Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Rentrée littéraire : Les âmes féroces- Marie Vingtras. Eds de l'Olivier
Ma chronique : Imaginez un village de 4000 âmes dans le Middle West américain, portant le joli nom de Mercy. En anglais cela signifie "miséricorde". Donc c'est un village où les habitants éprouvent de la compassion pour autrui. Un village où le malheur n'existe pas, où il ne se passe jamais rien de grave. Mais cette harmonie n'est qu'apparence jusqu'au jour où Léo, jeune fille plutôt sage et effacée, est retrouvée gisant au bord du fleuve.
Je découvre la plume talentueuse de cette jeune auteure française, grande admiratrice de Russell Banks. Si le premier chapitre s'ouvre comme un polar vous comprendrez vite qu'il s'agit plutôt d'un roman social assez sombre à la construction minutieuse..
Elle peint la bassesse de l'âme humaine, le goût du pouvoir, le mépris de classe, et surtout l'indifférence face à ceux qui ont mal joué, brisés par les fractures sociales de notre époque.
L'intrigue se déroule durant une année autour de quatre personnages qui, en quatre monologues, un par saison, chacun alternant entre passé et présent, font tomber les masques et les non-dits.
- Printemps : Lauren, femme shérif, le personnage le plus droit de cette histoire, critiquée parce que femme policier et moquée parce que lesbienne, persévère dans cette enquête inhabituelle.
- Été : Benjamin, le séduisant professeur de français, tout droit arrivé de New-York, auteur d'un roman à succès, fait craquer le cœur de ses jolies élèves. A trente ans, il préfère les toutes jeunes filles. Pourquoi ce fils de bonne famille a atterri dans ce trou perdu ? Bien sûr c'est le coupable idéal. Mais a-t-il cédé à la tentation ?
- Automne : Emmy, l'ex-meilleure amie de Léo, se découvre. Elle est assez détestable ( Ses parents le sont tout autant !) fille à papa, jalouse, intrigante auprès du beau professeur et surtout une fieffée manipulatrice. A t-elle des raisons à ce mal être ? Peut-être ! Elle avait déjà fugué à 8 ans.
- Hiver : Seth, le père de Léo, emmuré dans sa solitude, nous conte son passé. Il a tout perdu, victime de la crise des subprimes. Sa belle italienne, la mère de Léo est partie chercher le bonheur ailleurs, les abandonnant tous les deux. La douleur de ce père est palpable.
Au fur et à mesure des récits, le lecteur entrevoit l'implication de chacun dans ce drame.
Oui la férocité est bien présente. Le dénouement est particulièrement bouleversant. Magnifique !
J'ai beaucoup aimé cette lecture. La construction narrative est impeccablement ficelée et permet au roman d'osciller entre enquête policière et introspection psychologique.
Le choix du découpage des chapitres est excellent. Tout est bien équilibré, ce qui permet une lecture dynamique et une grande addictivité.
Le roman se découpe donc en 4 chapitres correspondants aux 4 saisons et à 4 voix.
Léo, adolescente de 17 ans, est retrouvée morte le 26 avril 2017 dans la petite ville sans histoire de Mercy. Sous cette apparente quiétude se cachent des âmes en prise avec leurs secrets et leur culpabilité.
Le roman s'ouvre donc sur le printemps et nous faisons connaissance avec Lauren Hobler, femme shérif de 35 ans en couple avec Janis. Arrive l'été où nous avons le point de vue de Benjamin Chapman, professeur de français de Léo. Puis c'est au tour d'Emmy Ellis de s'exprimer alors que vient l'automne. Adolescente en colère, elle était la meilleure amie de Léo. Mais depuis quelques temps les 2 jeunes filles s'étaient éloignées l'une de l'autre. Enfin la dernière personne à prendre la parole est Seth Jenkins, le père de la victime. L'hiver s'est installé au dehors mais aussi dans le cœur de cet homme qui a tout perdu.
L'intrigue avance progressivement. Chaque personnage évoque sa relation avec Léo. Jusqu'au dénouement final, on s'interroge sur l'identité du meurtrier mais pas que. L'autrice nous plonge dans l'Amérique profonde et ses travers. Chacun des personnages n'est pas tendre avec lui-même et a conscience de ses défauts, de ce qui peut faire du mal ou causer du tort à autrui. On rentre vraiment dans leurs pensées intimes.
J'ai été plongé dans chaque récit. Le roman était captivant du début à la fin. C'est d'autant plus réussi que l'on passe d'un point de vue à un autre avec une extrême fluidité.
