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Au cours des 25 dernières années, lorsque les présidents latino-américains au pouvoir ont aspiré à se faire réélire, ils y sont toujours arrivés à moins que leur pays ne connaisse une débâcle économique. Entre 1994 et 2018, dans les 18 démocraties qui composent l'ensemble appelé « Amérique latine », il y a eu 22 tentatives de réélection présidentielle immédiate dont 21 furent couronnées de succès. La seule exception à cette tendance électorale s'est présentée en République Dominicaine en 2004, lorsque le président HIPÓLITO MEJÍA a perdu la réélection car son pays était plongé dans une profonde crise économique. L'interprétation de ces données indique que l'autorisation de la réélection présidentielle consécutive a annulé dans la région la compétitivité électorale, qui est une des conditions fondamentales pour que la démocratie puisse exister. En construisant une base de données intégrant les résultats des élections présidentielles qui se sont tenues en Amérique latine entre 1953 et 2018 (162 observations), nous avons évalué l'impact causal de l'autorisation de la réélection présidentielle immédiate, ainsi qu'une autre série de variables politiques et économiques, sur le résultat des élections. L'analyse statistique inférentielle fournit de solides preuves que la réélection détériore la qualité démocratique et que le bon état de l'économie accentue la différence avec laquelle le scrutin est remporté (théorie du vote économique). La principale cause de ce phénomène antidémocratique est l'abus du pouvoir présidentiel à des fins électorales, qui fait du chef d'État qui aspire à être réélu un candidat invincible à cause des ressources exorbitantes dont il dispose pour manipuler le résultat des élections. On peut en outre constater une corrélation entre autorisation de la réélection présidentielle immédiate et détérioration progressive de la qualité de la démocratie au cours des deuxièmes et troisièmes mandats du même président, selon le « Electoral Democracy Index ». En définitive, la réélection présidentielle immédiate en Amérique Latine constitue un poison pour la démocratie qu'il convient de proscrire de manière renforcée dans les textes constitutionnels, par le biais de clauses immuables qui puissent garantir l'alternance dans l'exercice du pouvoir présidentiel.
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