Commémorons les 400 ans de la naissance du dramaturge avec une sélection d'ouvrages indispensables
Commémorons les 400 ans de la naissance du dramaturge avec une sélection d'ouvrages indispensables
L'École des femmes de Molière, Nouveaux Classiques Larousse, 1965 (pièce écrite en 1662)
Une envie soudaine de littérature du XVIIème siècle, un besoin de comédie. Cela tombe bien, j’ai gardé mes classiques étudiés au collège.
Un barbon trahi par une ingénue, qu'il avait le ridicule et la prétention de vouloir épouser, l’ayant fait élever tout en la préservant du monde, tel est le thème de cette pièce.
Une intrigue simplement bâtie sur un quiproquo : Arnolphe se fait, par vanité, appeler Monsieur de la Souche ; ignorant ce double nom, Horace, étourdi et spontané, lui confie son amour pour Agnès et son mépris pour son rival.
L’action proprement dite a lieu en dehors de la scène. En effet, les diverses péripéties sont racontées par les différents personnages : la série de révérences entre Agnès et Horace, le jet de pierre, le coup de pied au petit chien, les allées et venues d’Arnolphe, l’escalade et la chute…
Un bon comique de situation à travers les mimiques et les grimaces d’Arnolphe et le bon sens de l’ingénue, les réactions du couple de valets…
Des moments de grosse farce aussi, surtout quand Alain et Georgette entrent en scène.
Une certaine philosophie de vie car le remède se révèle pire que la peur du mal : Arnolphe est un bourgeois qui craint d’être cocu ; c’est pourquoi il a pris en charge l’éducation d’une jeune orpheline, la tenant éloignée de tout, en faisant une sotte, ignorant tout des choses de la vie. C’est justement cette innocence qui va se retourner contre lui.
Des personnages aux multiples travers : Arnolphe est trop précautionneux, jaloux et intrusif ; Horace est fat, naïf, écervelé et bien trop bavard ; les valets sont bornés, mais rusés dès qu’il s’agit d’argent…
Des évolutions spectaculaires ! Agnès s’éveille à l’amour et devient de plus en plus perspicace ; Horace l’aime d’un amour sincère, ce qui le rend sympathique ; Arnolphe est prêt à tout promettre pour gagner le cœur d’Agnès…
À noter que L’École des femmes a été jugée immorale à sa sortie car Molière s’y moquait du mariage, de la famille et de la religion et exploitait les faiblesses de l’ignorance tout en rabaissant les femmes…
Personnellement, j’ai une lecture plus positive de cette pièce, voyant presque une posture féministe chez l’auteur, qui s’affranchit des diktats de son temps, prônant l’éducation des jeunes filles. Certains propos de Chrysalde vont dans ce sens.
Une pièce que j’ai pris plaisir à relire.
Seul bémol selon moi : le dénouement, un peu capillotracté, donne un fin un peu bâclé et vite expédiée. Mais c’était la mode à l’époque.
Pour celles et ceux que cela intéresse, je donne un lien vers France Culture, pour écouter une représentation enregistrée par l'ORTF, avec Michel Aumont dans le rôle d'Arnolphe, et Isabelle Adjani dans celui d'Agnès :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-nuits-de-france-culture/l-ecole-des-femmes-de-moliere-dans-une-mise-en-scene-de-jean-paul-roussillon-1ere-diffusion-26-08-1973-6521512
#lesglosesdelapiratedespal
Molière nous fait toujours rire en tournant en dérision la bourgeoisie qui veut imiter la noblesse dans ses manières et son langage. Sa critique de la bourgeoisie est fine car il n'y a que le ridicule pour abaisser les prétentions d'une caste qui cherche à monter dans l'échelle sociale, mais les précieuses ridicules sont trop sottes pour parvenir à imiter les grands. La pièce est aussi une moquerie de ces salons féminins qui tentent vainement de jouer un rôle influent dans les milieux intellectuels et cela avec peu d'éducation. La dérision est un art chez Molière.
Bonjour. La Jalousie du Barbouillé: perfide Angélique à qui l'on donne le Bon Dieu sans confession. Comme d'habitude , Molière nous décrit des personnages truculents : des perfides ; des naïfs; des pédants ; et c'est un régal!
Les histoires se suivent ; le petit plus , chaque pièce est précédée de sa petite histoire , date , situation , raison de l'écriture . La vie de Molière nous est décrite avant chaque oeuvre
On découvre certaines pièces moins connues au milieu des plus célèbres , comme , le Médecin volant où un bourgeois veut que sa fille épouse un homme riche . Et c'est avec joie que nous retrouvons d'espiègles valets , des soupirants qui ne savent à quel saint se vouer , des pères qui meurent et ressuscitent et l'Amour gagne toujours...
Certaines pièces sont plus courtes que d'autres mais toutes aussi aimables.
On peut les lire d'une traite ou les entrecouper d'autres lectures, c'est à chacun sa façon . Mais une fois de plus on sourit , on rit à ce spectacle caricatural d'un monde qui n'est plus le nôtre et pourtant...N'est-il pas encore des hommes menteurs , tricheurs , farceurs , amoureux? Belles lectures . Prenez soin de vous
Il y a longtemps que je n’avais pas ressorti un classique… J’ai envie de vous parler du Malade imaginaire de Molière…
Une pièce parodique où l’hypocondrie est tournée en dérision : Argan est un mari tyrannisé par sa jeune épouse qui en veut surtout à son argent. Persuadé d’être toujours malade, il a une confiance aveugle en des médecins malhonnêtes qui l’entretiennent dans un état maladif, entre fantasmes et névrose. Apathique, désespéré, il ne voit d’espoir, pour préserver sa santé, qu’en l’union de sa fille Angélique avec un homme de médecine. Son choix s’est porté sur le neveu dégénéré d’un charlatan. Angélique, éprise de Cléante qui lui fait la cour travesti en maître de musique, refuse cette union que sa marâtre encourage avec hypocrisie. Bousculé par Toinette, sa fidèle servante, sermonné par son frère, Argan accepte de feindre la mort pour éprouver l’affection des siens. L’amour sincère de sa fille et la duplicité criminelle de sa femme éclatent alors au grand jour…
Dans mes années collège, je me souviens que l’accent était surtout mis sur le côté comique, caricatural, satirique… Pour le contexte, nous apprenions que Le Malade imaginaire, pièce créée en février 1673, était la dernière pièce de Molière et qu’il était mort à la suite d’un malaise sur scène.
Aujourd’hui, avec le recul, je préfère garder comme axe de lecture le personnage d’Argan, non pas seulement comme l’axe central autour de qui toute la pièce est construite puisque toutes les péripéties découlent de son caractère particulier, mais plutôt en tant que double intra-diégétique de Molière. Au-delà du ridicule et du comique, nous pouvons lire dans l’état maladif d’Argan les inquiétudes de Molière pour sa propre santé ; en effet, pendant l’écriture de cette pièce, Molière se savait gravement malade. Ainsi peut-on remarquer que, malgré l’abondance de ressorts comiques, chaque acte se termine par une évocation de la mort…
Paradoxe ou ambivalence de l’auteur ? La pièce est bâtie autour de l’opposition constante du vrai et du faux : l’auteur souffrant met en scène un faux malade, écrit des scènes avec un vrai ou un faux maître de musique, un vrai ou un faux médecin, une vraie ou une fausse maladie, un vrai trépas ou une mort simulée…
Voilà des réflexions qui teintent de gravité Le Malade Imaginaire…
À lire et relire, même si les comédies-ballets n’ont pas ma préférence.
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