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Vienne, hiver 1948.
Avec un brillant et adroit scénario, Fromental nous fait suivre Miss Montagu (une ex de l’OSS américain), qui, pour le compte de la London Films de Sir Alexander Korda, a la charge de recevoir et de guider Graham Greene venu à Vienne pour documenter l’adaptation au cinéma de son livre « Le troisième homme » mais où on comprend que le célèbre écrivain est aussi en mission secrète dans ce lieu où la guerre froide bat son plein avec des Russes, Américains, Français et Anglais se jaugeant dans un sombre marigot sans compter ceux qui ont tenu un sale rôle au sein des Nazis et qui cherchent l’asile en Amérique du Sud et ceux de réseaux étrangers qui traficotent avec l’URSS.
Bref, un vrai nid d’espions duquel Jean-Luc Fromental va créer une passionnante et érudite fiction emmêlée à des personnages et histoires vraies.
Les dessins de Miles Hyman m’époustouflent toujours autant et sont parfaitement adaptés au texte en sachant rendre l’atmosphère qui règne dans cette partie du monde après-guerre et en ne négligeant pas de nombreux clins d’œil faits au film.
Si l’ensemble de l’histoire se déroule à Vienne, elle finit à Prague. Le titre fait référence à l’Histoire de la Tchécoslovaquie avec la prise de contrôle du pays par les communistes en février 1948.
En fin de livre un dossier signé Fromental nous éclaire avec une courte bio de Graham Greene et une autre d’Elizabeth Montagu, un texte explicatif du roman « Le troisième homme » et enfin une page pour l’histoire du film « Le troisième homme » devenu un grand classique du cinéma et une page pour un autre film «Quatre dans une jeep » (Palme d’or au festival de Cannes en 1951) et qui plonge le spectateur dans la ville de Vienne telle que Greene l'aurait connue.
Je ne cache pas qu’aux noms de Miles Hyman, Jean-Luc Fromental et Graham Greene, trois artistes talentueux que j’admire, je n’ai pas hésité une seconde à acheter cette BD qui m’a absolument ravie et enthousiasmée.
Mise en scène brillante d’un des meilleurs romans de Simenon pas seulement noir et dur mais aussi intelligent, en mettant en scène sur fond des années d’occupation, un pauvre garçon, qui a grandi en foyer et ne connait que le milieu des bas-fonds.
Tout jeune homme, Frank vit avec sa mère tenancière d’un bordel. Prisonnier du milieu du crime et du vol, c’est avec une totale indifférence qu’il tue pour tuer et enfin assassine une pauvre vieille qui l’avait hébergé enfant et l’avait entouré de tendresse. Dépourvu de toute empathie, il volera la collection de montres laissée par son défunt mari et les revendra à un mafieux.
Pourtant, en cours de lecture, le roman de Simenon porté par des illustrations remarquables, arrive à porter le regard de Frank sur ce qu’on comprend être une envie de vie simple avec un toit, une femme gentille et un enfant. On comprend aussi que ce désir de rédemption est lointain, anesthésié, inaccessible car le jeune Frank est bien trop enfoncé dans l’abjection.
Il finira par se faire arrêter et avouer son crime. Il sera fusillé. « Feuer ».
Très sombre ce roman prend aux tripes d’autant plus que le scénario et les dessins talentueux savent traduire la noirceur de la pauvre vie de ce petit criminel prisonnier de son destin à une époque obscure et en qui on voit malgré tout, une toute petite étincelle d’humanité fichée tout au fond d’un tunnel sans fin.
Excellente BD. Le travail d’illustration est captivant. (J’avoue avoir passé beaucoup de temps à scruter les pages, fascinée par les dessins).
Jean-Luc Fromental dont l’œuvre ne cesse de me ravir, offre en fin d’album, deux pages très intéressantes d’un texte intitulé « Âme blanche, neige noire » où il explique la psychologie de Simenon à l’époque en rapport avec l’écrit de son roman dont il avait dit à son éditeur en automne 1948 : « Terminé hier mon meilleur roman ».
Une ville en guerre, tenue par les forces d'occupation... Et toi qui a pris le couteau de ton ami Kromer pour tuer un homme. un sergent, un vicieux. Tu lui piques son arme et tu rentres à la maison. Tu t'endors le sourire aux lèvres.
Dans ce roman paru en 1948, Simenon raconte la vie de Frank Friedmaier, 17 ans, dans un pays indistinct piétiné par les bottes d'un occupant non identifié. Frank ne fait pas grand chose à part vivre dans la maison de passe de sa mère et préparer des mauvais coups. Contrairement aux appartements voisins, on y boit et mange bien, au chaud, on profite des largesses de l'ennemi.
Pour accompagner l'adaptation de Fromental, on retrouve avec délectation Yslaire, qui après Baudelaire, s'empare de l'univers de Simenon. Avec son talent habituel, il donne beaucoup de relief et de force à un hiver gris et à des personnages cyniques voire franchement détestables.
Après "Le passager du Polarlys", Dargaud publie ici dans sa Collection Simenon la deuxième adaptation d'un roman dur du créateur de Maigret. Après Christian Cailleaux, Yslaire relève lui aussi haut la main le défi de l'adaptation graphique. Une valeur sûre.
L’art suprême de la guerre est de soumettre l’ennemi sans combattre.
Olrik y était presque...
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