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Dans ces Notes de nuit se dessine la figure d'un brelan de rois : trois créateurs, vivants et passionnés dans la maturité de l'amour : deux musiciens (l'un, Toni Camarillo, latin, évanescent, mystérieux, marquant, l'autre, Bruce Cleveland, new-yorkais, heureux Américain à Paris) et un romancier, Raphaël, prosateur dans la tradition française libertine. Ces trois hommes dans l'amour jouent avec les sons et les mots, chacun à leur façon. Toni le musicien se montrait peu et appelait. Bruce, musicien tout autre, est laconique et il a l'oreille fine, tandis que Raphaël est un conteur.
Les plus Beaux Diamants du monde porte sous son titre : notes de nuit, comme des notes de musique ou des notes que l'on recueille dans un journal. Quand on écrit, on se sent seul parfois ; tandis que lorsqu'on voit et qu'on entend des musiciens jouer, on sent comme cet art rompt leur solitude individuelle. C'est ainsi que l'auteur explique s'être divisée et accompagnée en écrivant Les plus Beaux Diamants du monde, alors qu'elle reprenait le roman Camarillo, qui a ensuite paru en même temps. Les deux livres qui en résultent cependant sont indépendants et peuvent se lire dans n'importe quel ordre, leurs univers sont différents. Dans Les plus Beaux Diamants du monde, Toni Camarillo, ce grand musicien rieur, qui s'est moqué de la passion que la jeune Corinne a pour lui, continue de lui parler. Les deux nouveaux amis de Corinne, deux artistes poétiques, singuliers et fantasques, Raphaël et Bruce, vont la cueillir et la recueillir, comme appelés à travers elle par le personnage de Toni Camarillo, dont la stature les fascine.
Ce livre est aussi un hommage aux Notes de chevet, écrites par Sei Shônagon, dame d'honneur à la cour du Japon a début du XIe siècle - un hommage bien que ce chef d'oeuvre japonais n'appartienne pas à la littérature amoureuse. Le moment où furent écrites les Notes de Chevet est l'âge d'or de la littérature japonaise. (Notre âge classique français se situe beaucoup plus tard.) La littérature écrite en japonais à l'époque de Sei Shônagon est une littérature féminine. Les femmes écrivirent des journaux (nikki) ; elles écrivirent aussi des sôshi : ce genre littéraire désigne aussi des écrits intimes, mais de composition très libre. La poétesse Sei Shônagon écrit en laissant aller son pinceau , par rapprochements et associations d'idées. Les chapitres du livre Les plus Beaux Diamants du monde (notes de nuit) de Dominique Sels sont également agencés selon une déambulation très libre : c'est l'évocation de deux amours aussi désinvoltes qu'intenses, et qui ont duré longtemps.
Chacun des deux personnages masculins disparaît et réapparaît librement pour revenir vers Corinne, parfois après un intervalle de temps assez long. La forme devait rendre compte de cette liberté, de ces vides et de ces surgissements.
Bien que ne se connaissant pas, Bruce et Raphaël exhortent vivement Corinne à lire les romanciers du XXe siècle, Kawabata, Sôseki ou encore Inoué. Ils sont fascinés par le Japon. Il y a dans les romans japonais qu'ils prêtent à leur jeune amie ce qu'ils ont cherché toute leur vie, l'un comme musicien, l'autre comme écrivain.
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