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Un écrivain, Augustin, vient de se séparer de la femme qu'il a passionnément aimée. Cette rupture le précipite dans une immense détresse. Il cherche alors à exprimer l'indicible : tout ce qui se joue de si mystérieux, de si vertigineux, dans le huis clos d'un couple. Tandis qu'il écrit sur son intimité avec Esther, le souvenir lui revient des autres femmes qui ont traversé sa vie. Où se construit l'émotion que l'on éprouve soudain pour un visage ? Pourquoi celui-ci plutôt qu'un autre ? Où se construit l'idée même de l'amour ? Dans l'enfance, bien sûr. Il revient au couple de ses parents, à cette époque si troublante de sa vie, pour tenter d'y déceler l'origine de ses échecs amoureux.
Depuis des années, livre après livre, Lionel Duroy tente de démêler l'imbroglio d'informations, de sensations, d'émotions qui tissent l'histoire d'une vie. Comme il l'avait si bien réussi dans Le Chagrin, et avec ce style parfaitement maîtrisé qui est le sien, il nous entraîne cette fois, dans une veine purement romanesque, à travers les méandres de nos sentiments les plus secrets et s'interroge sur les diffi cultés de son personnage à réussir sa vie sentimentale. Qu'est-ce qu'aimer ?
Une plongée dans les profondeurs insondables de notre inconscient. Lionel Duroy dissèque avec précision et constance la mécanique qui compose nos choix. Nous renvoyant sans cesse à l’enfance, ses allers retours entre l’avant et l’après sont servis par son style qui est un véritable bonheur.
Encore un livre très bien écrit par Lionel Duroy, qui fait un peu partie de notre famille dès lors qu'on en a lu quelques ouvrages. C'est sans lassitude aucune que j'ai retrouvé dans Vertiges ses parents, ses frères et soeurs, ses femmes, ses enfants, et une part de leur vie que je connaissais déjà. L'analyse des sentiments est précise, très étudiée, évidente et inéluctable. C'est presque effrayant : les peurs que l'on occulte au début d'une relation amoureuse se matérialisent-elles parce que les personnes se révèlent ou parce que cette peur change les comportements ?
"En écrivant ce livre, je pensais me sauver du désastre qu'à été notre enfance -nous étions des enfants sans valeur aux yeux de nos parents qui ne nous avait pas voulus- sauver ce qui pouvait l'être pour faire de ce bric-à-brac une oeuvre, et j'aurai été cette oeuvre, n'est ce pas, mais apparemment tout le contraire est en train de se passer- en me ramenant au dépit qu'éprouvait notre mère lorsqu'elle se découvrait enceinte, la haine des miens, me pousser à me demander si je vais garder ce livre ou le mettre à la poubelle".
Inlassablement, Lionel Duroy consacre son œuvre à disséquer ce même désastre. De livre en livre, il explore les mêmes obsessions, les mêmes blessures, les mêmes sentiments, mais sans jamais se redire tout à fait.
Dans "Vertiges", son propos est "d'expliquer la lente destruction avec Esther". Au moment où le couple se sépare, Augustin – le double de Lionel Duroy – se souvient de sa rupture avec Cécile, sa précédente épouse, leur éloignement progressif, après que Cécile est tombée amoureuse de l'architecte de leur nouvelle maison où ils venaient d'emménager avec leurs deux enfants. Il se remémore la vie ensuite, la naissance de deux autres enfants, l'achat d'une maison de campagne, quelques infidélités, son activité de prête-plume... Peu à peu s'insinue et s'amplifie en lui une douleur intérieure insupportable qui le pousse à s'enfuir dans les Balkans en guerre, l'écarte de sa vie quotidienne, jusqu'à être enfermé dans une solitude absolue où seule l'écriture le maintient en vie.
«Vertiges s’inscrit dans une même démarche que Le Chagrin, explique son auteur: une volonté de remonter à la source et de tout ré-expliquer, de tout réviser, avec le souci de tout nommer. Ici, j’essaie de comprendre où naissent les relations amoureuses, comment une chose qui, au départ, nous transporte, se transforme en quelque chose de très destructeur.»
Pour effectuer ce travail d'analyse, Lionel Duroy retranscrit minutieusement chaque instant, chaque émotion, chaque angoisse, ne nous épargne ni les larmes ni les comportements névrotiques, mesurant tout à l'aune des traumatismes de l'enfance. Son écriture, belle et obsédante, enferme avec le lecteur dans la spirale infernale dans laquelle l'auteur se débat depuis toujours, en rappelant des faits évoqués maintes fois, ce qui donne parfois une impression de déjà-vu. Cependant, si la trame, si l'intention, est récurrente, l'éclairage apporté aux personnages et aux événements est chaque fois nouveau, différent, selon l'écho ressenti alors par l'auteur. "Le même événement, commente-t-il, vu quelques années plus tard, produit en moi des échos plus profonds. La scène de ma mère cachée sous l’armoire, par exemple, j’ai déjà dû la raconter dans trois livres et, à chaque fois, cela me fait un effet différent."
