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A deux mois du 11 septembre, l'ouverture des Assises, en novembre 2001, est empreinte d'une certaine gravité.
En exergue, une citation de Nelly Sachs : "Peuples de la terre/Ne détruisez pas l'univers des mots/Ne coupez pas avec les couteaux de la haine/Le son qui naquit avec le souffle." A la hauteur des circonstances, la conférence inaugurale de Michel Deguy s'intitule "Guerre et paix". Lyrisme et rigueur de pensée s'allient dans son discours qui, après Mallarmé, nous rappelle que les langues sont "imparfaites en ceci que plusieurs", et qui en décline les conséquences.
Une grande amoureuse de la langue française, Colette, est ensuite à l'honneur lors d'une table ronde animée par Nicole Ward Jouve. Traducteurs en espagnol, italien ou russe redisent une fois de plus que traduire Colette a été pour eux une tâche aussi délectable qu'impossible : beaucoup de perte, quelques bonheurs de re-création. A la hauteur des circonstances, elle aussi, la conférence de Rachel Ertel, qui s'intitule "Hantise de mort, hantise de mots traduire le yiddish".
Rachel Ertel est la grande spécialiste en France de cette langue devenue "la langue de personne", qu'elle s'attache avec ténacité à sauver de l'oubli. Cette langue qui est devenue "lieu de mémoire, lieu de mort, lieu d'une mémoire de la mort, d'une mémoire morte, d'une mémoire pour personne". La deuxième table ronde, dirigée par Jürgen Ritte, est consacrée à la traduction de Franz Kafka. Aux traductions, faudrait-il dire, car plusieurs écoles s'affrontent.
Le débat reste courtois : toutes les options choisies ont leur raison d'être et sont défendues par des spécialistes de grande compétence et d'entière bonne foi. Les perspectives, bonnes ou mauvaises, de la profession de traducteur littéraire pour l'avenir immédiat ou à plus long terme sont évoquées sous des angles divers : dans le débat animé par Claude Bleton sur le projet européen RECIT, le réseau européen des centres de traducteurs créé en mars 2000 ; mais également dans la table ronde ATLF animée par François Mathieu : "Le traducteur du XXIe siècle." Il y est longuement question de l'avancée que représente la SOFiA, Société française des intérêts des auteurs de l'écrit, créée en 1999 par la SGDL.
Ces Actes sont dédiés à Julia Tardy-Marcus, disparue depuis les Assises, et qui laisse un grand vide.
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