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Deux femmes, deux déesses

Couverture du livre « Deux femmes, deux déesses » de Rhea Galanaki aux éditions Cambourakis
Résumé:

Après "L'Ultime Humiliation", "Éléni, ou personne" et "La Vie d'Ismaïl Férik Pacha", Rhéa Galanaki, l'une des grandes voix de la littérature grecque contemporaine, puise à nouveau dans l'histoire de la Grèce moderne et antique pour brosser deux portraits éminemment féministes de femmes, d'une... Voir plus

Après "L'Ultime Humiliation", "Éléni, ou personne" et "La Vie d'Ismaïl Férik Pacha", Rhéa Galanaki, l'une des grandes voix de la littérature grecque contemporaine, puise à nouveau dans l'histoire de la Grèce moderne et antique pour brosser deux portraits éminemment féministes de femmes, d'une grande finesse psychologique et d'une étonnante actualité, dans un livre construit comme un diptyque.

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Avis (1)

  • Ce qu’on retient du passé nous vient toujours des vainqueurs. Ce sont eux qui façonnent les histoires, eux qui amènent leurs versions jusqu’à nous, “nous les passants, les adorateurs des temps d’après.” Rhéa Galanaki choisit de tirer un autre fil en racontant le point de vue des oubliés, des...
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    Ce qu’on retient du passé nous vient toujours des vainqueurs. Ce sont eux qui façonnent les histoires, eux qui amènent leurs versions jusqu’à nous, “nous les passants, les adorateurs des temps d’après.” Rhéa Galanaki choisit de tirer un autre fil en racontant le point de vue des oubliés, des délaissés, des incompris.

    Dans le premier des deux récits qui composent ce livre, c’est Ariane, “la prêtresse de tous les fils et de leurs secrets de tissage”, qui reprend la main sur son histoire. Abandonnée par Thésée, son amant d’un soir, elle refuse de se soumettre à “ce banal destin de femme.” Contrairement à ce que les livres prétendent sur ce héros grec, elle soupçonne Thésée d’avoir tout manigancé : son arrivée à Cnossos parmi les jeunes Athéniens offerts en tribut à la cité de son père le roi Minos, sa rencontre avec Ariane lors d’une danse où il joue l’amoureux, son triomphe face au Minotaure, son pauvre frère, son monstre de frère, grâce à une pelote de fil et une couronne d’or, son oubli malencontreux de hisser les voiles blanches lors de son retour à Athènes, le suicide de son père, son accès au trône. Elle, qui a hérité de “quelque chose des ténèbres dédaléennes” des générations précédentes, récupère ici son rôle, sa victoire à elle.

    Le second récit s’intéresse à Yannoulis Halépas, un des plus célèbres sculpteurs de la Grèce du XXe siècle. Derrière lui, il laisse des œuvres en marbre comme la magnifique Dormeuse, en plâtre comme la géniale Tête de satyre, en argile comme l’Athéna bergère - “elle était, en même temps qu’une déesse, une villageoise.” Le narrateur, qui écrit à la deuxième personne du pluriel, s’adresse à cet homme ombrageux : “Vous avez fini par être vainqueur. Un vainqueur en lambeaux, certes, mais vous avez pu continuer.” Car Halépas a passé de nombreuses années enfermé, interné à l’asile de Corfou, loin de sa famille, loin de sa vie, loin de son art. Mais dès sa sortie, malgré les crises de nerf et les sculptures en miette, il dessine, il taille, il crée. “Vous tâchiez de recoller les morceaux de votre vie, d’en reprendre le fil, et de retrouver la lumière.” Avec l’ardeur d’un survivant.

    Rhéa Galanaki nous offre “des histoires qui mêlent les mortels et les dieux, les amours et les meurtres, les changements dans les affaires du ciel ou sur les trônes terrestres.” Deux récits distincts et distants, précieusement tissés ou sculptés.

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