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Des animaux qui se révoltent contre leur fermier et qui décident de fonder une communauté dans laquelle ils seront tous égaux, et cela va mal tourner...
L'écriture est fluide et le propos sarcastique.
Les thèmes sont toujours d'actualité. On ne peut que sourire quand les animaux sont unanimes pour que les plus âgés ne travaillent plus mais s'affrontent sur l'âge de la retraite.
Ce petit roman dénonce le totalitarisme, les révolutionnaires qui se transforment en dictateur mais Orwell n'était pas pour le statut quo et ne condamnait pas les révoltes du peuple contre les élites.
Laissons-lui le mot de la fin : "Je voulais que la morale du livre soit que les révolutions ne peuvent déboucher sur un progrès général que si les masses se montrent vigilantes et savent se débarrasser de leurs chefs dès qu'ils ont rempli leur rôle".
Suivez mon regard...
Georges et Lennie voyagent ensemble, offrant leurs services dans les ranches. La plupart du temps, les journaliers voyagent seuls et leur but est de pouvoir dépenser en fin de mois leur maigre salaire en se payant un verre et une fille. Georges et Lennie, c'est différent ils ont un rêve, celui d'avoir leur propre ferme. Lennie, innocent, souhaite pouvoir nourrir les lapins. Il est une charge pour Georges, mais celui-ci est bon et il a promis de s'occuper de lui. Il provoque pourtant beaucoup de grabuge par le fait qu'il a une force physique redoutable et ne connait pas ses limites. de plus, c'est une époque où on n'aime pas les vieux, les noirs et les handicapés et ce quelle que soit la classe sociale dans laquelle on se trouve. le monde a t-il changé aujourd'hui ???
Les animaux de la ferme font leur révolution, mettent dehors le propriétaire et s'approprie les lieux. le but est que chacun apporte comme d'habitude sa contribution au travail, selon ses capacités, tout en restant libre et en ayant suffisamment à manger. Tout part de bons sentiments, mais c'est sans compter l'avidité du cochon Napoléon...
On retrouve tous les mécanismes de la mise en place du fascisme. On associe facilement à ce cochon Staline ou Hitler. Cela monte en puissance tout au long du roman, à en devenir oppressant.
Je comble mes lacunes : j'ai enfin lu Orwell !
Le cochon Sage l'Ancien l'avait prédit peu avant de mourir : un jour les animaux de la Ferme du Manoir se révolteraient, en chasseraient les propriétaires, les Jones, et s'organiseraient entre eux pour la faire fonctionner avec une meilleure qualité de vie pour tous.
La prédiction se réalisera quelques mois plus tard : conduits par trois cochons, Boule de Neige et Napoléon, les deux leaders, et Brille-Babil, leur porte-parole, les animaux se rebellent contre la violence de Mr. Jones et ses sbires, et les obligent à fuir.
La ferme est rebaptisée Ferme des animaux, et des principes de fonctionnement démocratiques sont établis et acceptés par tous (bien que pas toujours compris...). Mais bien vite les deux leaders s'octroient quelques privilèges que Brille-Babil se charge de justifier aux yeux des autres...
Avec beaucoup de finesse et un humour caustique (on est plus près de Guy Bedos que de Raymond Devos), George Orwell dénonce les ficelles du totalitarisme et les travers de l'homme (si l'on veut bien accepter que les cochons de la fable ne sont que notre caricature), qui ne serait pas naturellement bon et désintéressé...
Avec le recul du temps (le roman a été écrit en 1943), on ne peut manquer de faire le parallèle avec l'histoire de la Russie et du communisme : il y a le vieux sage (Marx ou Lénine ?), le conflit entre deux leaders (Staline et Trotski ?), la garde rapprochée, et privilégiée autour du leader (le parti ?), la méfiance envers un environnement présenté comme hostile, ce qui justifie toutes les dérives, la capacité à ré-écrire l'histoire, et même "les blancs" qui passent à l'ennemi...
C'est d'ailleurs la faiblesse de l'oeuvre : elle est datée ! Nul doute que, dans la première moitié des années 1940, la fable a pu, et du, surprendre, sous la plume d'un homme se revendiquant du socialisme. D'autant qu'à l'époque, l'URSS et les grands pays occidentaux étaient unis contre le nazisme. Aujourd'hui, sur le fond, la trame de l'oeuvre apparaît comme la chronique d'un échec annoncé, et aujourd'hui bien réel.
Restent la richesse de l'écriture de l'auteur, et, si l'on veut bien se projeter 80 ans en arrière, sa vision, pessimiste, de l'avenir...
http://michelgiraud.fr/2020/07/12/la-ferme-des-animaux-george-orwell-belin-gallimard-formidable-fable-antitotalitaire/
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