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Dans la petite école de Bothoa, au coeur de la Bretagne, un jeune élève, Pol, s'ennuie. Il observe les cartes accrochées aux murs et rêve d'un ailleurs, un monde où le vert ne dominerait pas, où les fruits seraient gros et juteux, où le vent serait chaud. Il se persuade que le jour où il faudrait partir - car un jour ou l'autre un Breton doit s'en aller - il choisirait la main du hasard. Il accrocherait lui aussi une carte au mur, il prendrait une fléchette, la lancerait et se jurerait d'aller là où la pointe d'acier se ficherait.
Des années plus tard, le moment est venu pour Pol de partir. La pointe de la fléchette se plante en plein Pacifique. Alors, sans réfléchir, Pol fait vite son baluchon et s'en va, un petit matin aussi flamboyant que ses souvenirs. Là-bas, il rencontre Maeva. « Il ne savait pas s'il aimait Maeva. L'amour, ici, ne supportait pas une nouvelle saison. Le printemps n'existait pas dans les îles, la montée de la sève ne régulait pas les sentiments. Il n'y avait que la saison des pluies où l'on pleurait beaucoup et la saison sèche qui tarissait les larmes. »
Le récit de Jean-Bernard Pouy s'attache à nous décrire ces marquises paradisiaques d'il y a presque un siècle maintenant. Son écriture s'enrichit de couleurs, de sensations, en parfaite harmonie avec les illustrations fauves de Joe Pinelli. Nous sommes bien au paradis sur terre mais le noir sourd petit à petit au fil des pages, comme un mal qui ronge et qui progresse dans l'esprit du héros. Un roman plein de couleurs jusqu'aux plus sombres mais pas du tout dans le genre habituel de l'auteur d'où la difficulté de le classer sur le bon rayonnage.
Un beau livre dans tous les sens du terme : bel objet au beau papier, illustré et écrit magnifiquement. Que demander de plus ?
Énormément de poésie dans ce roman intériorisé. Beaucoup de termes qui parlent des couleurs, de la nature, des femmes des îles : une écriture en douceur pour raconter d'une part la beauté des paysages et des habitants et d'autre part les horreurs de ce début de siècle en Europe.
Je connaissais plus JB Pouy pour ses polars, je m'aperçois avec bonheur qu'il peut changer de style en continuant d'écrire des romans de qualité. Les dessins de JG Pinelli ajoutent encore du charme à cette histoire.
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