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« Un jour je serai un renard », murmure Marie Pavlenko au détour d'un poème. Et si cette prière avait déjà été exaucée ? Car à la lecture de La main rivière, une chose est sûre : l'autrice sent les pulsations de la terre, l'eau des fleuves coule dans ses veines, et les arbres qui l'entourent constituent son habitat. C'est en symbiose avec la nature qu'elle écrit, se sentant appartenir à la grande espèce du vivant bien plus qu'à l'espèce humaine, dont elle déplore les agissements. S'opposant avec force à l'urbanisation du monde, l'autrice prend le parti de la nature et livre une ode à tout ce qui vit, respire et résiste. Les renards, les rivières et les humains lui disent merci.
Marie Pavlenko est connue en tant qu’autrice jeunesse et romancière. A travers ce recueil, on découvre une poétesse en symbiose avec la nature.
Cette nature, dont elle contemple l’immensité et la beauté, doit rester une nature non domestiquée, c’est à l’homme de trouver l’osmose et Marie Pavlenko nous montre le chemin
« Il faut des plumes des poils
Des sentiers bien cachés
Des terriers des entrées
Des trous sombres percés
Et cette liberté
Plus précieuse que tout. »
Entre les pages, on s’aime tandis que les fougères s’éveillent sans se presser, que les martinets poussent leur cri merveilleux et que les arbres craquent en cœur. C’est une nature apaisée, vivifiante et joyeuse que nous offre la poétesse, une nature épanouie et qui invite au voyage à deux.
« Donne-moi la main
Partons tous les deux
Vers ce long voyage
Où la vie sinue. ».
Chaque poème renferme à la fois douceur et puissance animale et végétale. Dans un inlassable émerveillement, la poétesse cueille la sensualité de la nature
Et puis, soudain, le ton se fait plus âpre lorsque la poétesse s’adresse à la terre nourricière que l’homme piétine.
« Ma mère,
Tu gémis
Je me tais
Je les laisse
T’éventrer
Ravager ta chair
Te violer te voler
Avec leurs rires gras… »
Sa parole est sans concession vis-à-vis de l’homme saccageur, l’homme que la terre aura oublié lorsqu’il aura disparu.
Quand elle parle de la mer, c’est pour raconter le voyage des migrants dans de fragiles esquifs
« Le bateau se retourne
Ils tombent dans les creux de six mètres… »
L’écriture, limpide et sans artifice nous entraine loin jusqu’à atteindre l’horizon.
Cette lecture que j’ai trouvé exaltante m’a donné l’envie de rejoindre la poétesse « sur le dos scintillant des falaises. »
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