magnifique qui laissait présager un univers de poésie et de rêveries audacieuses. Et c'est bien ce que l'on ressent en lisant le dernier roman de Carole Martinez, se laisser aller comme l'enfant qui imagine son petit monde et s'y aventure. J'ai parfois été bousculée par un souffle romanesque trop intense, ou même par ce foisonnement d'idées propre à l'auteure. Ce roman se mérite, il exige de nous une réelle attention mais également le courage de ne pas voir les choses de manière étroite, de ne pas se limiter à ce qui est visible. Se permettre d'aller un peu plus loin, dans un onirique à notre portée, à condition d'oser être soi.
Je découvre Carole Martinez par le biais de son dernier roman de la rentrée littéraire « Dors ton sommeil de brute ». Gros coup de cœur pour ce roman, que l’on pourrait définir comme un conte écologique, teinté d’onirisme et de merveilleux.
Dame Nature est à bout, l’humain la méprise, la souille, la tue à petit feu. Elle veut se rebeller, se faire entendre, elle va prendre comme cible les enfants, des âmes pures, quel meilleur vecteur pour peser sur les parents et les faire réfléchir. Les esprits de la nature profitent de la nuit pour infiltrer les rêves des enfants, interagir avec eux, voire les instrumentaliser.
Eva et la petite Lucie, 8 ans, ont fui Paris pour échapper à la violence de Pierre. Ce dernier n’admet pas la déliquescence de son couple et se venge sur Lucie. Elles trouvent refuge, dans une maison de gardian au bord de l’étang de Vaccarès en Camargue. Un petit paradis pour se reconstruire, d’autant plus qu’elles font la connaissance de Serge, un géant roux, un dur au cœur d’ange, au passé douloureux. Si attachant, qu’il n’a aucun mal à devenir un père et un mari de substitution.
Mais, une nuit, Lucie pousse un long cri pendant son sommeil, repris par tous les enfants de la planète. Comme une onde se propageant d’est en ouest à partir d’une longitude sur laquelle se situe le petit nid de nos fugitives. D’autres nuits suivront où le sommeil des enfants provoquera divers événements qui semblent correspondre et dans la même chronologie aux « dix plaies d’Egypte », dix châtiments que Dieu inflige à l’Egypte en exigeant que Pharaon laisse partir les Hébreux qu’il maintient en captivité.
Un roman très bien articulé, entre un récit à plusieurs voix et les rêves des enfants qui maintiennent le suspense jusqu’au bout. J’ai particulièrement aimé la description des rêves qui permet à Carole Martinez d’exprimer toute la virtuosité de sa plume, du soyeux, du velours. Laissons Kevin, 8 ans de Houston aux USA, nous en raconter un :
« Nous comptons les moutons et nous nous endormons. Mauvais petits bergers ! Nous sommes tellement heureux, assoupis dans l’étable ou dans la bergerie, que nous rêvons dans notre rêve… Nous nous rêvons vaches, nous sommes du troupeau. La Terre est un grand tout… Tranquilles, nous broutons, Nos yeux paisibles ont une douceur de soie. Nous broutons. Longtemps, nos bergers, nos vachers ont été des enfants. Le soir ils nous comptent toujours, mais ça n’aide pas à s’endormir, de nous compter dans le noir, de nous compter sans nous voir …Nous sommes des milliers, des dizaines de milliers, serrées les unes contre les autres dans des fermes automates à ne plus connaître ni le goût ni le parfum de l’herbe. Nous broutons dans nos têtes sans bergers, ni vachers. Nous absorbons ce que l’on nous donne, des corn flakes, des fonds de cuves de brasserie, des rebuts de frites industrielles ou de confiserie. Pourtant, nous sommes des ruminants, nous aimons l’herbe fraiche. Nous sommes toujours paisibles et d’une douceur de soie et nous rêvons de nos prés perdus. Sans trop pouvoir bouger, nous engraissons, comme engraissent les enfants humains enfermés dans le ciel de leur écran. Plus d’horizon ni pour eux, ni pour nous. Bientôt, la vache ne sera plus au pré que dans leurs livres d’images. Pauvres petits bergers coupés de leur troupeau ! »
Bien sûr, le monde réagira, entre les bons qui chercheront une solution pour endiguer cette suite infernale et les méchants qui n’auront de cesse de trouver le « porte rêve », l’enfant par qui tout se déclenche, pour l’exterminer. Car la dernière prophétie effraye, elle entrainera la mort de tous les premiers nés de chaque famille.
Vraiment de la belle ouvrage, je ne serai pas étonné que ce livre soit couronné d’un prix littéraire.
Chaleureux remerciements aux Editions Gallimard pour cette lecture prenante.
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