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En donnant à notre colloque le titre Dali.
Sur les traces d'Eros, nous souhaitons encourager une réflexion sur l'inscription de l'éros dans l'oeuvre dalinienne, que celle-ci soit écrite ou peinte. Comme le signala Sarane Alexandrian, le mot érotisme apparut très tard dans les écrits surréalistes. De même, l'acceptation sexuelle du mot orgasme fut très tardive : jusqu'au XIXème siècle, il désigne simplement " une grande colère ". Autant de raisons de parler de "traces d'éros ", plutôt que d'érotisme.
Cela semble aussi convenir mieux à l'oeuvre de Salvador Dali qui a beaucoup parlé d'amour courtois. De plus, hormis ses dessins et " gribouillis " hâtifs en marge de ses manuscrits, ce qu'il nous présente, ce sont quelques gouttes, de discrètes érections et beaucoup de corps démembrés. L'état du Monstre du sex-appeal est à ce titre très significatif. L'érotisme, oui, ou ce qu'il en reste. Le choix du mot trace a, lui, des enjeux psychanalytiques.
Dans sa préface à la Gradiva de Jensen/Freud (dont Dali a récrit l'histoire dans la première partie de La lie Secrète de Salvador Dali et figure à laquelle il dédie son autobiographie), J.B. Pontalis soutient que Freud est moins historien qu'archéologue : " La trace, plus que le cours des événements, l'intéresse car l'événement, pour lui, c'est la trace ". Qualifier une trace d'événement implique que ladite "trace" n'est pas un fossile mort, ou une ruine immuable, mais qu'elle se manifeste davantage comme une force qui n'en finit pas d'exercer son action.
Cette conception suppose que le sujet de l'érotisme est dynamique et se présente comme une question qui interpelle activement tant l'artiste sur lequel on s'interroge que le critique qui se penche sur cette question. La représentation du Narcisse penché sur lui même l'illustre. La main. fossilisée de la toile La Métamorphose de Narcisse est la condition de la surrection de la double-image. La main aussi " morte " semble-t-elle trouve l'énergie plastique de se déplier en un corps vivant plongé dans une contemplation intérieure métamorphique.
En se penchant à son tour sur l'oeuvre de Dali, chaque conférencier est invité à réfléchir à la portée des traces d'éros dans son propre discours. L'érotisme en effet n'est pas nécessairement étranger au discours critique. Non pas seulement que traquer les traces de l'érotisme puisse être une quête excitante, cette excitation peut-être éclairante. L'excitation de la recherche ou l'excitation tout court.
Ainsi, dans son récent livre Dali et moi, Catherine Millet propose que l'on tire profit de sa vie sexuelle comme ressource critique. Elle appliqua ce critère exploratoire dans La lie sexuelle de Catherine M. qui montre clairement ce que se partagent le sexe et l'espace. Que l'oeuvre de Dali l'ait incitée à répéter ce parti-pris n'a rien pour nous surprendre. Notre peintre et écrivain, dans son texte Le Phénomène de l'extase, ne nous a-t-il pas mis au pied du mur lorsqu'il déclara : Je demande au critique d'art: que pensez-vous de telle ou telle oeuvre au moment de l'extase ? Et d'abord : mettez-vous en état d'extase pour me répondre.
Que nous demande Dali? Pouvons-nous penser en extase ? Et penser à Dali ? La pensée sera convulsive ou ne sera pas? De quelle trace, l'extase (sexuelle, esthétique ?) peut-elle marquer notre parole critique? Et le doit-elle ?
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