"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Partant de son enfance dans le Mississippi, passée aux côtés d'une mère brillante mais compliquée, Kiese Laymon retrace les événements et les relations qui l'ont façonné. De ses premières expériences de violence et de racisme jusqu'à son arrivée à New York en tant que jeune universitaire, il évoque avec une sincérité poignante et désarmante son rapport au poids, au sexe et au jeu, mais aussi à l'écriture. En explorant son histoire personnelle, Kiese Laymon questionne en écho la société américaine ; les conséquences d'une enfance passée dans un pays obsédé par le progrès mais incapable de se remettre en question.
Récit intime qui met en lumière les échecs d'un pays, Balèze est un formidable acte de défi et de courage.
J'ai beaucoup aimé ce récit très intime, j'ai voulu en savoir plus sur son auteur Kiese Laymon.
Kiese est professeur d'anglais et d'écriture créative à l'université du Mississippi.
Dans ces ouvrages il décrit la condition des noirs américains dans les États du sud, mais pas seulement, il met aussi les pieds dans le plat du machisme afro-américain : double peine pour la femme noire, victime des hommes et du racisme.
En toile de fond de ce livre, la nourriture et le jeu qui ont également une emprise certaine sur la vie de sa famille.
Comment élève-t-on un enfant dans ces conditions-là ?
Kiese nous parle de sa relation à sa mère : si elle a réussi à s'élever socialement (c'est une femme très cultivée) c'est aussi une mère extrêmement dure (une discipline stricte qui l'amènera pourtant à l'écriture créative !) qui apprend à son fils à être plus "fort" vis-à-vis des blancs en le battant…
C'est également une femme instable financièrement qui dilapide son argent au casino et se fourvoie dans des relations amoureuses malsaines.
Kiese doit ainsi affronter la violence de sa mère, la violence des hommes noirs autour (beaux-pères, jeunes de son âge) et tout cela finit par se reporter sur son poids : l'addiction à la nourriture est un phénomène de société auquel il n'échappe pas, il pousse le curseur jusqu'à cette obésité morbide sur le fil de sa vie…
Un poids aussi lourd que la société autour : car l'homme noir de ce poids-là fait peur ! L'image qu'il renvoie véhicule de fausses informations sur ce qu'il est vraiment (cela entre forcément en résonnance avec les récentes actualités...)
Je ne vous en dévoile pas plus, je vous laisse découvrir cet excellent livre ! N'hésitez pas à m'en faire le retour si vous l'avez lu ou allez le découvrir…
En découvrant le résumé je m’attendais à lire un témoignage sur la condition des noirs américains vivant dans les États du Sud des États-Unis.
Ce livre se rapproche plutôt d’une autobiographie, voire d’une longue lettre écrite par l’auteur à l’intention de sa mère afin d’exprimer toues les choses qu’il n’a pas pu lui dire en face au cours des longues années de son enfance puis de son adolescence.
Vivant avec une mère célibataire complètement obnubilée par sa carrière de scientifique, Kiese est très tôt livré à lui même et confronté à toutes les violences possibles – drogue, racisme, violences sexuelles, violences physiques.
A la violence de la société dans laquelle il gravite s’ajoute la violence de sa mère qui ne lui épargne rien allant de la violence physique jusqu’à violence et la maltraitance psychique.
Car bien qu’elle soit une intellectuelle brillante et reconnue dans son milieu elle n’est pas moins addict au jeux avec toutes les conséquences que cela implique.
Kiese, qui enfant bénéficie rarement d’un repas digne de ce nom, pèse à douze ans plus de cent kilos.
La rage et le désespoir qui s’emparent de lui lorsqu’une fois de plus il est confronté à la stigmatisation et aux discriminations seront aussi celles qui le pousseront à trouver l’énergie dont il aura besoin pour s’en sortir.
Mais que valent ses efforts au regard d’une société remplie de préjugés ?
Constamment renvoyé à son passé, dans quelle mesure peut-il lui échapper ?
Balèze
TheWind a apprécié votre critique
Balèze de Kiese Laymon
°°° Rentrée littéraire 2020 # 28 °°°
« Je te rappellerai que je ne t'ai pas écrit ce livre uniquement parce que tu es une femme noire, ni parce que tu es née dans le Sud profond, ni parce que tu m'as appris à lire et à écrire. Je t'ai écrit ce livre parce que, même si nous nous sommes fait du mal comme le font parents et enfants en Amérique, tu as fait ton possible pour t'assurer que le pays et notre Etat ne meurtrissent pas leurs rejetons les plus vulnérables. Je te dirai qu'à cause des Blancs et du pouvoir blanc, je me suis souvent senti dégoutant, criminel, en colère et effrayé quand j'étais petit, mais qu'ils n'ont jamais réussi à me donner le sentiment d'être incapable intellectuellement, parce que je suis ton fils. »
Kiese Laymon expose sa vie avec une introspection surprenante pour livrer un récit autobiographique très original qui parvient à faire réfléchir sur l'état de la société américaine en se penchant sur une histoire intime traumatique.
