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La Petite Bonne

Couverture du livre « La Petite Bonne » de Berenice Pichat aux éditions Les Avrils
  • Date de parution :
  • Editeur : Les Avrils
  • EAN : 9782383110293
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Domestique au service des bourgeois, elle est travailleuse, courageuse, dévouée. Mais ce week-end-là, elle redoute de se rendre chez les Daniel. Exceptionnellement, Madame a accepté d'aller prendre l'air à la campagne. Alors la petite bonne devra rester seule avec Monsieur, un ancien pianiste... Voir plus

Domestique au service des bourgeois, elle est travailleuse, courageuse, dévouée. Mais ce week-end-là, elle redoute de se rendre chez les Daniel. Exceptionnellement, Madame a accepté d'aller prendre l'air à la campagne. Alors la petite bonne devra rester seule avec Monsieur, un ancien pianiste accablé d'amertume, gueule cassée de la bataille de la Somme. Il faudra cohabiter, le laver, le nourrir. Mais Monsieur a un autre projet en tête. Un plan irrévocable, sidérant. Et si elle acceptait ? Et si elle le défiait ? Et s'ils se surprenaient ?

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Articles (1)

Avis (10)

  • La petite bonne de Bérénice Pichat est un fabuleux roman, véritable découverte de cette rentrée littéraire. Une bonne, rien qu’une simple boniche, va rendre la vie à un homme qui ne songe, depuis plus d’un an, qu’à mourir. De son handicap social, la servante découvre le pouvoir des arts, les...
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    La petite bonne de Bérénice Pichat est un fabuleux roman, véritable découverte de cette rentrée littéraire. Une bonne, rien qu’une simple boniche, va rendre la vie à un homme qui ne songe, depuis plus d’un an, qu’à mourir. De son handicap social, la servante découvre le pouvoir des arts, les mots, bien sûr, mais aussi celui de la musique. Seulement le destin ne déclare pas si facilement forfait…

    La petite bonne n’a pas de mot et parle peu. Elle commence à raconter avec un style dépouillé, comme un poème presque chanté, en vers libre. Celle-ci est une femme de rien qui apporte l’espoir à un blessé de la guerre de 14-18, lourdement handicapé, pendant un week-end où Madame s’absente exceptionnellement.

    Dans ce troisième roman de Bérénice Pichat, les classes sociales sont bien marquées dans les différentes maisons bourgeoises où La petite bonne nettoie, son seau rempli des accessoires indispensables pour laver et cirer même si chez les Daniel, cela n’est pas pareil !

    La maison des Daniel est baignée dans l’obscurité de la vie renfermée autour d’un homme, coincé dans son corps immobile et inefficace pour tout, et celle de sa femme qui a accepté de se laisser emprisonner pour ne pas le laisser tomber. Avant, c’était un pianiste, talentueux, généreux dans ses interprétations, » mystérieux, inaccessible », et tellement séduisant.

    La bataille de la Somme. Un chirurgien fier des chefs-d’œuvre qu’il a réalisés. Et l’homme respire, mange, regarde et parle, immobile et dépendant à jamais. La petite bonne est la seule que sa classe sociale oblige à ne porter aucun nom, ni même un prénom, interchangeable sans empathie. Pourtant, elle devient indispensable à l’accomplissement de la volonté de Monsieur Daniel.

    L’autre voix est celle d’Alexandrie, Madame, qui accepte la prison dorée dans laquelle elle s’enferme depuis vingt ans. Ample et dégagé, le style se fait plus fouillé à mesure qu’elle peut de nouveau respirer l’air de ses envies de liberté. Une autre voix dévoile les pensées de Blaise, Monsieur, qualifié ainsi alors qu’il n’est plus rien. Ce n’est qu’à la fin que le lecteur découvrira qui se cache derrière la quatrième voix, celle qui s’écrit à gauche !

    Tragédie en huis clos
    Pendant un week-end, ce huis clos annonce une tragédie, et pas seulement au niveau du corps mutilé. Car, ici, les corps sont tous contraints, soit par le travail, soit par la violence physique ou la sensualité oubliée. Mais au-delà, l’esprit de chacun apprivoise l’autre.

    Bérénice Pichat donne consistance à son intrigue autour de l’obéissance d’une domestique, du suicide assisté et de l’émancipation des femmes. Seulement sa réussite réside dans la justesse de ces portraits, particulièrement réussis et attachants où aucun pathos n’est présent. Le dilemme est posé, aux personnages d’y répondre selon leurs histoires.

