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Tomi Motz, un ingénieur de 50 ans, est mandaté par son entreprise pour contrôler les installations du barrage de Seyvoz. L'histoire tragique de ce barrage - dans les années cinquante son édification a provoqué l'engloutissement d'un village de montagne et la dispersion d'une communauté - remonte à la surface, et Tomi voit sa mission empêchée par une série de dérèglements sensoriels et psychiques. Autour de lui tout tangue, les paysages et les comportements, l'environnement et sa raison vacillent.
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Seyvoz. Le nom du plus grand barrage hydro-électrique des Alpes, mais avant cela, jusqu'aux années 50, le nom d'un village, désormais englouti sous les eaux, sacrifié sur l'autel de la modernité.
C'est ici que Tomi Motz, ingénieur parisien, est dépêché par son supérieur pour venir superviser des travaux de contrôle. Mais à son arrivée, le technicien censé l'accueillir est absent et c'est donc seul qu'il va se rendre sur les lieux. Récit de quatre jours où il va arpenter les lieux, comme attiré par une force magnétique qui le lie à ce endroit majestueux, quatre jours où il va être en proie à des troubles sensoriels et psychiques étranges, l'éloignant de la réalité. Et chaque jour, le récit est interrompu par des bribes du passé qui nous conte le récit des derniers jours de ce village, entre colère et résignation.
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J'avais manqué ce roman à sa sortie et je suis heureuse que sa parution en poche lui donne une nouvelle visibilité. Ecrit à quatre mains, il alterne les temporalités comme il alterne entre passé documenté et présent fantasmé. Cette alternance souligne aussi la totale opposition entre cet avant et cet après. Le silence de la montagne qui succède au refrain des trois cloches de l'église. Le froid, le vide et la minéralité du béton qui répondent au vide laissé par les générations d'habitants, contraints d’abandonner leur vie. L'aspect menaçant de cette eau "opaque", "liquide épais" à la "luisance mate" qui s'oppose aux derniers instants de vie de ce village, tel ce mariage célébré quelques jours avant la mise en eau. J’ai été touchée par la façon dont le duo d'autrice décrit l'impuissance de ces villageois, leur détresse et leur colère mais aussi le sacrifice de ces ouvriers, qui dans des conditions dantesques contribueront à la construction de ce monstre qui engloutira 52 d'entre eux. Elles content aussi avec force détail la modernité agressive de cette centrale dont les pylônes "colonisent le paysage", rendant ce paysage majestueux austère, voire hostile.
Si j'ai beaucoup aimé le récit des derniers jours de ce village, j'ai moins accroché au récit de ce présent qui frise avec le surnaturel.
Peut-être parce qu'ayant grandi au plus près de la montagne, j'ai du mal à y voir autre chose que de la beauté. Peut-être parce que je suis plus sensible au réalisme qu'au fantastique.
Une histoire néanmoins fascinante que j’aurais aimé peut être un peu plus longue.
Difficile de faire plus complet et juste que l'avis de GHISLAINE DEGACHE, aussi me contenterai-je de dire que j'ai été séduite par la construction habile mêlant présent et passé, le style adapté aux errances du héros et la force des images suscitées par les deux narratrices.
J'ai aimé ce livre qui entremêle habilement présent et passé, réalisme et fantastique. Même si le thème du barrage est présent dans les publications récentes antérieures à Seyvoz ( chez M. Desbiolles etF.Bouysse par exemple) le livre Seyvoz est intéressant : c'est une écriture à quatre mains, concentré sur quatre jours il dit en partant du présent la violence de l'engloutissement du chef-lieu Seyvoz sans porter de jugement et ce passé décrit de façon très visuelle qui percute notre présent est un appel à la réflexion sur ce que la construction du barrage de Tignes a « défait « , c'est aussi une mise en mots de ce que l'on peut considère comme des sacrilèges quand il s'agit par exemple de détruire un cimetière, une église, une école.
Et le début de l'histoire?
Timo un ingénieur est appelé à se rendre au barrage Seyvoz pour de la maintenance. Les auteures nous plongent des le premier jour dans des incertitudes : Tomi ne rencontre pas Brissogne avec qui il a rendez-vous, une jeune femme en Clio rouge vient l'aviser que son collègue ne viendra pas, quand Tomi veut pourchasser sa Clio rouge, elle se volatilise.Tomi est hébergé à l'hôtel
Du Val-Perdu dont le lecteur se demande s'il est bien réel, on n'y croise aucun client, le Val Perdu n'est-ce pas la nostalgie du vieux Seyvoz englouti par les eaux en 1952 quand le barrage est construit .Des faits étranges font irruption dans le récit jusqu'à la fin.?Puis les auteures intercalent des événements du passé comme le récit de la disparition de Joachim venu du Portugal pour travailler à la construction du barrage.Elles nomment les anciens habitants pour lesquels on a d'emblée de l'empathie.Le passé de Seyvoz n'est pas mort , les souvenirs se transmettent, il y a une mémoire collective et quand Tomi plonge dans le lac Il voit des vestiges.
