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Abdellah Taïa

Abdellah Taïa
Abdellah Taïa a publié trois romans au Seuil qui sont traduits ou en cours de traduction en Espagne, Hollande, Italie et surtout aux États-Unis. Il a également dirigé la publication de Lettres à un jeune Marocain (Seuil, 2009). Par ces livres et par ses prises de position publiques, à visage déco... Voir plus
Abdellah Taïa a publié trois romans au Seuil qui sont traduits ou en cours de traduction en Espagne, Hollande, Italie et surtout aux États-Unis. Il a également dirigé la publication de Lettres à un jeune Marocain (Seuil, 2009). Par ces livres et par ses prises de position publiques, à visage découvert pour défendre l'homosexualité et la liberté des personnes dans son pays, il est devenu une sorte d'icône au Maroc et dans les pays musulmans, violemment attaqué par les islamistes et encensé par les jeunes et les modernistes.

Avis sur cet auteur (16)

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    Couverture du livre « Le bastion des larmes » de Abdellah Taïa aux éditions Julliard

    Spitfire89 sur Le bastion des larmes de Abdellah Taïa

    À la mort de sa mère, Youssef, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, à la demande de ses sœurs, pour liquider l'héritage familial. En lui, c'est tout un passé qui ressurgit, où se mêlent inextricablement souffrances et bonheur de...
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    À la mort de sa mère, Youssef, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, à la demande de ses sœurs, pour liquider l'héritage familial. En lui, c'est tout un passé qui ressurgit, où se mêlent inextricablement souffrances et bonheur de vivre.
    À travers lui, les voix du passé résonnent et l'interpellent, dont celle de Najib, son ami et amoureux de jeunesse au destin tragique, heureux par le trafic de drogue et la corruption d'un colonel de l'armée du roi Hassan II . À mesure que Youssef s'enfonce dans les ruelles de la ville actuelle, un monde perdu reprend sa forme, guetté par la misère et la violence, où la différence, sexuelle, sociale, se paie au prix fort. Frontière ultime de ce roman splendide, le Bastion des Larmes, nom donné aux remparts de la vieille ville, à l'ombre dont Youssef a jadis fait une promesse à Najib. " Notre passé... notre grande fiction ", médite Youssef, tandis qu'il s'apprête à entrer pleinement dans son héritage, celui d'une enfance terrible, d'un amour absolu, aussi, pour ses sœurs magnifiques et sa mère disparue.


    Un court récit en liste pour le prochain Goncourt. Nous plongeons dans une quête identitaire poignante et sensible. Un livre amer et lumineux qui explore les méandres de la mémoire et du passé à travers le voyage intérieur de son protagoniste. Une plume autant lyrique qu'introspectif comme mélancolique. De belles descriptions évocatrices, sublimes et incisives.

    " Les vagues qui consolent. La fin temporaire de la solitude atroce. Mon âme ressuscitée qui se met d'un coup à chanter joyeusement."

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    Couverture du livre « Le bastion des larmes » de Abdellah Taïa aux éditions Julliard

    Cécile Dou sur Le bastion des larmes de Abdellah Taïa

    Youssef, professeur à Paris, retourne à Salé, son village natal au Maroc. Sa mère est décédée et il doit retourner sur place pour son héritage. Avant d'y aller, une vague de souvenirs remonte en lui : son adolescence puis sa vie de jeune adulte sont complètement hantée par les violences qu'il a...
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    Youssef, professeur à Paris, retourne à Salé, son village natal au Maroc. Sa mère est décédée et il doit retourner sur place pour son héritage. Avant d'y aller, une vague de souvenirs remonte en lui : son adolescence puis sa vie de jeune adulte sont complètement hantée par les violences qu'il a subies du fait de son homosexualité.

    Les violences sont loin d'être seulement physiques : tout le monde tourne la tête pour ne pas voir le sort du jeune Youssef. Même ses soeurs ne l'ont pas soutenue pendant qu'ils subissaient ces viols. A travers son histoire mais aussi de celle de son ami d'enfance et d'autres personnages encore, il nous est retranscrit cette espèce de tabou, ce rejet de l'autre quand il n'est pas comme nous, la tradition du Maroc et la religion musulmane aussi qui tel que l'auteur nous le décrit, n'acceptent pas l'homosexualité. C'est avec une certaine pudeur que l'auteur nous raconte cette histoire, sans entrer dans les détails et en nous laissant imaginer ce qui a pu se produire réellement. L'auteur nous relate tout ça en donnant la parole aux personnes qui ont connus Youssef au travers de rêves qu'il a dans la nuit, comme un dialogue entre lui et les autres pour mettre en exergue les désaccords, les désirs de vengeance, l'amour aussi.

    J'ai beaucoup aimé cette lecture : les dialogues imaginés dans les rêves de Youssef sont percutants, c'est bien fait, prenant et terriblement révoltant aussi. Très bonne lecture donc.

    Je remercie les éditions Julliard et Netgalley pour cette lecture.

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    Couverture du livre « Le bastion des larmes » de Abdellah Taïa aux éditions Julliard

    Benoit LACOSTE sur Le bastion des larmes de Abdellah Taïa

    Émouvant et poignant
     
    « Vendre, c’est accepter d’être déraciné par les autres. »
     
    Malika, la mère du narrateur Youssef, professeur à Paris, est morte il y a 10 ans déjà quand ce dernier retourne à Salé, sa ville natale au Maroc, « Salé la maudite », pour vendre l’appartement qu’il reçut en...
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    Émouvant et poignant
     
    « Vendre, c’est accepter d’être déraciné par les autres. »
     
    Malika, la mère du narrateur Youssef, professeur à Paris, est morte il y a 10 ans déjà quand ce dernier retourne à Salé, sa ville natale au Maroc, « Salé la maudite », pour vendre l’appartement qu’il reçut en héritage. Il est le dernier, ses sœurs se sont déjà délestées de leur part, son frère a également dilapidé tout le mobilier.
    Par son geste, tout ce qu’a construit patiemment sa mère durant de longues années au prix de tant de sacrifices aura disparu, « ne nous appartient plus ».
     