    Formidable roman, éclairant cette rentrée littéraire de la lumière puissante de l’histoire, traitée par Bérénice Pichat d’une façon si singulière qu’elle raisonne fortement aujourd’hui.

    Chronique illustrée ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2024/09/15/berenice-pichat-la-petite-bonne/

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  • A nouveau, un texte très plaisant et surprenant à lire chez cette maison d'édition, pour cette rentrée littéraire. J'ai lu et apprécié aussi "les poupées roumaines" (chronique à suivre).
    Une belle couverture avec une jeune femme en profil et qui semble douter : Celle-ci est-elle la petite bonne...
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    A nouveau, un texte très plaisant et surprenant à lire chez cette maison d'édition, pour cette rentrée littéraire. J'ai lu et apprécié aussi "les poupées roumaines" (chronique à suivre).
    Une belle couverture avec une jeune femme en profil et qui semble douter : Celle-ci est-elle la petite bonne du titre, ou la maîtresse de cette bonne ?
    Quand j'ai lu ce titre, j'ai pensé au texte de Jean Genet et ai vu d'ailleurs récemment une représentation théâtrale qui m'a remis en mémoire cette pièce et donner envie de (re)lire le texte de Genet.
    "La petite bonne" se passe entre les deux guerres, entre deux moments (un court Week end), entre trois personnages.
    Chacun va nous parler de sa vie, de ses doutes, de ses espoirs, de ses désespoirs..
    Il y a Blaise, le mari, rescapé, gueule cassée (au sens propre et au sens figuré) qui était un musicien. Il jouait dans les salons des hôtels, se rêvait grand soliste, compositeur. Puis la guerre est arrivée, au début le musicien est loin du front mais il va être dans les tranchées. Blessé, opéré, il va rentrer mais va vivre dans son fauteuil, dans son salon. Défiguré, amputé des membres, il ne peut plus jouer, il peut à peine s'exprimer.
    Il y a Alexandrine, sa jeune épouse, qui va "sacrifier" sa vie pour rester avec lui, le veiller, le soigner. Même s'il lui dit de vivre une vie normale, et de ressortir, de rencontrer les autres, elle a dû mal à le faire. Mais ce week end, elle décide de partir deux jours chez une ancienne amie, en week end de chasse. Elle décide donc de confier son mari, à la nouvelle jeune bonne.
    La petite bonne, qui ne sera jamais prénommée, vient depuis peu dans cette maison. Elle va aussi nous raconter la vie du petit personnel, sa vie, ses espoirs, ses désespoirs...
    Ce texte est aussi une sorte d'exercice de style, nous avons un texte "normale, avec le ressenti, les pensées des protagonistes, puis des vers libres, imprimés à droite ou à gauche. Mais cet exercice de style va rendre la lecture, énigmatique, intrigante.
    Au fur et à mesure de la lecture, l'auteure nous parle de cette époque, des relations entre les différentes classes sociales (que ce soit la vie du petit personnel, des scènes de chasse...), la vie de Blaise, handicapé et qui vit dans ce salon, du lit au fauteuil, du fauteuil à la fenêtre, le sacrifice de sa femme mais aussi la vie de cette petite bonne.
    Il y a de belles pages tragiques, des moments de lumière (quel bel hommage au premier gramophone et aux voix d'un requiem de Mozart qui vont envahir le petit salon obscur), des pages sur l'espoir, sur le désespoir, sur les choix de vie (que ce soit ceux de Blaise, quel avenir pour lui dans ce fauteuil, pour Alexandrine, une jeune épouse qui se sacrifie et la vie de la petite bonne, qui a choisi plus ou moins sa condition de travailleuse ou d'épouse à son Homme).
    En peu de pages, l'auteure nous interpelle, nous questionne sur la vie, sur la mort, sur l'espoir, sur les choix de vie et de mort.
    Nous pouvons penser au texte de Jean Genet (et quelques similitudes dans l'histoire) , mais aussi à celui de Graham Swift "Le dimanche des mères", pour la description du monde du petit personnel.
    L'auteure nous entraîne dans ce huis clos, elle décrit très bien les ressentis, les désespoirs, les espoirs de chacun(e). Et en peu de pages, avec une belle plume, quelle soit romanesque ou en vers libres, nous nous attachons à ces trois personnages. Et une fin qui m' a surprise mais qui est très ouverte. Et aimerait peut être découvrir une suite ???
    LaPetiteBonne #NetGalleyFrance

