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Dans un mouvement de circulation et de globalisation des savoirs, de nouveaux centres et de nouvelles périphéries se forment, de nouvelles hiérarchies apparaissent plus ou moins discrètement qui produisent des compétitions et des concurrences pour le développement de "nouveaux" savoirs. Les centres de production de la connaissance en sciences humaines se sont largement déplacés vers l'Asie du Sud, du Sud-Est, Orientale, Centrale, Pacifique... La critique de l'eurocentrisme s'est largement affirmée dans cette période d'internationalisation des savoirs. Michaël Kuhn (2012), en s'appuyant sur le World Science Report de l'Unesco de 2010, pose l'hypothèse de la marginalisation de l'eurocentrisme scientifique et des traditions européennes.Aujourd'hui les sciences sociales sont globales. Nous sommes rentrés dans une période de désoccidentalisation des savoirs et de co-production d'agencements entre des savoirs situés. Il s'agit d'une révolution scientifique dans les sciences sociales qui impose des détours, des déplacements, des retournements, des conversions voire des vertiges épistémiques. Nous avons dépassé le "tournant global", dictinct de tournants précédents et de leur nature éphémère pour apparaître comme un turning point dans l'histoire dans sciences sociales. Après les postcolonial studies, nous parlons de post-western social sciences dans un contexte de mondialisation et de circulation des idées, des concepts et des paradigmes.En Asie se sont organisées des mobilisations d'intellectuels chinois, japonais, coréens indiens... à partir de "luttes" pour la reconnaissance des productions scientifiques invisibilisées du fait des effets de domination et non perçues comme ayant une valeur égale à celles produites en Europe. L'enjeu qui s'est formé depuis une vingtaine d'années est celui de la question de la reconnaissance internationale des savoirs "décoloniaux". Dans ce numéro est développée l'idée qu'un processus de reconfiguration décoloniale est engagé au sein d'ethnoscapes - au sens d'Appaduraï (2001) - formés à partir d'assemblages de savoirs entre sociologies d'Asie et d'Europe, cela dans une perspective qui permet de penser les zones de rencontre, de chevauchement, de tension, de conflit, de fécondation mais aussi les « blancs épistémologiques » entre les sciences sociales d'Europe et d'Asie. Sachant qu'il paraît aujourd'hui moins pertinent de penser la pluralité des « provinces du savoir » que de penser les modes de formation des continuités et les discontinuités, les agencements et les disjonctions entre des lieux de savoir situés à différents endroits du monde.
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