"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Comment, dans la France occupée de 1942, un poème de résistance a-t-il pu circuler, à la barbe des censeurs de Vichy et des forces de répression ? Comment, par le pouvoir d'un mot, a-t-il réussi à rendre l'espoir à un peuple alors à genoux ?
Et par le pouvoir d'un mot raconte " Liberté " de Paul Eluard, ou l'histoire d'un poème devenu mythique : d'abord paru en revue à Alger, puis dans Poésie et Vérité 1942 à Paris, repris dans La France libre à Londres, largué par les avions de la Royal Air Force en 1943, traduit et adapté en musique, il deviendra emblématique de la Résistance, et sans doute l'un des textes les plus célèbres du XXe siècle.
C'est souvent la petite histoire qui fait la grande, et, levant le voile de la légende, Xavier Donzelli revient, dans ce roman choral, sur les femmes et les hommes qui ont porté ces mots si simples, si puissants et universels qu'ils pouvaient parler à tous.
Liberté fait partie de ces poèmes qui me fascinent. Et je dois dire que forcément, j'étais conquise d'avance par l'argument de ce premier roman. Un roman polyphonique qui aborde la genèse de cette œuvre, sa réception ainsi que sa transmission. Un roman qui retrace aussi tout un pan de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale et de ces avions anglais qui balançaient des tracts dans certaines régions françaises. Reproductions par exemple de Liberté ou du Silence de la Mer de Vercors.
Au fil des pages, on croise donc bien évidemment Paul Eluard dans ses nombreuses haltes en France mais aussi à Paris dans cet appartement dont Nusch tente de faire un cocon. Mais il y a aussi des aviateurs, Raymond Aron, Lee Miller, Roland Penrose, la France libre, la Main à plume, des collaborationnistes, Vercors, Max-Pol Fouchet, Cicéro...Et c'est peut-être là justement que réside mon bémol sur ce livre: ce trop grand foisonnement de personnages qui, même s'il témoigne de la richesse de la vie intellectuelle, de la résistance poétique et artistique, m'a un perdue. J'aurais aimé je crois que tout soit recentré sur quelques-uns seulement. Sans pour autant que cela ne nuise à la documentation de cet ouvrage.
J'ai adoré en apprendre plus sur cette partie de la Seconde Guerre mondiale que je connaissais à peine. Tout comme j'ai beaucoup aimé la manière dont sont incarnés certains des protagonistes. Eluard, Nusch ou Max-Pol Fouchet en tête.
Bref, vous l'aurez compris : un roman très intéressant et qui m'a donné envie de lire ou de relire Eluard. A commencer par Liberté ou Couvre-feu, ce poème si cher à mon cœur.
Avec ses recherches effectuées au départ pour un futur article pour Historia, Xavier Donzelli les convertit en premier roman, agréable, accessible et très documenté pour présenter le contexte historique et culturel de la création du poème Liberté de Paul Eluard, reconnu rapidement comme une ode à la résistance.
Ce poème itératif et aphoristique, composé de quatrains de même longueur, avec des vers qui commencent par le même mot avait été composé pour décrire l’obsession de l’amour du poète, Paul Eluard, pour une femme, sa femme, et devait se terminer par son prénom, Nusch.
Brins de présentation
Seulement, en cet été 42, au moment où les inconsciences des débuts de la guerre sont oubliées depuis longtemps, est venu le temps des restrictions et trouver des clopinettes à manger. La vie est faite de rafles, d’arrestations arbitraires et des amis qui s’en vont, arrêtés et envoyés on ne sait où ! Alors, Paul Eluard, alors en grande difficulté pour écrire, reprend son poème d’amour, lui donne le titre de Une seule pensée qui deviendra plus tard Liberté à la sortie du recueil Poésie et vérité 1942 et le transforme en combat clandestin contre l’occupant.
Xavier Donzelli raconte le quotidien du poète, allégé par la jeunesse et le soutien de Nusch jusqu’en août 1944. Donné à Max Pol Fouchet de passage à Paris, le poème devra passer la censure pour être inséré dans la revue Fontaine éditée à Alger.