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  • Un gros coup de cœur pour ce roman en huis clos où une jeune femme se trouve seule face à un homme abimé par la guerre.
    Cette jeune femme, c’est la Petite Bonne, une fille travailleuse, qui ne se plaint jamais et qui croule sous le poids du travail et des tâches domestiques de ses différents...
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    Un gros coup de cœur pour ce roman en huis clos où une jeune femme se trouve seule face à un homme abimé par la guerre.
    Cette jeune femme, c’est la Petite Bonne, une fille travailleuse, qui ne se plaint jamais et qui croule sous le poids du travail et des tâches domestiques de ses différents patrons. Lui, c’est une gueule cassée de la première guerre mondiale ; il n’a d’ailleurs pas que la gueule de cassée : tout son corps est saccagé ; il ne peut pas vivre sans une assistance.
    Le roman c’est l’histoire de cette rencontre entre ces deux êtres, c’est la question de l’euthanasie, c’est la révélation de deux êtres qui n’ont plus rien à perdre puisqu’ils ont déjà tout perdu, c’est la musique en toile de fond, c’est la vie qu’on aurait rêvé de vivre et qu’on a juste frôlée; c’est une histoire simple, comme il y en avait tant dans la société française des années 1930.
    Un texte servi par la poésie et la prose, par des voix singulières, différenciées par le style de l’écriture, des thèmes qui résonnent encore fort dans notre époque, une tension grandissante, et une fin …magistrale .

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  • Huis clos familial
     
    « Tant que Blaise vivrait, il serait son époux légalement, son enfant au quotidien, son sacerdoce en réalité. Jamais plus il ne serait un homme pour elle, ni elle une femme pour lui. Pour le reste du monde, ils sont devenus les Daniel. On le plaint, lui ; on l’admire,...
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    Huis clos familial
     
    « Tant que Blaise vivrait, il serait son époux légalement, son enfant au quotidien, son sacerdoce en réalité. Jamais plus il ne serait un homme pour elle, ni elle une femme pour lui. Pour le reste du monde, ils sont devenus les Daniel. On le plaint, lui ; on l’admire, elle. Ils restent unis dans le regard des gens »
     
    La petite bonne est l’histoire des Daniel, « une gueule cassée une femme désespérée et une maladroite. »
    Blaise était un grand musicien de piano qui faisait chavirer les cœurs. Il a été appelé, il a été grièvement blessé, il est rentré vivant mais lourdement handicapé. C’est un rescapé de la Grande Guerre. Alexandrine est sa femme. Elle ne l’a pas quitté, elle a tout sacrifié pour lui. Et puis il y a la petite bonne, la boniche, la « bonne à tout faire, bonne à rien, pas même à veiller un éclopé. »
     
    Monsieur a des idées noires. Pour mettre ses plans à exécution, il incite Madame à sortir, à vivre, à profiter. Madame finit par accepter et part durant un week-end laissant instructions et garde à la petite bonne.
    Ainsi se déroule un huis clos tendu entre deux êtres cabossés.
     
    « Pourquoi éclaire à quatre heures du matin
    Pour qui
    Pour des gens comme elle
    Personne n’y a pensé
    Personne ne pense à elle
    A eux
    Ceux qui se lèvent aux petites heures
    Pour aller travailler »
     
    Au-delà de la relation « maître/esclave », « bourgeoisie/petit peuple », la petite Bonne est avant tout une admirable leçon de vie. La petite bonne qui se dévergonde, qui ose, qui prend des initiatives. Et Monsieur qui recouvre le goût à la vie, à la musique, au partage.
     
    Berenice Pichat nous offre un récit d’une grande sensibilité et d’une pudeur folle, à la construction surprenante voire déroutante au début et qui finit par convaincre le lecteur réticent. Elle opte pour le ver libre lorsque la petite bonne s’exprime. Hachée et poétique, timide puis affirmée, la voix de la petite bonne prend de l’assurance. Celles de Madame et Monsieur sont relatées dans des paragraphes de narration traditionnelle. Le propos est fluide, mélodique. Le lecteur découvre le passé et comprend le présent. L’alternance des voix impulse un vrai rythme, fait monter la tension jusqu’au dénouement.
     
