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Dès la naissance, Madeleine s'inscrit dans le silence, un monde qui n'appartient qu'à elle ou peut-être au contraire quelque chose qui l'envahit, qui est inscrit dans ses gènes et qu'elle ne contrôle pas. Madeleine ne demande qu'à dissiper ses doutes, pour ne plus avoir à se protéger et s'autoriser à être elle-même. Mais y parviendra-t-elle ?
Plus qu'un roman, c'est un parcours complexe et intérieur auquel on assiste. L'histoire est intime et captivante pour dire l'invisible, le poids des émotions.
On suit Madeleine avec ses blessures contenues, sa nécessité de se conformer autant que de se soustraire. Il y a quelque chose en elle de fragile et de bouleversant à flirter avec l'incandescent, l'impalpable. Les obsessions de mort, d'angoisse liées à celles-ci sont récurrentes, décuplant les enchères de survie.
Madeleine se nourrit d'espace, remplit ses souffrances par le biais de la lecture et de l'écriture. Elle grandit, vit et se construit avec ses difficultés. Elle nous dit l'exigence que cela demande, les peurs qu'il faut apprivoiser.
L'écriture est à mi-chemin entre poésie et mysticisme. C'est un voyage lucide, une quête d'identité que revendique Madeleine. La route est longue, jalonnée de rencontres et de péripéties.
Et il faut parfois des secousses sismiques pour sortir de soi-même et inviter l'audace à s'exprimer pour se réaliser : le fruit d'une puissante et belle expérience ô combien nécessaire !
Les pages qui ouvrent ce roman offrent des phrases intrigantes, floues, répétitives et peu construites. De quoi craindre pour la suite. Mais l’on est récompensé de sa curiosité et de la sensation désagréable du début de lecture en constatant que la langue se discipline, se cadre et l’on comprend que l’effet produit au départ est le reflet du flou qui règne dans l’esprit de cette fillette peu encline à s’exprimer et tenue à distance d’un bain de langage fondateur .
« La mère aimait bizarrement la petite Madeleine, elle la protégeait des autres en silence, par un fil invisible qui imposait sa loi à tous les membres de la famille, y compris au père, quand il était présent. Personne ne devait faire de mal à cet enfant. Il arrive encore que Madeleine devenue adulte ait une hallucination, toujours la même : elle entend le silence qui l’unissait à sa mère. Entre elles la langue était donc le silence mais un silence bavard qui parlait en secret à l’enfant. Personne ne connaissait la langue qui soutenait ce silence, et cependant cette langue pesait son poids dans le corps et le cerveau de l’enfant, c’est devenu une certitude pour Madeleine »
De l’enfance à l’âge de femme, Madeleine entretient une relation complexe avec le langage, mais aussi avec les autres, et développe des mécanismes de protection qui l’enferment dans un isolement que ne trahit pas son attitude, même si elle est malgré tout perçue comme solitaire.
Les années passent et l’on assiste l’éveil des sens et à une certaine ouverture sur le monde, malgré les difficultés à ouvrir grand la porte de ses ressentis, entravée par un secret de famille. L’écriture en sera-t-elle la thérapie ?
L’intérêt pour ce récit s’est développé avec la progression du récit, l’écriture connue des primevères pages prend tout son sens dans l’histoire. Malgré tout, une petite déception sur la fin, qui ne tient pas ses promesses.
Merci à Netgalley et aux éditions Librinova
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