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Vous vous souvenez de ma bonne résolution 2019, « commencer moins de nouvelles sagas » ? C’est plus facile à dire qu’à faire … Je suis tout simplement incapable de résister à l’attrait d’une série prometteuse, et ce même si j’ai déjà beaucoup trop de sagas en cours … Car le problème n’est pas de commencer une nouvelle saga, finalement : le problème, c’est de réussir à les terminer. Dans l’idéal, il faudrait que tous les tomes soient déjà sortis, et pouvoir se les procurer en une seule fois, pour pouvoir se faire un merveilleux marathon … Mais dans la réalité, cela fonctionne rarement comme ça ! Heureusement, pour Project Viper, j’ai eu la chance d’avoir les deux premiers tomes en même temps, histoire de pouvoir les lire d’affilée … un vrai bonheur ! Mais aussi une sacrée frustration : je veux la suite maintenant ! Et cela d’autant plus qu’Ellen Raven Martin, adorable par ailleurs, est vraiment cruelle envers ses lecteurs : la fin est tout simplement atroce !
Kayla en est persuadée : Blayne, son fiancé, n’est pas mort dans l’incendie qui a ravagé leur appartement. Pour le retrouver, pour lui présenter son fils, leur fils, pour que ce petit bébé ne grandisse pas sans connaitre son père, la jeune femme est prête à absolument tout. Même à s’allier avec un illustre inconnu masqué, qui se fait appelé l’Augure, dont nul ne connait réellement les motivations. Même à se jeter dans la gueule du loup en s’infiltrant chez Pinxit Industrie. L’arrivée de Kayla sème le trouble au sein des Vipers : Shadow la hait viscéralement, convaincue qu’elle n’est pas digne de confiance et qu’elle représente un danger pour la fraternité, et par conséquent pour leur « Père », Aryan Turner … Centurion, quant à lui, se sent inexplicablement attirée par la jeune femme, et est prêt à lui accorder toute sa confiance. Entre les deux frères, la tension est plus forte que jamais … Parviendront-ils à faire face à la menace que le mystérieux Augure fait peser au-dessus de Pinxit malgré leurs différents ?
Le premier tome était très bon … mais celui-ci est tout simplement excellent ! On entre réellement dans le vif du sujet, dans le cœur de l’action, et c’est tout simplement époustouflant. Les complots se multiplient, s’accumulent, se nouent, s’entremêlent : on ne sait plus du tout qui est aux commandes de toutes ces machinations ... et on ne peut que faire des suppositions sur les motivations réelles de ces mystérieux meneurs. On ne sait plus à qui se fier, et surtout, on ne sait plus du tout qui classer chez les « gentils » et qui classer chez les « méchants » … car personne n’est réellement « gentil » dans cette histoire. Même Kayla, qui semble au premier abord animée de la plus belle des intentions – retrouver son fiancé pour réunir sa petite famille –, accepte finalement pour atteindre cet objectif de sacrifier allégrement pleins d’autres personnes … L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on. Avec cette saga, la frontière finalement assez artificielle entre le bien et le mal s’efface totalement : on le voit parfaitement ici, c’est rarement au nom de ces grands principes qu’un individu agit … il agit principalement pour satisfaire ses intérêts propres. Mais la fin justifie-t-elle les moyens ? A chacun d’en juger.
Souvenez-vous : dans le premier tome, nous avons assisté à la déshumanisation progressivement de Blayne et Skylar, devenus Centurion et Shadow. Véritables machines de guerre humaines, entièrement dévoués à celui qu’ils nomment Père, les deux Vipers semblent ne plus ressentir la moindre émotion, à part peut-être la volonté farouche d’être le favori d’Aryan Turner. On le sent, la moindre étincelle risque de mettre le feu aux poudres et de transformer leur rivalité en véritable chaos fraternel … Le lien qui unit Centurion et Shadow est pleine d’ambivalence, d’ambigüités, de paradoxes. Ils sont attachés l’un à l’autre, tels deux frères, ils se sentent responsables l’un de l’autre et n’hésiteront pas une seule seconde à tuer quiconque fera du mal à l’autre … mais ils se haïssent, aussi, chacun étant jaloux de la place de l’autre, de l’importance que l’autre a aux yeux de Père. Tels deux loups alpha qui se disputent la dominance de la meute. L’arrivée de Kayla vient rompre le semblant d’équilibre qui régnait encore : les passions se déchainent, les divergences d’opinion s’affirment, et les voici qui se liguent l’un contre l’autre tandis que des bribes d’humanité refont surface. Des failles apparaissent dans leur formatage tandis que les sentiments viennent bouleverser leur rationalité parfaite … et mettre en danger leur fraternité et leur maitre.