    « Au milieu de ce chœur ami
    Elle peut vibrer encore
    Envelopée
    De ces chants bienveillants
    Elle veut se lover encore
    dans l’épaisse couverture
    des voix
    Qui atténuent tout »
     
    La petite bonne est enfin une ode à la musique. Qu’elles soient celle du Requiem de Mozart que Monsieur aime tant, ou des phrases de l’auteure, le lecteur est envouté, bercé, enveloppé dans des émotions intenses.
     
    La petite bonne se lit vite. C’est une très belle surprise de cette rentrée littéraire.

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  • Voici un premier roman original de cette rentrée littéraire que j’ai beaucoup aimé et que je vous recommande. Plusieurs voix se mêlent. Nous sommes dans l’entre-deux-guerres.
    Un couple bourgeois, Alexandrine et Blaise Daniel, emploie une bonne. Ce n’est pas la première qui travaillent pour eux....
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    Voici un premier roman original de cette rentrée littéraire que j’ai beaucoup aimé et que je vous recommande. Plusieurs voix se mêlent. Nous sommes dans l’entre-deux-guerres.
    Un couple bourgeois, Alexandrine et Blaise Daniel, emploie une bonne. Ce n’est pas la première qui travaillent pour eux. Blaise a une particularité. C’est un mutilé de guerre depuis 20 ans, une gueule cassée. Infirme, il ne peut rien faire seul et suscite le dégoût chez les autres. Son handicap fait rapidement le vide autour d’eux.
    Dans le roman, on découvre la rencontre entre Alexandrine et Blaise. Il était pianiste, d’ailleurs elle est tombée amoureuse de lui grâce à sa musique. Aujourd’hui il ne peut plus vivre sa passion. Il peut seulement écouter des disques sur un gramophone.
    Alexandrine se dévoue entièrement à son mari. Pour une fois, elle s’autorise une sortie loin du quotidien éprouvant. Pendant ce temps, c’est la petite bonne qui s’occupe de lui. Mais lui a une autre idée en tête et il espère bien que la bonne acceptera. Il la trouve trop jeune mais mieux que les précédentes. Une relation étonnante naît entre ces deux êtres et la fin m’a totalement surprise.
    La forme est originale. Le texte est tantôt aligné à droite, tantôt à gauche tel un poème, tantôt justifié. Je vous laisse découvrir qui sont les voix derrière ces mises en forme, entre prose et vers libres. La construction et l’écriture sont aussi intéressantes, d’un style inédit, très efficace. Tout ce que j’aime dans les premiers romans.
    Derrière ces voix on ressent surtout la condition sociale et féminine d’une femme. La petite bonne qui n’a d’ailleurs pas de prénom. J’ai beaucoup aimé découvrir la psychologie des personnages. Tel un jeu de piste, j’ai rassemblé les éléments pour cerner les voix et leur histoire.
    Bref un très bon moment de lecture, comme toujours avec Les Avrils.
    Je remercie Netgalley et Les Avrils pour cette lecture

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  • Il y a Blaise, Alexandrine Daniel et … leur petite bonne.
    Son prénom n’a aucune importance. Elle incarne les gens qui ne comptent pas, c’est « la bonniche ».

    Les années 1930 – Aux aurores, une petite bonne se rend au travail, chez Blaise et Alexandrine Daniel. Ses pensées s’égrènent au...
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    Il y a Blaise, Alexandrine Daniel et … leur petite bonne.
    Son prénom n’a aucune importance. Elle incarne les gens qui ne comptent pas, c’est « la bonniche ».

    Les années 1930 – Aux aurores, une petite bonne se rend au travail, chez Blaise et Alexandrine Daniel. Ses pensées s’égrènent au sein de vers libres, au rythme de ses pas.