    Ce retour est surtout la réouverture difficile du livre des souvenirs, les bons et les plus douloureux moments. Le Bastion des larmes est l’histoire d’une vie, de l’amour, des souffrances, de la pauvreté, de la différence, de l’exil…
     
    Après Vivre à ta lumière où il donnait la parole à Malika, Abdellah Taïa poursuit son œuvre autobiographique avec un roman extrêmement personnel.
     
    Youssef a eu une enfance terrible car il était différent. Il a subi viol et violences insupportables. Mais « C’est ta faute si on te viole. Tu n’avais qu’à ne pas être comme ça, cette chose, cette bizarrerie, cette anomalie. » Il fut traité comme un moins que rien par beaucoup, jusqu’à l’impensable : « Tu es déjà une honte et tu vas nous foutre tous dans la honte. Tais-toi. Que Dieu te fasse brûler vivant jour et nuit. Tais-toi, sale chien. »
     
    Comment se construire dans la différence ?
    Youssef aurait aimé entendre certaines paroles de ses sœurs tant aimées.
     
    Comment survivre dans la pauvreté ?
    Youssef se souvient des expéditions « courses » avec ses sœurs et de Najib, son ami et un de ses amours de jeunesse. Najib lui parle dans ses rêves, Najib lui fait promettre.
    Najib est devenu le héros de tout un peuple. A sa mort, lui le gay a été célébré car il les a tous ensorcelés. « Personne ne résiste au pouvoir des dirhams ». La drogue lui a permis de tous les acheter, la drogue lui a permis de se venger.
     
    « Jamais je n’avais entendu le prénom d’un homme marocain gay célébré, chanté, porté si haut par ceux-là mêmes qui l’avaient détruit au tout début, pendant les années interminables de son enfance gâchée. »
     
    Comme toujours avec Abdellah Taïa, l’écriture est sèche, saccadée, abrupte ou douce, ciselée ou crue. Elle exprime la colère, le regret, la tristesse. Elle pointe la violence et l’intolérance, l’incompréhension. Elle glorifie aussi l’amour, si fort, si vrai, si intense.
    Les mots frappent, percutent, émeuvent. Les images demeurent.
     
    Sensible et poignante, la fin du roman est splendide.

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    Couverture du livre « Le bastion des larmes » de Abdellah Taïa aux éditions Julliard

    Calimero29 sur Le bastion des larmes de Abdellah Taïa

    Maroc, ville de Salé, 2019. Youssef, 46 ans, professeur à Paris, rentre au Maroc pour vendre un appartement hérité de sa mère. Ce retour fait remonter à la surface des souvenirs qu'il a voulu enfouir au plus profond de lui-même en fuyant son pays. Youssef est homosexuel et il se souvient de ce...
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    Maroc, ville de Salé, 2019. Youssef, 46 ans, professeur à Paris, rentre au Maroc pour vendre un appartement hérité de sa mère. Ce retour fait remonter à la surface des souvenirs qu'il a voulu enfouir au plus profond de lui-même en fuyant son pays. Youssef est homosexuel et il se souvient de ce qu'il a subi, enfant, à 7ans, méprisé, rejeté, violenté, violé mais aussi de son premier grand amour, à 16 ans, Najib, qui est mort peu de temps avant son arrivée à Salé.
    Roman sur l'impossibilité de vivre son homosexualité au Maroc à moins d'être un homme puissant. Roman sur les enfances saccagées par des hommes qui veulent détruire, écraser ce qu'ils rejettent en violant des gosses de 7 ans. Mais c'est aussi un roman d'amour, amour de Youssef pour Najib, qu'il n'a jamais complètement oublié. L'auteur nous fait ressentir de façon parfois très crue, le désespoir, la solitude, le besoin de vengeance de ces parias. Il pose le dilemme presque impossible à résoudre : peut-on pardonner à ceux qui vous ont détruit ou la vengeance est-elle le seul moyen de survivre?
    C'est aussi un violent réquisitoire, sans concession, contre la société marocaine qui ferme les yeux sur la haine dont sont victimes les homosexuels, qui laissent la pédophilie impunie. Société décrite comme hypocrite : le pouvoir et l'argent font oublier l'homosexualité, les pires saloperies pédophiles sont le fait d'hommes "respectables" parce qu'ils font leurs cinq prières par jour et vont à la mosquée. le roman lève également un voile sur les trafics de drogue ou autres que dirigent les hauts gradés militaires. L'image que l'auteur donne du Maroc est assez négative et désespérante.
    Abdellah Taïa n'épargne pas non plus la famille qui ne protège pas ses enfants "différents" à cause de la honte, du dégoût, qui les laisse se faire détruire moralement et psychologiquement.
    Ce roman laisse un goût amer dans la bouche; on est pris de nausées à la lecture de certains passages crus, violents; mais la sincérité brute du texte à travers un style presque incantatoire, qui mêle rêve et réalité, confère force et puissance à ce texte.
    #LeBastiondesLarmes #NetGalleyFrance