"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avril 1940. Louise, trente ans, court, nue, sur le boulevard du Montparnasse. Pour comprendre la scène tragique qu'elle vient de vivre, elle devra plonger dans la folie d'une période sans équivalent dans l'histoire, où la France tout entière, saisie par la panique, sombre dans le chaos, faisant émerger les héros et les salauds, les menteurs et les lâches... Et quelques hommes de bonne volonté.
Il fallait toute la verve et la générosité d'un chroniqueur hors pair des passions françaises pour saisir la grandeur et la décadence d'un peuple broyé par les circonstances. Secret de famille, grands personnages, puissance du récit, rebondissements, burlesque et tragique... Le talent de Pierre Lemaitre, prix Goncourt pour Au revoir là-haut, est à son sommet dans ce dernier volet de la trilogie Les Enfants du désastre.
Une fois encore, Pierre Lemaitre donne par sa voix vie à ses personnages, avec un talent qui lui a valu déjà deux Coups de Coeur de l'Académie Charles Cros.
Miroir de nos peines est le dernier tome de la trilogie Les enfants du désastre de Pierre Lemaitre. Je présente ce bouquin mais en vérité il n'en a pas besoin, c'est le roman que tous les lecteurs dignes de ce nom se doivent d'avoir lu. Et ces lecteurs dignes de ce nom ont bien sûr lu auparavant Au revoir là-haut et Couleurs de l'incendie. C'est comme un passage obligé pour faire partie du club des lecteurs dignes de ce nom. Mais en lectrice indigne de ce nom, j'ai sauté les deux premiers tomes pour arriver directement au dernier, non par choix mais par obligation puisque Miroir de nos peines fait partie des pré-sélectionnés du Prix Audiolib 2020.
Soyons tout à fait honnête, je n'avais pas envie de lire ce roman pas plus que ses aînés. La faute aux résumés qui situaient l'action à une époque que je ne peux plus voir en lecture. J'ai trop lu de romans sur les deux guerres mondiales et l'entre-deux, je suis arrivée à saturation, je n'ai plus envie de ça aujourd'hui. J'en étais là de ma réflexion un peu bas de plafond, je le concède, quand j'ai démarré l'écoute de Miroir de nos peines. Forcément au manque d'envie s'est ajoutée l'inquiétude d'être perdue dans cette histoire dans la mesure où il me manquait la locomotive et le premier wagon auxquels me raccrocher. Mais ma crainte s'est finalement vite envolée, chaque livre peut se lire indépendamment des autres sans qu'on avoir le sentiment d'y perdre quelque chose.
J'ai donc fini par me lancer et par écouter enfin Lemaitre lire Lemaitre et contre toute attente je suis tombée sous le charme de l'auteur autant que du narrateur.
J'ai aimé le style de l'auteur, à la fois vivant et visuel, cinématographique même. J'ai aimé cette narration omnisciente qui sait se faire complice de son lecteur à travers des clins d'œil appuyés, des expressions fleuries et des petites boutades dont on devient rapidement friand.
J'ai aimé le timbre de voix du narrateur. Il m'a rappelé celui de mon vieil instit de cours élémentaire. Je l'ai trouvé totalement en phase avec le charme désuet du récit. Tel un conteur d'histoire sorti tout droit de notre enfance, Pierre Lemaitre sait donner corps et vie à ses personnages par le choix des mots et expressions d'antan tout autant que par l'intonation théâtrale qu'il utilise pour lire les dialogues. Rarement fond et forme n'ont été aussi parfaitement réunis dans un livre audio, sans aucun anachronisme. Tout paraît bien à sa place, bien dans son époque.
J'ai fini pourtant cette lecture déçue. Déçue car je n'ai pas réussi à rester concentrée tout du long. J'ai suivi avec beaucoup de facilité l'intrigue principale autour du personnage de Louise mais mon esprit s'est mis à divaguer à chaque fois que l'histoire prenait des chemins de traverse. La petite histoire dans la grande, celle de Raoul en parallèle de celle de Louise, je ne l'ai saisie que tardivement, manquant de fait toutes les subtilités de l'histoire. Mais ça n'est finalement pas très grave car cette lecture audio m'a appris deux choses :
1. Je suis encore capable d'apprécier des romans sur la première moitié du XXe siècle, quand ils sont aussi bons que celui-ci. Je vais donc pouvoir rattraper mon retard et lire sans plus aucune appréhension les deux premiers tomes de cette trilogie.
2. Je ne suis peut-être pas une lectrice digne de ce nom mais Lemaitre, lui, est sans aucun doute un auteur digne d'être lu.
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