Balèze. Comme le poids de la violence qui marque une relation d'une rare complexité avec sa mère. Une femme férocement intellectuelle, politologue militante et universitaire qui conçoit l'éducation comme un isolant social qui empêcherait son fils d'être victime de la violence raciale. Mais aussi une mère qui bastonne son fils croyant l'élever ainsi à l'excellence. C'est à elle qu'il s'adresse durant tout son récit.
Balèze. Comme le poids des violences raciales, omniprésentes dans le Mississippi où grandit Kiese Laymon, du racisme latent à ces formes les plus visibles, de ce racisme insidieux qui s'insère dans les pores d'un adolescent noir qui craint de sortir d'une voiture la nuit pour ne pas effrayer une blanche qui passe par là.
Balèze. Comme son poids. 104 kg à 13ans, une obésité qui enfle, un corps qu'il punit à s'empiffrer pour taire sa souffrance, parce que c'est facile et que ça fait du bien. Un corps noir endolori réceptacle de toute la souffrance raciale, sociale et familiale.
Il n'y a pas une page qui ne révèle l'intellect perçant de cet auteur américain pour éclairer les échecs nationaux de l'Amérique contemporaine et dire ce que c'est de grandir pauvre et noir dans une société dominée par les blancs, sous le regard des blancs. le texte crépite d'intelligence et d'authenticité, animé par une langue très vivante et cadencée qui décharge à intervalle régulier de l'émotion.
Et le miracle est là : au-delà de la noirceur des thèmes, de la chronique d'un quotidien assailli par le racisme, la violence familiale et l'obsession de la minceur, c'est la profonde humanité d'un texte porteur d'amour et de lumière qu'on retient. Celui d'un garçon qui a lutté pour se réaliser et devenir homme et écrivain. Puissant
C Est une femme noire titulaire d un doctorat qui parle à son fils, elle veut que son anglais soit parfait , qu il travaille toujours plus. L elevant seule , elle n est pas avare de coups de ceinture pour le lui rappeler
en plus de sa condition noir au missiissipi, Kiese doit composer avec son obesité, ses addictions et contradictions multiples
dans ce roman qu il écrit a sa mere , il raconte a force de phrases percutantes son parcours chaotique , de la boulimie a l anorexie, avec un detour a l aloccol
apres les émeutes suite au meurtre d un afro-américain papr un policier, Baleze nous rappelle que le chemin est long vers l émancipation. Dans une société encore raciale, le conditionnement intellectuel du peuple noir est encore tres pregnant
Balèze, il est balèze ce livre ;
balèze également son auteur, et pas seulement pour son poids et sa corpulence !
Balèze de m'avoir fait entrer, moi femme blanche sénior dans le corps, la tête, les jambes d'un jeune noir obèse dès son plus jeune age ;
oh bien sur, je n'ai pas tout compris, je n'ai pas vécu sa vie, mais j'ai entre aperçu ce qu'était qu’être noir aux USA, comment la défiance et la méfiance envers les blancs s'explique,et vice et versa.
Obèse pour se protéger des coups, de sa mère d’abord, qui frappe pour l’endurcir, cette mère universitaire de haut vol qui l’entraîne à écrire et écrire sans fin pour éviter les tentations habituelles des noirs ; Pour se protéger de toutes sortes d'agressions, verbales, sexuelles dès son plus jeune age, pour se blinder.
Les études pour grimper l'échelle sociale, et il grimpe bien Kiese, il gagne ses galons d'universitaire également malgré ses addictions diverses, la bouffe, le jeu, l'anorexie, le sport, retombe avant de se reprendre.
Il connaît la vie, il sait mais ne peut transmettre à ses étudiants, il doit avoir une explication avec sa mère, elle aussi addict, ils doivent se parler mais en fait
Il lui écrit cette lettre, ce roman pour éclaircir certains points et lui gueuler son amour, pour la remercier malgré tout !
Un livre poignant, percutant et choquant. Soufflons un peu !
Merci à netgalley
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