    Blaise est un ancien et talentueux pianiste, revenu de la Somme en Homme-Fauteuil- Gueule cassée. Même si sa femme l’aime profondément et sincèrement, il a honte. Honte de lui, honte de ce qu’il est devenu. « Lui n’était rentré qu’à moitié ; ses jambes, ses mains, son visage et son innocence étaient restés là-bas, quelque part dans la Somme. »

    Peut-être pourra-t-il le faire comprendre à leur domestique lors d’un séjour prolongé d’Alexandrine à l’extérieur ? Peut-être pourra t-il la toucher suffisamment pour qu’elle agisse ….
    « Quand il se découvre mutilé
    Il meurt
    Une deuxième fois
    Et ça dure
    Et il continue de mourir
    Il n’en finit plus d’agoniser
    Peu à peu
    Tous les jours
    Il s’étiole sans fin

    Mais elle aussi conserve ses fantômes. Son mariage, qu’elle subit chaque jour, son avortement. Et la souffrance de Blaise fait ressurgir les siennes.
    Encore plus fort car elle croyait les avoir enfouies au plus profond d’elle-même…
    « Il ne le voit donc pas
    Ce ravage
    à l’intérieur d’elle
    cette destruction
    Tout ce chaos
    Sa blessure à elle est invisible
    Elle a parfois si mal si mal
    malgré le temps qui passe
    Qui apaise
    Tu parles. »

    Une belle écriture caractérisée par la juxtaposition harmonieuse de vers libres et de prose. Celle de l’autrice et de la petite bonne, toutes les deux à la 3ème personne. Sans ponctuation, simplement marqués par les majuscules.
    Un récit à deux temps qui donne de la profondeur et de la fluidité au récit.
    Habituellement, je n’apprécie pas trop les vers libres, ils sont souvent artificiels, pour faire genre… Mais dans ce roman, ils expriment parfaitement les doutes, les souffrances, mais aussi l’espoir.
    La poésie de l’écriture face au désespoir de la vie.

    J’ai profondément aimé la richesse des thèmes et la finesse de l’analyse psychologique des personnages :
    - Le retour de la guerre, la chape de plomb du traumatisme qui empêche de parler, de dire, de vivre….
    - L’injustice sociale. Se taire, travailler, accepter la vie, les décisions même quand c’est injustifiable, quand on est une bonniche…
    « Monsieur est haut placé
    La soubrette qui se pend ne doit pas faire de tort. »
    - La résilience : Il existe toujours une étincelle pour ranimer le feu qui paraissait éteint. Même pour les êtres les plus cabossées, physiquement et ou mentalement…
    - La puissance de l’art, en l’occurrence de la musique. Partager la même émotion, la même vibration, sentir qu’on est pareils malgré les différences sociales. Un moment de partage, de grâce, entre deux êtres. Un moment privilégié, comme entre parenthèses.
    - La profondeur psychologique des trois personnages. Ceux qui se comprennent le mieux sont les cassés de la vie : Blaise et la petite bonne.
    Leurs souffrances se rejoignent et permettent l’espoir et peut-être la vie.
    Magnifique portrait de femme que celui de la petite bonne : lucide, courageuse, sensible. Un moment, elle entrevoit autre chose que son quotidien…

    J’ai adoré ce roman, pour sa justesse, sa sensibilité et la poésie qui s’en dégage avec une infinie nostalgie…

    Roman lu dans le cadre du Jury Fnac/ Darty 2024.
    Merci à la Fnac et aux éditions Les Avrils pour cette belle découverte.

