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Une belle couverture et un titre si poétique mais pour une histoire terrible et le portrait si troublant et émouvant de deux femmes, cabossées, vaillantes et qui n'auraient pas dû se rencontrer.
Astrid a tout perdu. À quarante ans, elle décide de refaire sa vie dans un village perdu de la montagne du Mercantour.
Soraya a tout laissé derrière elle. Sa Syrie natale, et sa famille lors de ce départ vers une meilleure vie. Elle va se perdre dans ce Mercantour et va rencontrer Astrid.
Par facile d'aborder des sujets si difficiles, l'auteure utilise avec justesse, émotion une écriture simple, poétique pour nous raconter le destin de ces deux femmes. Elle y glisse certaines références littéraires (Claude Roy, Andrée Chédid, René Char, Agota Kristof, Louise Glück). La littérature, la sculpture peuvent permettre d'essayer de se reconstruire et de continuer, de tenter de traverser les montagnes vers une vie meilleure.
Un texte avec des passages bouleversants et qui permet de mettre des histoires derrière des statistiques, des discours.
L'exil n'est pas un choix anodin et derrière chaque homme et femme qui décide de quitter leur pays, il y a un être humain.
Je ne connaissais pas cette auteure mais vais continuer ma découverte de ses textes.
#Traverserlesmontagnesetvenirnaîtreici #NetGalleyFrance
J'adresse mes sincères remerciements à #NetGalleyFrance aux Éditions Les Escales et, surtout, à Marie Pavlenko, autrice de cette magnifique oeuvre.
Astrid a presque tout perdu... Il ne lui reste plus que ses souvenirs et ses yeux pour pleurer.
Soraya a tout perdu, sauf la capacité de son corps à enfanter, malheureusement...
Les deux femmes se rencontrent à un tournant de leurs vies, perdues dans le Mercantour. Elles vont lentement s'apprivoiser, se dompter, s'épargner et, peut-être, se sauver ? Mais que reste-t-il à sauver lorsque la dernière étincelle d'espoir est au bord de l'étouffement ?
A travers Astrid et Soraya, Marie Pavlenko m'a bouleversée. Ses deux héroïnes sont des figures de courage et de résilience, meurtries par les pires épreuves que peut infliger la vie : deuils, disparitions des familles, injustices, accidents, guerres, fuites, exils plus ou moins "volontaires"... Les deux femmes ont perdu tous leurs repères, subit des peines innommables, des chagrins incommensurables et inguérissables. Je me suis sentie plus proche d'Astrid de part notre nationalité et notre statut commun de femmes mariées et mères de deux enfants ; mais j'ai été tout autant émue et plus que révoltée, indignée par le périple physique et émotionnel de la si courageuse Soraya, injustement victime de la cruauté des hommes. Marie Pavlenko nous propose ici une fiction criante de réalisme, qui pourrait bien refléter trop parfaitement la réalité de millions de personnes.
L'autrice fait preuve d'une sensibilité et d'une intelligence hors du commun. La qualité des textes, de la narration, des émotions, de la construction en font un grand roman sociétal. Marie Pavlenko alterne aléatoirement les visions d'Astrid et de Soraya, même alors qu'elles se sont trouvées. On ne se demande jamais avec laquelle des deux on "est". L'écriture est sincère, imagée, poétique, brutale, impitoyable, à l'image de ce que les femmes traversent. Certaines phrases tombent comme des couperets alors que d'autres, plus descriptives, nous rappellent avec poésie la beauté du monde. Certains chapitres sont introduits par quelques lignes de poèmes. Les mots en eux-mêmes, dans leur simplicité et leur poids, reprennent leur valeur dans ce récit, qu'il s'agisse de citations, de dialogues ou d'une langue partagée ou non ; langue barrière ou langue pont entre les personnes. Tandis que les explications du parcours de Soraya se dévoilent progressivement mais distinctement, les souvenirs d'Astrid refluent par bribes, souvent par dialogues interposés avec ses fils ou son mari. Là encore, l'autrice réussit avec brio à nous transporter au coeur de leurs intimités dépouillées.
"Elle aimerait découdre la jalousie qui l'étouffe comme la doublure d'un manteau trop lourd."
"Le silence autour d'elle est peuplé d'autres vies, des vies qui ne sont pas sa chair, des bruits qui ne sont pas son cercle."
#Traverserlesmontagnesetvenirnaîtreici #NetGalleyFrance
Traverser les montagnes et venir naître ici de Marie Pavlenko est la rencontre entre Astrid, la Française et Soraya, la Syrienne. La première, dévastée par un drame, est venue se réfugier dans une maison très isolée du Mercantour. De l’autre côté de la montagne, la seconde, 17 ans, enceinte, et sa tante essaient d’entrer clandestinement en France. Pour arriver jusque-là elles ont vécu les pires horreurs.