Qu’il est difficile de vous expliquer pourquoi j’ai tant aimé ce livre sans trop vous en dévoiler ! C’est un livre bien plus « complet » qu’on ne peut le penser au premier abord : il ne s’agit pas uniquement d’un roman bourré d’actions, de bagarres, de sang … Il ne s’agit pas uniquement d’un roman riche en rebondissements, en mystères, en complots et machinations socio-économico-politico-idéologiques. A travers ces histoires se pose finalement de grandes questions sur la nature humaine, sur le transhumanisme, sur la moralité, sur l’évolution de notre société. C’est discret, mais c’est présent en arrière fond. J’aime vraiment beaucoup …. Et cela d’autant plus que la plume de l’autrice est encore mieux maitrisée que dans le premier opus : c’est vraiment bien écrit, le style est vraiment riche, le rythme est superbement géré. C’est un livre qui se lit sans s’en rendre compte, tant la narration se calque avec brio sur ce qui est raconté : ça coule tout seul. Seules questions scènes d’action m’ont un peu perdue, mais rien de bien grave …
En bref, vous l’aurez bien compris, si j’avais beaucoup aimé le premier opus, j’ai amplement préféré ce second tome ! Une fois encore, Ellen Raven Martin n’épargne si ses personnages ni ses lecteurs : âmes sensibles s’abstenir, et surtout, ne lisez pas pendant les repas ! Aussi étonnant que cela puisse paraitre quand on connait les personnages, qui n’ont rien de vrais héros honorables, on s’attache énormément à Blayne, Shadow, Kayla … Ils sont, finalement, victimes du hasard : ils sont nés au mauvais endroit au mauvais moment et se retrouvent bien malgré eux au cœur de conflits et complots qui les dépassent et leur volent leur existence. On les plaint … mais un peu seulement, car ne nous voilons pas la face : sans leurs souffrances, physiques et psychologiques, l’histoire serait drôlement moins captivante et palpitante ! Des histoires de rébellions et de machinations, il y en a plein, mais celle-ci se démarque des autres justement parce que la douleur de ces protagonistes est le fil-rouge de l’intrigue … A moins que ce ne soit la douleur du lecteur n’ayant pas le tome suivant sous la main ?!
https://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2019/07/project-viper-tome-2-faceless-ellen.html
S’il y a un sous-genre de la science-fiction que je n’ai que très peu exploré encore, c’est bien le cyberpunk … Pourtant, les thématiques abordées ont de quoi m’attirer : humanité plongée dans le chaos social suite à un progrès technologique et/ou politico-économique néfaste, intelligences artificielles, androïde, cyborg, société violente et décadente, multinationales ... Mais jusqu’à présent, je n’avais pas osé passer outre la mention « âmes sensibles s’abstenir » qui accompagne généralement les ouvrages de cyberpunk … En tant qu’hypersensible, je n’étais pas vraiment certaine d’être parée à plonger dans ce genre d’univers ultrasombre et violent. Mais finalement, après avoir survécu sans trop de séquelles psychologiques aux ouvrages d’Aurélie Wellenstein, je me suis dit qu’un peu de cyberpunk ne me ferait ni chaud ni froid, et j’ai allégrement accepté la proposition d’Ellen Raven Martin. Et j’ai vraiment drôlement bien fait : loin de me traumatiser, ce premier tome a su me divertir et me faire passer un bon moment de lecture !
Le Conglomérat. Une association de diverses industries essentielles au bon fonctionnement de la Fédération. Une association largement dominée par Pinxit Industries. Aryan Turner, PDG de cette multinationale fabriquant les meilleures augmentations cybernétiques du monde, propose à ses collaborateurs un projet qui, officiellement, leur assurera le soutien inconditionnelle de la Présidente, grande actionnaire du Conglomérat, et qui, officieusement, fera de lui un des hommes les plus craints et respecté du pays. Il s’agit du Projet Black Viper : créer des surhommes. Non pas de simples cyborgs augmentés, non pas de simples droïdes mus par une intelligence artificielle. Non. Les Vipers seront un mélange parfait entre l’homme et la machine, des agents plus efficaces que le plus efficaces des robots, capables de prendre des initiatives … mais totalement dévoués à leur créateur, incapables de trahir …
Entre auteurs, on dit souvent que « le personnage principal, c’est celui qui souffre le plus ». Autant vous dire qu’Ellen Raven Martin a appliqué ce dicton à la lettre : ceux que nous pouvons considérer comme les protagonistes centraux de cette histoire – à savoir, Blayne et Skylar – sont indéniablement ceux qui souffrent le plus. D’ailleurs, leur souffrance elle-même – physique pour le premier, psychologique pour le second – fait partie intégrante de l’intrigue : elle est au cœur-même du processus consistant à faire d’eux des Vipers. On ne va pas se mentir : certains passages sont tout simplement insoutenables. Briser. Soumettre. Renaitre. Telles sont les trois étapes que vont traverser nos deux « héros » – si l’on peut dire, car il n’y a pas une once d’héroïsme dans ce roman, rien que les plus sombres facettes de l’âme humaine. Petit à petit, on les voit renoncer à leur propre identité, à leur propre humanité. Blayne et Skylar deviennent progressivement le Centurion et l’Ombre. Au gré des tortures et des manipulations, au fil des expérimentations, des greffes et des formatages mémoriels, on est témoin de leur déchéance, de leur déshumanisation.
