Un douloureux passage à l'âge adulte, entre sensibilité et horreur...
Aucun résumé n'est disponible pour cet ouvrage actuellement...
Chine, 1469.
Tan Yunxian a huit ans lorsqu’elle quitte sa maison natale de Laizhou pour aller vivre chez ses grands-parents paternels, à Wuxi. Issue d’une prestigieuse famille chinoise, la fillette, aux pieds bandés, a été éduquée dans le strict respect du confucianisme. Mais en intégrant la Lumière d’or, Yunxian découvre la médecine. Grand-père Tan est un médecin réputé et il en est de même de grand-mère Ru, spécialiste des maladies féminines, qui, malgré leurs différences de condition sociale et les tabous qui entourent son métier, l’encourage à se lier d’amitié avec Meiling, la fille d’une sage-femme.
A quinze ans, selon la tradition, Yunxian épouse Maoren et s’installe chez les Yang, au Jardin des délices parfumés. Sous l’inflexible férule de Dame Kuo, sa belle-mère, l’adolescente doit abandonner la médecine. Une femme doit savoir broder, composer des poèmes et enfanter un fils, en aucun cas elle ne peut travailler. Mais Yunxian s’obstine et continue secrètement à prodiguer ses soins aux femmes qui l’entourent. Associée à Meiling, elle deviendra une femme médecin dont la réputation atteindra même la Cité interdite.
De sa plume ensorcelante et addictive, Lisa See ressuscite Dame Tan Yunxian, l’une des grandes oubliées de l’Histoire. Oubliée malgré sa contribution essentielle à la médecine traditionnelle chinoise, malgré Divers récits d’une doctoresse, le traité qu’elle a laissé à la postérité, malgré les avancées qu’elle a permis dans les soins d’obstétriques et gynécologiques.
L’autrice nous fait entrer dans le cercle de cette grande dame et nous plonge dans les traditions et croyances de la Chine du XVè siècle. Et quel bain de culture ! Entre bienveillance et coups bas, science et superstition, poésie et cruauté, opulence et misère, c’est tout un art de vivre qui nous est conté. Dans cette société régie par le confucianisme où une fille obéit à son père, à son mari, puis à son fils, Yunxian n’est pas une rebelle. C’est par la douceur et la force de sa volonté qu’elle impose ses vues, par la qualité des soins apportés aux parturientes qu’elle finit par se rallier les plus récalcitrantes, par son respect des traditions qu’elle établit sa réputation, par sa fidélité en amitié qu’elle apparaît comme une bonne personne.
Quel courage que celui de ce petit bout de femme chancelante sur ses pieds bandés ! Pratiquer la médecine est une lutte constante contre les hommes médecins soucieux de leurs prérogatives, contre les préjugés, contre les tabous et aussi contre son rang qui lui interdit d’entrer en contact avec le sang, qui voudrait l’empêcher de soigner les femmes du peuple. Yunxian défend ses convictions dans le monde poétique et très codé de la médecine chinoise, féminine en particulier.
Il y aurait tant à dire sur ce merveilleux roman qui évoque aussi la condition des femmes, qu’elles soient sage-femmes, ouvrières, paysannes, concubines, épouses, filles, mères, impératrices, ainsi que la solidarité, l’amitié entre elles, mais aussi les manigances, les rivalités, les jalousies. Une immersion totale dans cette Chine mystérieuse et fascinante. Un grand roman.
Nous sommes en Chine, en 1469. Yunxian (huit ans) vit dans la région de Beijing auprès de sa mère (Dame Respectable) de la concubine de son père (Demoiselle Zhao) et du fils de cette dernière son demi-frère Yifeng. Les deux frères de Yunxian, qui auraient aujourd’hui douze et dix ans, sont morts le même jour il y a cinq années de cela, de la variole. Yunxian est encore dans la période des « jours des dents de lait » (qui se termine à quinze ans) date à laquelle elle sera mariée à Maoren, son fiancé actuellement âgé de neuf ans …
Les pied de Yunxian sont bandés et la font souffrir, mais pour l’instant ils ne sentent pas mauvais comme ceux de Dame Respectable. Seules les servantes (telle que Perle, qui est à ses petits soins) ont de grands pieds, pour leur plus grande honte … (Ce qui nous semble, bien évidemment, un sacré avantage !) Lorsqu’elle atteindra enfin les « jours d’épingles à cheveux », elle partira vivre dans la maison de Maoren et – comme il est coutume – il lui faudra obéir à sa belle-mère. Les femmes de haute lignée sont strictement éduquées dans l’optique de devenir de parfaites esclaves au service de leurs maris … Dame Respectable se meurt à vingt-huit ans, d’une septicémie, provoquée par l’infection mal soignée d’un de ses pieds bandés. À l’époque, en Chine, une fillette sur dix mourait, dans les deux ans suivant le premier bandage …
Envoyée chez Grand-mère Ru et Grand-père Tan (ses grands-parents paternels) tous deux lui enseigneront la médecine chinoise. Et c’est auprès de Sage-femme Shi et de sa fillette Meiling (huit ans) qui deviendra sa meilleure amie, que la petite Yunxian commencera son (long) apprentissage, qui fera d’elle un médecin. Mais le chemin sera parsemé d’embûches avant qu’elle soit enfin acceptée en tant que telle, dans ce monde réservé aux hommes …
Un merveilleux roman – aussi passionnant qu’enrichissant – qui éclaire les lecteurs sur le yin et le yang, les us et coutumes médicales (encore archaïques mais déjà assez brillantes) de l’époque, le poids des traditions … Doublé d’une petite « enquête policière ». C’est bien écrit, percutant, pertinent ! Un beau coup de coeur qui nous tient en haleine !
Un grand merci à la Masse Critique Privilégiée de Babelio et aux Éditions Albin Michel pour cette belle découverte !
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
Un douloureux passage à l'âge adulte, entre sensibilité et horreur...
Blanche vient de perdre son mari, Pierre, son autre elle-même. Un jour, elle rencontre Jules, un vieil homme amoureux des fleurs...
Des idées de lecture pour ce début d'année !
Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !