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La photographie gouailleuse est un genre qui n'a jamais été répertorié dans les dictionnaires. Il n'a pourtant pas manqué d'opérateurs talentueux, à commencer par Robert Doisneau qui, avec beaucoup d'autres, s'est attaché à saisir l'instant d'une scène cocasse, la poésie d'une confrontation inattendue telle qu'en réservent parfois les rues de Paris.
Les vues de ces photographes se voient assaisonnées d'une douce irrévérence ou d'une insolence joyeuse. Rien de cruel. L'intention n'est pas de se moquer mais de faire rire la galerie, d'emporter une adhésion immédiate comme fait mouche la répartie bien trouvée du titi parisien. Dans une apostrophe aussi bien que dans une image, tout est affaire de vivacité. Ça fuse ; c'est dans la seconde que se joue la partie.
La fin des années 1960 semble correspondre aux dernières de ces drôles de photographies. Comme si la source s'en tarissait ensuite. Si tel est le cas, ce n'est sans doute pas parce qu'on ne saurait plus rire depuis quarante ans mais plutôt parce qu'une page s'est tournée : celle du Paris de la rue, du Paris populaire, vivant, animé, argotique... Sa légende a inspiré le cinéma, la littérature et, bien sûr, la photographie. On en connait les répertoires et les motifs traditionnels que nous ne contemplons généralement pas sans un brin de nostalgie. Rien de tel dans le pendant amusé et joueur dont il est question ici : le rire bouscule tout, s'affranchit de toutes les lois, y compris de celles du temps.
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