D’un côté, c’est un processus terrible : on souffre pour ces deux hommes, qui ne sont certes pas des saints, mais qui ne méritent clairement pas un tel traitement. Car les scientifiques chargés de « mettre au point » les agents Vipers sont de véritables monstres, qui aiment observer et produire la souffrance chez autrui. Ils n’épargneront rien à nos deux protagonistes : tortures physiques et psychologiques sont le lot quotidien de ces deux cobayes qui n’avaient rien demandé. C’est parfois à la limite de l’insoutenable … Et pourtant, deux choses viennent « atténuer » l’horreur de ces monstrueuses expérimentations humaines : l’insertion des rapports des scientifiques, factuels et détachés, qui créent une sorte de « distance » dérangeante (les sujets d’expérimentation ne sont plus que des matricules) mais bienvenue sur le plan émotionnel … et la personnalité de Zeera, la médecin que nous suivons le plus. Zeera est folle à lier, sadique à point, et elle a un sale caractère. Elle est détestable … mais je dois avouer avoir une once d’affection pour elle. Car sur bien des points, Zeera me rappelle la mère d’un de mes personnages de jeux de rôle textuel (personnage que j’ai tant aimé incarner que je compte lui donner une nouvelle vie dans un roman). De plus, sa folie a quelque chose d’assez … sympathique chez un personnage de roman, car on sait pertinemment qu’elle ne va pas sortir du livre pour nous disséquer, donc on peut se permettre de sourire à chacune de ses interventions.
Avec ce premier tome, Ellen Raven Martin nous invite donc finalement à faire la « connaissance » de ces deux individus qui vont devenir les deux premiers agents Vipers. Il s’agit indéniablement d’un tome introductif destiné à nous faire comprendre la genèse de ce projet dément et inhumain : transformer un être humain en machine. Il ne se passe finalement rien d’autre que la transformation physique et psychique de ces deux hommes en véritables « chiens de garde », agents implacables car dénoués de toute volonté autre que celle d’obéir aveuglément à leur « Père », Aryan Turner. Quelques intrigues secondaires sont mises en place, mais j’avoue qu’elles ne m’ont pas passionnées : j’avais le sentiment qu’elles n’étaient là que pour « pimenter » artificiellement la situation, et non pas de préparer le terrain pour les tomes à venir. Adeptes des rebondissements à répétition, sachez que ce premier tome est un peu « maigre » de ce point de vue-là … mais on sent que le meilleur reste à venir et que l’action est prête à débuter dans le tome suivant !
En bref, vous l’aurez bien compris, bien que ce ne soit pas un coup de coeur, j’ai vraiment apprécié ma lecture. Il y a quelque chose d’assez fascinant dans ce processus de déshumanisation programmée, de déchéance planifiée, de deux hommes au fort caractère qui se transforment bien malgré eux en bras armés d’un homme dont on ne sait finalement rien. Derrière cette sombre histoire se cachent finalement la décadence de l’humanité, dont les nouvelles divinités s’appellent « argent » et « pouvoir ». Ellen Raven Martin nous plonge au cœur d’un univers où les hommes ne sont plus uniquement de chair, mais également de métal : prothèses de toutes sortes, implants cérébraux de traduction. Mais un homme est-il encore un homme si tout son corps n’est plus que technologie ? A vouloir « transcender » la nature humaine en créant un homme « parfait », sans la moindre infirmité ou faiblesse physique ou psychique, ne risque-t-on pas au contraire de tuer tout ce qui fait qu’un homme est un homme ? Une chose est sûre : les deux Vipers que nous présente ce livre n’ont plus rien à voir avec les hommes qu’ils étaient au début de l’histoire … Et il ne fait aucun doute que nous n’avons encore rien vu : heureusement que j’ai le second tome sous la main !
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2019/06/project-viper-tome-1-rising-ellen-raven.html
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