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A travers ce recueil d'articles, Georges Banu cherche à dégager les points de fixation autour desquels s'organise le paysage théâtral d'une époque, en Europe. En y regardant de près, il décèle quelques "noeuds poétiques", la plupart formés autour de la figure de l'acteur.
Très personnel et subjectif, ce livre s'apparente à une collection privée à l'aspect faussement disparate, car tous les éléments sont reliés autour d'un thème directeur : l'exploration parfois pointilliste de la matière théâtrale. Ces miniatures de longueur variable, souvent émouvantes par les spectacles et les artistes décrits, constituent un ensemble de notes pertinentes ou de petites focalisations sur une question récurrente : "Les coulisses démasquées", "Vidée, la scène vide ?", "La séduction des éclairages" ; sur un doute éprouvé : "La vidéo, Méphisto de la scène moderne", "L'attrait du laid et la scène allemande", "La langue basse, un effet de réel" ; sur un détail significatif : "Crânes rasés et torses poilus", "Chapeau melon et godillots usagés", "De Ionesco à Pina Bausch : petit traité des chaises", "Neige et fumée", "Le sang" ; ou encore sur une porte ouverte : "Le mur lézardé des langues", "Les saluts ou l'entre-deux du spectacle".
"Le but secret consiste non pas à dresser un panorama ou un catalogue, mais à dégager et fixer ces points de fixation, points capiton autour desquels s'organise le paysage théâtral d'une époque. Pour y parvenir, il est indispensable d'avoir le recours à la "bibliothèque intérieure", constituée des spectacles vus ici ou ailleurs, à leur connaissance directe qui, seule, permet de saisir la diffusion d'une récurrence, la constitution d'une "figure" inscrite au coeur même de la représentation.
J'aime dire en paraphrasant Prospéro que "je suis fait de l'étoffe des spectacles que j'ai vus", mais en même temps ces spectacles forment ma "bibliothèque intérieure" ordonnée selon les principes d'un amateur fervent et désordonné. C'est en consultant cette bibliothèque que je me suis livré à l'exercice de ces miniatures théoriques proposées ici. La miniature se définit par la précision du trait et la réduction du champ, équivalent ancien du gros plan actuel. Mais elle ne tient pas du fragment avec tout ce qu'il possède comme ouverture et implique comme brisure, non, la miniature concentre et rend lisible, de manière parfois microscopique, un paysage ou un visage. Ici la portée du choix a un rôle décisif, conséquence d'un désir de focalisation qui appelle le regard de près.
La miniature fait l'économie du lien pour se concentrer sur le noeud. Et le "noeud" est ici l'acteur approché dans tout ce qu'il a d'unique, d'irremplaçable et d'exemplaire." (Georges Banu, extraits de l'introduction)
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