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De la fin du XVe siècle à 1769, Bastia a été la cité capitale de la Corse génoise. Ce livre, dont le premier volume, des origines à 1652, paraît aujourd'hui, révèle les conditions historiques mais aussi économiques et sociales, voire culturelles de la domination bastiaise sur l'île. Une domination paradoxale : Bastia n'est pas à l'origine le premier choix des Génois ; elle a un site médiocre, elle est soumise au libecciu et ne dispose pas durant longtemps d'un port abrité. Pour expliquer l'installation du gouverneur dans ce lieu, il faut s'en remettre à la vision économique du temps : « Placée entre les plages pauvres d'habitants mais riches de grains et le Cap Corse très peuplé mais sans grain, Bastia sera toujours l'entrepôt où les marchands recevront tout l'argent que les Cap Corsins tirent de la vente de leur vin en Terre ferme pour le prêter ensuite aux cultivateurs des plages. C'est le plus gros et le meilleur commerce du Royaume, il assure l'existence de Bastia... ». De fait un système fiscal particulier est à l'origine du développement économique de la ville dont un signe évident est constitué par l'existence des monuments : le Palais des Gouverneurs, les églises et couvents de la ville, les maisons des notables...
Mais Bastia ne serait rien sans les Bastiais, qui ont montré tout au long de l'histoire de la ville leurs capacités entrepreneuriales : dans le domaine commercial en s'appropriant une partie de la flotte cap corsine, dans la production industrielle, le fer et le cuir surtout, dans la finance. La présence du gouverneur dans leurs murs a permis aussi le développement d'une administration qui a généré nombre d'hommes de loi. Bastia donnée dans les textes comme un « préside » c'est-à-dire une ville fermée à son environnement, est en fait tout le contraire. Elle est le symbole en Corse de la ville moderne ouverte et le produit d'un brassage où la part insulaire est considérable, même si la domination sur son environnement proche crée des rapports conflictuels avec l'intérieur de l'île et une forme de « patriotisme bastiais ».
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