On comprend peu à peu ce qui leur est arrivé. Astrid veut se recroqueviller seule dans son malheur tandis que Soraya espère un avenir plus doux mais rejette son bébé qu’elle nomme "la chose". Marie Pavlenko entrecroise, en nombreux flashbacks, le long et difficile chemin pour arriver en Europe de l’une, aux dialogues avec son mari et ses fils de l’autre. Chacune essaie de lentement se reconstruire au milieu d’une nature sublimée par l’auteure.
De sa plume poétique et sensible, Marie Pavlenko bouleverse ses lecteurs avec des drames, qu’en général, on s’efforce d’oublier au plus vite. Le ton sonne juste, sans pathos. Un très beau récit qui met en scène des femmes fortes et résilientes. À mettre entre toutes les mains !
https://ffloladilettante.wordpress.com/2024/11/01/traverser-les-montagnes-et-venir-naitre-ici-de-marie-pavlenko/
Traverser les montagnes, et venir naître ici est un roman d’une intensité rare, dans lequel Marie Pavlenko entremêle les destinées d’Astrid et de Soraya, deux femmes brisées, chacune par une perte qui les dépasse. Astrid, quadragénaire en quête de solitude, abandonne sa vie citadine pour un repli dans les montagnes du Mercantour, lieu dont son mari lui a parlé et où elle espère panser ses blessures.
« Avant. C’est fou comme ce petit mot de rien suscite un déluge de chagrin quand il surgit dans la tête. Avant, c’était simple, avant. Avant, elle avait une maison.
Avant, elle était innocente et ne connaissait pas sa chance. »
Soraya, jeune réfugiée syrienne, cherche un refuge, un endroit où renaître, même si le poids de ses épreuves semble parfois insoutenable.
« Ne pas penser à la guerre, aux rues cendreuses, aux maisons écroulées, aux trous dans les murs des immeubles, aux troncs d’arbres éclatés par les Kalach, les cris qui préviennent de l’arrivée d’obus, vite, vite, courir, se recroqueviller, ils leur tirent dessus, ils essaient de tuer leur peuple, les corps par terre, coupés en deux parfois, le sang partout qui coule et sèche, et le jour où leur voisin a débarqué en larmes : “Ils te cherchent, Muntassar, ils arrivent, pars vite avec ta femme et tes enfants, Dieu te garde, mon ami !” »
Ces deux voix que presque tout sépare se rencontrent.
La poésie rassemble et, telle un fil rouge, soutient nos courageuses protagonistes.
Ce roman évite toute complaisance et nous emmène, par petites touches, dans un espace où les émotions sont palpables et les mots justes. L’auteure utilise la nature comme un écho, tranquille et impérieux, de la douleur humaine. Les paysages grandioses font presque office de personnages, et permettent à Astrid et Soraya de laisser apaiser les tumultes intérieurs qui les torturent.
L’auteure met en scène les étapes de leur rapprochement, un cheminement qui rappelle la force de certains récits de Marguerite Duras, dans lesquels les liens se construisent dans le non-dit, dans les gestes quotidiens. De cette rencontre naît un souffle de résilience, un appel à continuer malgré tout. Ce roman vibre d’humanité, et les douleurs s’apaisent autant que possible, lentement, au contact de la terre, dans la solidarité.
Deux histoires de deuil, de perte, d’incompréhension, de fatalité, d’envie d’en finir, mais en fin de compte une superbe rencontre.
« Pourquoi le monde n’est-il pas fait d’Astrid, des Astrid hommes, femmes, petits, grands, gros, maigres, de toutes les couleurs ? Comme le monde serait doux. Il y en a d’autres, bien sûr, ses parents sont des Astrid, Ibtissam était une Astrid, il en existe dans tous les pays, sous toutes les latitudes. Soraya en a croisé plusieurs pendant son périple. Ce médecin bulgare qui a essayé de sauver Sherine, le vieil homme de Slovénie avec sa grange pleine de foin qui sentait si bon, où elle et Ibtissam sont restées une semaine, où elles ont mangé à leur faim. Mais combien, à côté, qui broient, démolissent, mentent, profitent, battent, violent ? Soraya refuse de l’utiliser, il est si dur, si tranché, ce mot. Pourtant, c’est celui qui dit son chemin. »
Ce récit de l’entraide, de l’amour de son prochain est une belle leçon de vie, ternie par l’incompréhension, le racisme, la bêtise humaine, et le drame.
« Les passeurs obligent souvent les gens à jeter leurs cartes SIM quand ils franchissent une frontière, ils ont peur d’être repérés. Ses parents ont-ils avancé depuis la dernière étape en Bulgarie ? Sont-ils toujours vivants ? Elle hait les passeurs, leurs bouches vomissent des mensonges, ils appartiennent au monde des djinns, fourbes, menteurs, avides. Rien ne serait arrivé si les passeurs avaient tenu leurs promesses. »
Un roman à lire, qui ne peut que toucher…
#Traverserlesmontagnesetvenirnaîtreici #NetGalleyFrance
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