    https://commelaplume.blogspot.com/

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  • Elle est anonyme cette petite bonne. Levée à l'aube, elle quitte son modeste logis pour aller laver, brosser, récurer, cuisiner, repasser chez des patrons qui ne voient en elle que sa fonction utilitaire. Elle est presque invisible et en tout cas aisément substituable si elle ne répond pas aux...
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    Elle est anonyme cette petite bonne. Levée à l'aube, elle quitte son modeste logis pour aller laver, brosser, récurer, cuisiner, repasser chez des patrons qui ne voient en elle que sa fonction utilitaire. Elle est presque invisible et en tout cas aisément substituable si elle ne répond pas aux exigences domestiques de ces maîtres intransigeants. Et quand exténuée elle rentre, c'est pour devenir la servante de son homme, comme sa mère avant elle et toutes les femmes de son rang. Ses journées se ressemblent et partout elle s'acquitte vaillamment de ses taches, mais il est une maison où elle va avec moins d'entrain, la maison du couple Daniel. Madame est partie à la campagne et elle l'a convaincue de s'occuper de Monsieur, "Le vieux" comme elle le surnomme. Moquerie qui cache une forme de crainte, car Blaise lui fait un peu peur. Voilà des années qu'il est rentré de la guerre mais il en porte encore les stigmates. Mutilé, défiguré, taciturne et silencieux, il est réduit à l'immobilité. Toutefois il l'intrigue et elle compte bien mettre à profit ces deux jours pour en savoir plus sur lui. Mais si lui aussi avait une idée en tête? Et si cet absence de Madame n'était pas fortuite? Deux jours décisifs pour ce drôle de trio.
    .
    Retenez bien ce titre car je pense que l'on n'a pas fini de parler de ce roman. Son contexte, celui du monde domestique de l'entre-deux guerre signe sa première originalité. D'autres titres ont traité des gueules cassés, mais la plupart concentrent leur intrigue sur l'immédiate après guerre et peu évoque leur devenir sur le long terme. Ces hommes brisés, autant dans leur âme que dans leur corps pour qui survivre est la pire des épreuves. La construction est elle aussi surprenante. Roman à trois voix, sans chapitre, et sans coupure, il entremêle les pensées les plus secrètes de ces trois personnages, dans un quasi huis clos où la tension va crescendo jusqu'à un final étonnant.
    Mais c'est la forme qui a su dès les premières pages me surprendre et me convaincre.
    La bonne, Alexandrine et Blaise s'expriment tour à tout, apportant successivement leur regard sur les évènements, mais chacun possède un style narratif propre. Les maîtres s'expriment en prose, dans un langage choisi, riche et imagé, alors que la voix de la petite bonne emprunte des vers libres. Une voix particulière, presque lapidaire, directe et sans fioritures pour celle qui n'a pas de temps à perdre, ou qui ne s'autorise pas le temps de la réflexion. Comme pour appuyer les différences culturelles, qui la privent de mots et de temps à discourir. J'ai beaucoup aimé ce procédé stylistique astucieux et efficace. Sans jamais donner de précision sur le locuteur il permet de toujours s'y retrouver dans ces "je" entremêlés. Et puis il y a une dernière voix un peu mystérieuse. Elle se distingue par une position différente dans la page et par des vers plus détaillés, plus imagés. L'identité de leur auteur ne se dévoile que dans les dernières pages, bouleversantes et sublimes, donnant au lecteur la furieuse envie de remonter dans sa lecture et donnant un nouvel éclairage sur l'intrique.

    Et puis j'ai envie de dire qu'elle est sacrément forte cette histoire, à la fois sensible et délicate, touchante et émouvante. Elle trace de superbes portraits d'individus qui subissent leurs destins, quelle que soit leur condition ou leur classe sociale´et elle offre une réflexion acérée sur la place des femmes, aisément transposable de nos jours ce qui en fait la force.
    Le tout forme un roman dont la densité des sujets abordés est bluffante en regard de sa fluidité de lecture. Certaines scènes sont d’une beauté qui laisse sans voix, et qui sont la marque d’une grande autrice.
    Un vrai beau coup de coeur que je vous recommande chaleureusement

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  • Bérénice Pichat dresse un portrait sensible et rempli d’humanité de la France d’après guerre. « La petite bonne », dont on ne saura jamais le nom, fait le ménage chez un couple de bourgeois: Blaise Daniel, mutilé par la bataille de la Somme, et sa femme Alexandrine qui fait preuve d’un...
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    Bérénice Pichat dresse un portrait sensible et rempli d’humanité de la France d’après guerre. « La petite bonne », dont on ne saura jamais le nom, fait le ménage chez un couple de bourgeois: Blaise Daniel, mutilé par la bataille de la Somme, et sa femme Alexandrine qui fait preuve d’un dévouement exemplaire, vivant comme une recluse pour s’occuper de son mari. Commence alors une intrigue, un huis clos dramatique dans lequel les personnages de Blaise et de la petite bonne vont petit à petit se découvrir, s’affronter, se confier, s’apprivoiser…

    Pour nous faire entrer dans les pensées les plus intimes de la petite bonne, Bérénice Pichat utilise les vers libres, donnant de la puissance aux confidences qui vont crescendo dans l’intimité du personnage. Quand on parle des Daniel la prose entre en jeu, mettant en lumière leur histoire, leur bonheur éphémère puis leurs malheurs, leur quotidien cruel. Et il y a cette troisième voix, de la poésie pure, qui parle directement à notre âme.

    La plume de Bérénice Pichat est juste et délicate, l’alternance entre les vers libres et la prose instaure un dialogue laissant émerger une profonde et douce mélancolie. La poésie donne consistance aux silences. Chaque mot est à sa juste place. Le rythme et la tension sont savamment maitrisés jusqu’au dénouement final.

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