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Frank est le fils de Lotte, tenancière de la maison close que fréquentent les forces d'occupation de cette ville moyenne d'Europe de l'Est jamais nommée, figée dans les pénuries, le froid et la sourde horreur des années de guerre. Il a 17 ans et les filles n'ont plus de secrets pour lui, puisqu'il a les pensionnaires de sa mère à disposition. Sans savoir ce qu'il cherche, Frank se laisse glisser sur la pente du banditisme, assassine, sans raison matérielle ni patriotique, un occupant particulièrement répugnant, vole et tue une vieille femme qu'il connaît depuis l'enfance, et plonge dans un avilissement que seule éclaire l'image idéalisée de Sissy, sa chaste voisine, éperdument amoureuse de lui. La déchéance volontaire peut-elle conduire à la rédemption ? C'est la question lancinante que soulève La neige était sale, le grand roman existentialiste de Georges Simenon, adapté avec brio par Jean-Luc Fromental et Bernard Yslaire.
Mise en scène brillante d’un des meilleurs romans de Simenon pas seulement noir et dur mais aussi intelligent, en mettant en scène sur fond des années d’occupation, un pauvre garçon, qui a grandi en foyer et ne connait que le milieu des bas-fonds.
Tout jeune homme, Frank vit avec sa mère tenancière d’un bordel. Prisonnier du milieu du crime et du vol, c’est avec une totale indifférence qu’il tue pour tuer et enfin assassine une pauvre vieille qui l’avait hébergé enfant et l’avait entouré de tendresse. Dépourvu de toute empathie, il volera la collection de montres laissée par son défunt mari et les revendra à un mafieux.
Pourtant, en cours de lecture, le roman de Simenon porté par des illustrations remarquables, arrive à porter le regard de Frank sur ce qu’on comprend être une envie de vie simple avec un toit, une femme gentille et un enfant. On comprend aussi que ce désir de rédemption est lointain, anesthésié, inaccessible car le jeune Frank est bien trop enfoncé dans l’abjection.
Il finira par se faire arrêter et avouer son crime. Il sera fusillé. « Feuer ».
Très sombre ce roman prend aux tripes d’autant plus que le scénario et les dessins talentueux savent traduire la noirceur de la pauvre vie de ce petit criminel prisonnier de son destin à une époque obscure et en qui on voit malgré tout, une toute petite étincelle d’humanité fichée tout au fond d’un tunnel sans fin.
Excellente BD. Le travail d’illustration est captivant. (J’avoue avoir passé beaucoup de temps à scruter les pages, fascinée par les dessins).
Jean-Luc Fromental dont l’œuvre ne cesse de me ravir, offre en fin d’album, deux pages très intéressantes d’un texte intitulé « Âme blanche, neige noire » où il explique la psychologie de Simenon à l’époque en rapport avec l’écrit de son roman dont il avait dit à son éditeur en automne 1948 : « Terminé hier mon meilleur roman ».
Une ville en guerre, tenue par les forces d'occupation... Et toi qui a pris le couteau de ton ami Kromer pour tuer un homme. un sergent, un vicieux. Tu lui piques son arme et tu rentres à la maison. Tu t'endors le sourire aux lèvres.
Dans ce roman paru en 1948, Simenon raconte la vie de Frank Friedmaier, 17 ans, dans un pays indistinct piétiné par les bottes d'un occupant non identifié. Frank ne fait pas grand chose à part vivre dans la maison de passe de sa mère et préparer des mauvais coups. Contrairement aux appartements voisins, on y boit et mange bien, au chaud, on profite des largesses de l'ennemi.
Pour accompagner l'adaptation de Fromental, on retrouve avec délectation Yslaire, qui après Baudelaire, s'empare de l'univers de Simenon. Avec son talent habituel, il donne beaucoup de relief et de force à un hiver gris et à des personnages cyniques voire franchement détestables.
Après "Le passager du Polarlys", Dargaud publie ici dans sa Collection Simenon la deuxième adaptation d'un roman dur du créateur de Maigret. Après Christian Cailleaux, Yslaire relève lui aussi haut la main le défi de l'adaptation graphique. Une valeur sûre.
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