Xavier Donzelli, habilement, décrit toutes les étapes de la destinée exceptionnel de ce poème que les enfants apprennent encore à l’école en mélangeant des scènes reconstruites et des documents d’archives. Son récit est vivant, animé et construit autour de plusieurs protagonistes montrant avec simplicité ce quotidien de cette année 42 dans le milieu intellectuel français.
Et la suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/05/01/xavier-donzelli-et-par-le-pouvoir-dun-mot/
Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Ces derniers mots de « Liberté » ont toujours été pour moi parmi les plus beaux et les plus percutants de la poésie française. Il faut dire que j’aime infiniment Paul Éluard, en particulier pour ses poèmes d’amour, inspirées par les trois femmes de sa vie. Parmi elles, Nusch qui est, avec Éluard lui-même, une des protagonistes de cette page d’histoire qu’est Et par le pouvoir d’un mot. Avec ce roman foisonnant et extrêmement documenté, Xavier Donzelli retrace le parcours d’un des poèmes français les plus connus et les plus engagés, de sa création à sa diffusion. L’arrière-plan historique est dépeint par l’intermédiaire des hommes et des femmes qui nous sont présentés tour à tour. Au départ, le Paris occupé de 1942, et la composition, par Paul Éluard, d’un long poème qu’il écrit initialement pour la femme qu’il aime, Nusch, sa muse, son nom figurant d’ailleurs à la fin. Puis, le déplacement du sujet, lié au contexte historique, le poème amoureux devenant poème de circonstance, et les nombreuses réflexions liées au titre : le mot « Liberté » étant à lui seul un acte de résistance, c’est au départ « Une seule pensée » qui est envisagé. Et, au-delà du poème, d’Éluard et de Nusch, les autres héros de cette histoire, grands noms de la résistance française, passionnés, investis, indéfectibles soutiens ou partenaires plus réservés quant à la faisabilité de l’opération : Max-Pol Fouchet, Louis Parrot, Lee Miller, Roland Penrose, ou encore Vercors, le fondateur des Editions de Minuit. Le poème passe de main en main, il est publié dans le recueil clandestin Poésie et vérité 1942 – Xavier Donzelli ne manque pas de rappeler à quel point la présence de la date dans le titre est essentielle – et dans de nombreuses revues françaises et étrangères grâce à tous ceux qui ont choisi de ne pas se taire et de lutter par les mots, puis il est confié aux jeunes pilotes de la Royal Air Force, sous forme de tracts qui seront parachutés sur les maquis des résistants. Tout cela donne un roman d’une richesse incroyable sur un sujet qui reste, à ma connaissance, assez peu exploité en littérature. C’est un bel hommage rendu à Éluard, à son poème, mais également à tous ces hommes et toutes ces femmes qui ont gravité autour d’eux et ont rendu possible cet acte de résistance. Bravo à Xavier Donzelli qui signe là son premier roman.
Le poème "Liberté" de Paul Éluard est un texte que j'ai appris à l'école et que j'ai tout de suite beaucoup aimé. Lorsque je l'ai lu la première fois, j'ai cru qu'il s'adressait à un être aimé, une femme ou un homme. Je trouvais que les phrases correspondaient bien, lorsqu'on est amoureux, on a envie d'écrire le nom de l'être aimé partout. Quand j'ai découvert, arrivée à la fin du poème, qu'en fait le texte était adressé à la liberté, je me suis dit que c'était très bien trouvé. Car quand on reprend le contexte historique de l'écriture du poème, on comprend que la liberté était une chose très précieuse et que l'on pouvait l'aimer autant qu'un être humain, et avoir envie de l'écrire partout pour la revendiquer face à l'ennemi.