Le désamour aussi produit chez Lionel Duroy un effet différent, car il n'est pas seulement éloignement, prise de distance, puis séparation, il est une véritable déferlante, dotée d'une puissance souterraine qui soudain explose en tsunami intime. Jusqu'aux questions ultimes et fondamentales : avoir coupé ses racines familiales empêche-t-il de rester longtemps amoureux, alors que la possibilité même de l'amour semble perturbée à jamais ? Et peut-on construire, conserver une famille, sur les ruines de la sienne ?
Écrivain des émotions et de l'intime, Lionel Duroy creuse sans relâche ses failles, fouille, explore, retourne à l'origine des choses, du "désastre", au gré d'une œuvre fascinante qui se répète obstinément, comme s'il cherchait dans l'écriture un apaisement, une justification, un salut, sans jamais trouver dans ces vertigineuses introspections que de quoi vivre.
Augustin/Lionel "souffre, et il veut comprendre pourquoi il souffre, si bien que livre en livre il tente de remonter à l'origine des choses, son enfance, sa mère, ses frères et soeurs, ses ruptures....Il n'a jamais fini, il fouille [..]. En même temps, je crois qu'écrire le maintient dans la vraie vie"
De ce fait, l'écriture de Lionel Duroy est totalement incarnée, jamais légère, jamais banale ni anodine, puisant dans les tréfonds de l'âme humaine. Les rares bonheurs sont toujours atténués par une douleur de vivre lancinante, jamais guérie. Emporté par ce bouleversant chaos, on ressort de cette lecture le cœur chaviré et l'esprit troublé.
"... le plus cruel, et le plus mystérieux aussi, c'est le basculement du souci permanent qu'on avait de l'autre dans un vide abyssal où l'on doit s'accoutumer à ne même plus savoir s'il est vivant ou mort. Huit jours plus tôt, on tremblait si l'autre avait une heure de retard en regardant par la fenêtre la pluie qui tombait dans le crépuscule hivernal, pourvu qu'il n'ait pas eu un accident, et maintenant on doit continuer de vivre, de manger et de dormir sans rien savoir de ce qu'il traverse. Est-ce que ce n'est pas la chose la plus stupéfiante qui soit? Celle qui nous renvoie le mieux l'image de notre insignifiance, de la précarité de nos attachements (...)?"
l'histoire est simple mais l'auteur a le ressenti complexe. mais c'est agréable de le suivre dans son vécu. sera t-il heureux un jour aura t-il enfin coupé le cordon avec son enfance et cette mère castratrice
En fait, on devient rapidement la compagne d'Augustin, avec l'envie de lui donner un petit coup de main, de lui expliquer comment ça fonctionne une femme et de lui dire que c'est bien et juste d'exprimer ses sentiments. Cela fait du bien et cela soulage ... Le roman de Lionel Duroy est agréable à lire, une écriture fine et distinguée, un langage proche qui rassure et ce sentiment de bien comprendre le coeur des hommes. Narcissique et fascinant !
Je n'ai pas encore lu Duroy...un jour peut-être mais je suis contente de rejoindre les discussions à son sujet et vous remercie de vos avis.
Bien à vous.
Or Pâle
http://lionel-duroy-un-jour-je-te-lirai.blogspot.fr/
Augustin, la quarantaine, écrivain, vient de se séparer de Cécile après vingt ans de vie commune et deux enfants Elle le trompe ouvertement avec son amant, ami du couple. Il trouve du réconfort dans les bras d'Esther qui est très amoureuse de lui mais lui n'arrive pas trop à s'investir dans cette nouvelle relation, continuant d'être amoureux de Cécile. Il restera cependant avec Esther plusieurs années, ils auront 2 enfants et quelques infidélités de la part d'Augustin.
Cœur d’artichaut Augustin ? C'est l’impression que j'avais mais au fil des pages, on comprend qu'Augustin a eu un héritage sentimental perturbé par ses parents,traumatisé par sa mère qui n’arrêtait pas de faire des enfants sans leur donner la moindre affection et un père faible et soumis. Augustin passera sa vie à chercher l'Amour, incapable de saisir l'instant présent.
Lionel Duroy nous emporte dans les vertiges de l'amour.Nous assistons à la destruction progressive de ses deux grands amours. Le ton est vivant, il n'y a aucune lassitude, du pur bonheur.
> Au fil des pages, j'ai lu ce livre de plus en plus lentement tant je voulais rester plus longtemps avec lui... tant je voulais m'attarder auprès d'Augustin, le narrateur, et l'accompagner dans sa vie, le suivre dans ses rendez-vous, avec sa femme, ses femmes, présentes ou passées... et être, comme lui, pris dans le vertige des inlassables sentiments si complexes dans leur flux et reflux.... et de me surprendre à décortiquer, avec lui, le mystère de la naissance des amours et de leurs fins... Moi, lecteur, par dessus l'épaule d'Augustin-écrivain, écrivant sur sa vie, j'en ai retiré un plaisir de gourmet.
> Écriture agréable, fouillée, qui permet, par la précision de l'analyse, de bien s'installer dans l'histoire et d'en suivre les sinuosités sans se lasser un seul instant... J'ai aimé cette narration d'homme qui ne prend pas des postures d'homme et dont on partage toute la sensibilité car il l'exprime si bien.
> Faut-il en dire plus ? Je ne le pense pas. J'espère que cet élan que j'ai eu pour ce livre sera partagé.
Jérôme Touzalin
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