Le prologue est magnifiquement écrit. Il peut détonner du reste du roman. Mais une fois celui-ci terminé tout s'éclaire.
Avec ce second roman, Marie Vingtras affine son style d'écriture. J'ai relevé plusieurs très belles phrases. Par ses mots bien choisis et leur force d'évocation, je me suis retrouvée à Mercy.
"Blizzard" était très réussi, "Les âmes féroces" l'est tout autant. Je vous le recommande chaudement.
Marie Vingtras resserre son histoire, plus ou moins policière, avec la découverte du cadavre de Léo une jeune fille, en faisant se succéder quatre saisons avec quatre narrateurs différents, aux personnalités marquées, qui jouent des rôles spécifiques, posant notamment la problématique des enchevêtrements de responsabilités, tout en développant des histoires personnelles dans cette Amérique profonde : le shérif est une femme, qui plus est homosexuelle ; Benjamin est une « pièce rapportée » et subit les intérêts de jeunes filles dont il est le prof ; l’amie de la victime s’avère avoir une certaine perversité ; et Seth, le père, à une trajectoire de vie brisée (sur le plan professionnel avec un surendettement dont il ne se sortira pas) et cabossée (sur le plan affectif) … comme les voitures qu’il réparait comme garagiste.
Comme il s’agit d’une certaine façon (aussi) d’un thriller, il ne faut pas trop en dire pour laisser le lecteur s’immerger dans cette histoire américaine, mais pas que.
Avocate de profession, Marie Vingtras aime les huis clos vénéneux où, bien à l’abri des regards, la férocité des âmes macère. Trois ans après son très remarqué premier roman Blizzard, cette passionnée de littérature américaine quitte les rudesses de l’Alaska pour les civilités d’une petite ville quelque part ailleurs aux Etats-Unis. A l’image de son climat plus tempéré, cette bourgade semble couler des jours paisibles. C’est que, en apparence moins brutal, le mal s’y fait plus insidieux.
Tout commence un jour pourtant comme les autres, lorsque le corps de Leo, une jeune fille sans histoire, est retrouvé en bordure de rivière et que l’autopsie conclut à un assassinat. A Mercy où tout le monde se connaît et où il ne se passe jamais rien, un trouble crispé s’installe. La nouvelle shérif Lauren Hobler, qui plus est l’objet de réticences mal voilées car non seulement femme mais aussi homosexuelle, patine dans une enquête peinant à percer les façades bien proprettes de la ville. Mais voilà que surgit un coupable idéal, Benjamin Chapman, un professeur de français dont on découvre à cette occasion qu’il est venu s’enterrer à Mercy suite à des accusations de détournement de mineure.
Comme dans Blizzard, quatre personnages mènent tour à tour le récit dans une succession de points de vue s’éclairant mutuellement. Découpé ainsi en quatre parties, le récit avance le temps de quatre saisons pour autant d’ambiances et de styles de narration. Au printemps du drame, la shérif en est aux questionnements et aux incertitudes : « c’était sans doute ce que les gens recherchaient ici, vivre à l’abri des regards, mais je n’étais plus tout à fait sûre que ce soit sain ». L’été vient accabler le professeur de tout le poids de ses culpabilités. L’automne déverse les révélations de celle qui, autrefois la meilleure amie de Leo, s’est peu à peu, par jalousie, muée en manipulatrice perverse, les failles et les zones d’ombre ne manquant pas dans le secret des personnalités entourant les jeunes filles. Enfin, l’hiver resserre ses griffes sur la douleur du père de Leo, jusqu’au dénouement, terrible et glaçant. Dans cette histoire, rien au final ne s‘avère ni blanc ni noir, alors que sous le vernis lisse de la tranquillité et de la respectabilité pourrissent en secret petitesses, rancoeurs et vilenies.
Maîtresse en tension et en suspense, Marie Vingtras l’est tout autant des descentes en profondeur dans l’âme humaine, dans ces replis cachés sous les apparences les plus tranquilles et ordinaires. Sous l’être social se dissimule bien des complexités et qui s’aventure en société est loin d’imaginer les invisibles courants qui font et défont les relations humaines, et parfois les vies et les réputations. « Avec le genre humain, on n’est jamais sûr de rien. »
Un second roman lui aussi très réussi, aussi addictif que crédible, pour un tableau marécageux des hypocrisies de la société américaine et de l’âme humaine.
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