"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une nuit au Louvre ....
Mon rêve !
Avoir le musée pour moi toute seule et profiter des salle désertées de ce lieu splendide rempli de merveilles glanées, achetées ou reçues en cadeau depuis des siècles ...
Jakuta Alikavazovic a eu la chance de passer la nuit du 7 au 8 mars 2020 dans ce lieu magnifique.
Elle en a tiré ce récit qui mêle souvenirs d'enfance : son père, immigré yougoslave l'emmenait souvent visiter les collections du Musée et l'a même un jour laissée sous la garde de la Venus de Milo !
Souvenirs sombres des derniers jours au pays natal, souvenirs émus d'un père fantasque qui tenait aux apparences, souvenirs joyeux d'une petite fille et nuit magique où l'enfant retrouvée enchaîné des glissades pieds nus entre les statues ...
Un récit tendre et affectueux avec, en leitmotiv, cette question du père : "Comment t'y prendrais tu pour voler. la Joconde ?"
Un regret : ne pas avoir su quelle trace Jakuta a laissé dans le musée ..
Serait-il tendance de passer la nuit dans un musée ? Après Leila Slimani et son séjour nocturne dans un musée vénitien, c’est Jakuta Alikavazovic qui prend le relais en choisissant cette fois le Louvre.
A partir de quelques œuvres choisies en raison de ce qu’elles représentent dans l’imaginaire de l’auteur, et des représentations issues de ce que ces oeuvres signifiaient pour son père, l’auteur revient sur son enfance, celle d’une fillette réfugiée, dont l’institutrice affirma qu’elle ne parlerait jamais le français ! Belle revanche, des années plus tard, que l’obtention d’un Goncourt du premier roman !
Les souvenirs affluent donc, dressant le portrait du père, esthète et voleur, une sorte de gentleman cambrioleur …
Mais au-delà de cet hommage, se cachent les motivations de cet enfermement volontaire : et la petite phrase qui revient :
« Et toi, comment tu t’y prendrais, pour voler la Joconde ? », occasion pour l’auteur de revenir sur ce fait divers du début du vingtième siècle, qui fut une des raisons du futur succès de cette oeuvre de de Vinci.
Mais il faudra attendre les dernières pages pour en savoir plus ….
Hormis les qualités de conteuse de Jakuta Alikavazovic, et ce bel hommage à son père, j’ai trouvé assez peu d’intérêt au récit, d’autant que Le parfum des fleurs la nuit avait déjà utilisé le même procédé pour évoquer des souvenirs d’enfance.
Paul est pauvre, il est veilleur de nuit à l’hôtel Elisse. Amélia est riche, son père est propriétaire de la chaine d’hôtels où travaille Paul. Ils sont étudiants et vont s’aimer.
La mère d’Amélia, Nadia, est morte durant le conflit en Yougoslavie. Amélia va quitter Paul qui en sera très malheureux. Elle partira à Sarajevo sur les traces de sa mère. Elle reviendra après plusieurs années et retournera vers Paul. Ils vivront ensemble, ils auront une fille (Louise) que Paul finalement élèvera seul. À son tour Louise cherchera sa mère à Sarajevo.
De longues phrases incompréhensibles : il m’est arrivé de les lire à haute voix afin d’en saisir le sens … Une écriture froide, journalistique … Je n’ai aimé ni la forme, ni le fond …
C'est sur les bancs de l'université que Paul va rencontrer Amélia. Il vient d'un milieu modeste, elle vient d'un milieu aisé.
Il finance ses études en travaillant comme gardien de nuit dans un hôtel, elle habite dans l'hôtel qui appartient à son père.
Il est très difficile de résumer l'histoire avec ce simple point de départ, car ce roman va vous plonger dans un univers trouble, une atmosphère fascinante. Découpé en trois chapitres, parfaitement équilibrés, le récit se déroule sur plusieurs années, suivant les traces de l'amour entre Paul et Amélia, sur leurs corps, leurs peurs, leurs angoisses.
Tout part du style de l'auteur. Dès les premières phrases il y a une forme d'hypnose qui se crée entre le texte et le lecteur. Il ne s'agit alors plus tant de poursuivre l'intrigue que de se laisser submerger par l'écriture magnifique de Jakuta Alikavazovic. Pages après pages, on est simplement ébloui par la qualité narrative maîtrisée. Un style au service d'une histoire, on touche là à l'essence même d'un roman .
Alors, il y'a bien sur des chapitres sur lesquels l'intrigue vous interroge, vous interpelle, avez-vous réellement compris ou l'auteur souhaitais vous conduire ? Vous vous retrouvez comme les personnages, confronté à votre perception d'une histoire qui vous échappe, qui vous retourne, vous fait douter ou croire en de fausses pistes. Mais là n'est pas l'essentiel, car ce roman se nourrit de tous ses personnages, comme si il les dévorait de l'intérieur, comme si le passé des parents venait bouleverser la vie des enfants, comme si les cartes étaient brouillées, comme si la lumière, la nuit, la ville, la guerre, la folie vous guettaient à chaque coin de page.
Le roman se dévoile à la fin, car des scènes, des pensées, et idées se répercutent, dialoguent entre plusieurs chapitres, cette construction, pousse le lecteur à travailler sa mémoire, un mot, une phrase, une idée insignifiante sur le moment et reprise plusieurs pages plus loin, vous oblige à une relecture.
Roman exigeant, qui sollicite notre capacité de concentration, d'attention, porté par une qualité précieuse d'écriture, le lecteur ne peut se permettre de sauter un mot ou une ligne, car l'auteur justement transforme sa phrase ou sa pensée par une réécriture minutieuse.
Roman d'apparence austère, il faut juste se laisser envouter par les mots et l'histoire, comme en début de soirée, quand la lumière se modifie avec l'avancée de la nuit.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !