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La porte de l'incinérateur se souleva et une vague d'air brûlant enveloppa Malko. El Guapo se pencha sur lui, le visage luisant de sueur et lança d'une voix amusée :
- Adios, gringo. Le cerveau de Malko se vida. On allait tout simplement le jeter vivant dans l'incinérateur Herbert Lawn eut un gros rire truculent et prit sur la table basse en bambou un mince dossier jaune qu'il ouvrit.
- Il s'agit d'une mission assez déplaisante, annonçat- il.
- Qu'entendez-vous par déplaisant ? Herbert Lawn leva sur Malko un regard d'où toute gaieté avait disparu.
- Une action à terminer avec un extrême préjudice pour l'intéressé. Autrement dit, une liquidation physique...
- Qui est l'intéressé ? demanda-t-il, le visage caressé par la brise du ventilateur.
- Avez-vous entendu parler du général Emiliano Coiba ?
- Vaguement, dit Malko. C'est l'homme fort du pays, non ?
- Exact, le président n'est qu'une potiche.
- C'est de lui qu'il s'agit ?
- Absolument.
- Pourquoi ? Une lueur d'humour froid pétilla dans les gros yeux marron de l'Américain.
- Demandez-moi plutôt pourquoi on ne l'a pas fait plus tôt... En 1972, on avait déjà proposé cette solution. Le général Coiba est impliqué dans le trafic de drogue jusqu'au cou, du transport de la cocaïne au lavage de l'argent ; il nous trahit à l'occasion au profit des Cubains en leur vendant des renseignements militaires et de la technologie, il contrôle des réseaux de prostitution et de trafic de passeports, il est actif également dans les ventes d'armes à destination du M19 colombien et des sandinistes, et il a, bien entendu, truqué les dernières élections.
- Je crois que ce général a été reçu il n'y a pas si longtemps au Pentagone avec tous les honneurs dus à son rang, remarqua-t-il. Il me semble aussi qu'il était assez lié à la Company... Que s'est-il passé ? Herbert Lawn prit dans son dossier une photo qu'il tendit à Malko.
- Ceci. La photo en noir et blanc représentait le cadavre d'un homme entièrement nu, allongé sur une table avec un écriteau portant le numéro 85100.
La tête manquait. Il reposa le document.
- Qui est-ce ?
- La première véritable erreur du général Coiba, laissa tomber l'Américain.
- C'est-à-dire ?
- Cet homme s'appelait Julio Chavarria. Un politicien panaméen soutenu par une poignée de sénateurs démocrates de chez nous. En plus, informateur pour la Company et la DEA.
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