J'ai donc tout de suite été très intéressée par ce roman de Xavier Donzelli. C'est son premier roman, et c'est une réussite. Il nous raconte l'histoire vraie de ce poème, de sa genèse, à son écriture et à sa diffusion. Paul Éluard l'a écrit en 1942, en pleine seconde guerre mondiale. Et on comprend alors le poids que les mots peuvent avoir. Ce poème porteur d'espoir a circulé pendant l'occupation, et on se demande comment Paul Éluard a fait. C'est tout ce chemin que va retracer Xavier Donzelli. Ce poème va être tout d'abord publié dans un recueil clandestin, puis dans des revues publiées par la résistance, il va même être parachuté sous forme de tract par l'aviation anglaise au dessus de l'ouest de la France. C'est inimaginable de voir tout le chemin que ce texte de vingt et un quatrains a pu faire, et le monde qu'il a pu toucher. Et aussi se rendre compte du danger qu'ont pris certains hommes pour le publier ou le distribuer.
Ce poème est le héros de ce livre, où le lecteur rencontre aussi de grands noms de l'histoire et de la résistance française, des éditeurs, on y croise d'ailleurs Pierre Seghers. Picasso, Lee Miller, le peintre Cicero Dias, et bien sûr Nusch, la femme de Paul Éluard. On les voit tous évoluer, prendre position, certains vont soutenir Paul Éluard et lui fermer la porte au nez ensuite. Ce poème a sûrement pris une dimension que son auteur ne soupçonnait même pas. Il est d'ailleurs tellement encore d'actualité. Malheureusement, je rajouterais, car c'est triste de voir encore des guerres et des peuples s'entre-déchirer. Je crois que les humains n'arrêteront jamais de se battre, et que la liberté de pensée et d'agir sera toujours remise en question. C'est un poème Intemporel, qui traverse les générations.
Ce livre est très instructif. J'ai appris beaucoup de choses, j'ai pourtant lu pas mal de livres sur la guerre, la résistance, mais celui-ci prend une toute autre dimension de par son origine poétique. Xavier Donzelli a dû faire un travail énorme en amont pour avoir un récit aussi complet, précis dans les actes, dans les personnages, dans les lieux. C'est très agréable à lire. L'auteur a su rendre son phrasé et son vocabulaire accessibles à tout le monde, ce livre se lit comme un roman d'aventures. Il y a beaucoup de rebondissements, des évènements auxquels on ne s'attend pas, du suspense. Il est une source de faits historiques, d'anecdotes et de potins littéraires. Il est très accessible, la plume et le style très fluide de l'auteur font que cela se lit tout seul, au fil des pages et des chapitres. Ceux-ci ont des titres qui reprennent des vers du poème, j'ai trouvé cela très bien fait. La lecture se fait avec une certaine avidité, j'avais envie de savoir, comme si je lisais un policier.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre, où la poésie est la trame, et est très bien retranscrite par Xavier Donzelli. Je me suis régalée, j'ai appris plein de choses tout en me divertissant, j'aime quand la lecture a ce double rôle. L'objet livre est en plus très beau avec cette couverture qui est la reproduction d'une photo de Paul Éluard faite par Henri Cartier-Bresson, à la fin de la guerre en 1944, il se tient au balcon de son appartement rue de la Chapelle à Paris, et regarde la vie reprendre dans la rue. Cela m'a donné envie de relire d'autres textes de cet auteur, comme "Capitale de la douleur" par exemple. La poésie fait tellement travailler l'imaginaire, chacun interprète les mots à sa façon, selon notre humeur du moment ou son histoire personnelle. Je crois que je vais en lire plus.. d'ailleurs, j'ai "Lettres de jeunesse" dans ma bibliothèque, je vais le lire petit à petit, pour mieux le savourer.
En attendant, je ne peux que vous conseiller ce livre de Xavier Donzelli afin d'en apprendre plus sur l'histoire du poème "Liberté" qui est étroitement lié à notre Histoire. Si vous ne connaissez pas Paul Éluard, cela vous permettra de le découvrir, et si vous le connaissez, c'est un bon moyen de parfaire vos connaissances sur cet auteur.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !