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On n'est jamais au bout de l'écriture. On essaye, par les mots, de retrouver la magie des sensations. Les mots n'ont pas de limite mais la sensation est encore plus riche que le mot. Alors il faut retravailler, refaire, toucher encore plus profond, voilà le travail de l'écrivain car la littérature n'est jamais finie. Gao Xingjian, prix Nobel de littérature 2000, a déjà quitté la Chine en tant qu'auteur mis sur la liste noire lorsqu'il écrit « La fuite ». Elle lui vaudra cependant le fait d'être déclaré persona non grata. Suite au massacre de la place Tienanmen, il héberge, à Paris, trois réfugiés : deux hommes et une femme: « ils sont restés chez moi pendant un mois et ils hurlaient, criaient, cassaient des objets dans l'appartement, ils faisaient l'amour n'importe quand, n'importe où, je n'en pouvais plus » me dit- il lors d'un de nos rendez-vous. La pièce naît d'une rencontre avec une jeune fille qui étudie le chinois. Elle l'encourage à écrire cette histoire. Ils enregistrent alors sur cassette ce qui deviendra « La fuite ». Ma rencontre avec Gao fut le point de départ d'un travail autour de sa pièce qu'il m'encouragea à mettre en scène. Point de départ d'une amitié inattendue.
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