Voici un texte court (109 pages) et magnétique écrit à deux mains et deux stylos (noir et bleu) ! Dès que je vois un titre à paraître de Maylis de Kerangal, je le précommande ! Bref c’est une autrice chouchou.
Le personnage principal est Tomi Motz. Cet ingénieur est envoyé de Paris par l’entreprise Voltang, pour intervenir sur la centrale électrique de Seyvoz dans les Alpes.
A son arrivée, il doit contacter Brissogne, mais ce dernier ne répond pas. Il est absent et tout se met à dérailler. Une ambiance étrange s’installe et on sent Tomi angoissé, troublé. Son hôtel est complet mais il ne croise personne. Il y a une atmosphère fantastique dans les pages de ce livre.
Le texte en noir est l’histoire vue depuis Tomi de nos jours. Le texte en bleu est le passé, l’histoire de la construction du barrage. Pour construire cette centrale électrique, il a fallu engloutir le village de Seyvoz pour créer un lac artificiel. Autant vous dire que les villageois n’étaient pas du tout favorables et qu’ils ont été expropriés. Le roman raconte notamment les tombes déplacées, les cloches de l’église, la venue d’ouvriers espagnols, les hommes morts sur le chantier de construction et la transformation du paysage.
Le roman met magnifiquement en avant les grands espaces, la montagne. J’ai préféré la partie écrite en noir sur le passé du village de Seyvoz car elle est poignante. D’ailleurs j’aimerais bien savoir comment s’est écrit ce roman entre Maylis de Kerangal et Joy Sorman. Comment ont-elles fonctionné ? est-ce que chacune écrivait séparément ou en commun ? Je n’ai pas senti de différence de style d’un chapitre à l’autre.
L’histoire de ce village, Seyvoz, est basée sur celle de Tignes, dont le village a été englouti et un barrage a été construit en 1952. J’apprécie les romans qui se servent de faits réels et les emmènent dans un autre monde, celui de la littérature.
Deux temporalités alternent dans ce roman. Il y a le présent qui s’appuie sur la fiction, à la lisière du fantastique, avec un ingénieur mandaté pour vérifier les installations du barrage de Seyvoz et des retours dans le passé, dans les années cinquante, avec la construction de ce barrage hydroélectrique au beau milieu des montagnes alpines, au moment où la France sort de la Seconde Guerre mondiale, et où les besoins en énergie sont immenses. Sauf que l’édification de ce barrage a entraîné la création d’un lac artificiel et englouti le village installé là.
Depuis Paris, Tomi Motz est envoyé à Seyvoz pour une mission concernant la maintenance des installations. Lorsqu’il arrive au barrage où il a rendez-vous avec un certain Brissogne, le responsable de la maintenance, personne n’est là. De plus, des choses bizarres comme son téléphone qui ne capte rien alors qu’il se trouve sur le plus important site producteur d’électricité de la nation. La centrale électrique de Seyvoz serait donc une poche de territoire sans couverture réseau, une zone blanche… Étrange ! Étrange également cette Clio rouge dont la conductrice qui, après lui avoir délivré un message, s’enfuit, tout comme est bizarre l’hôtel où il est descendu.
Pendant quatre jours, cet ingénieur solitaire, mu par une sorte d’attraction incontrôlable, va donc arpenter la zone avec la sensation d’être prisonnier d’un champ magnétique étanche, sa mission perturbée par une série de troubles sensoriels et psychiques faisant naître chez lui des visions étranges. Le réel se dérobe autour de lui et tout vacille jusqu’à sa propre raison…
Ce récit est entrecoupé de bribes du passé avec notamment l’engloutissement de ce village aux habitants peu convaincus de la pertinence de leur sacrifice.
Si j’ai été un peu moins réceptive au présent assez fantasmé, j’ai beaucoup apprécié les retours dans le passé et le rappel de cette construction du barrage de Seyvoz – barrage de Tignes en Savoie, dans la réalité.
La description du village, de la vallée et de ses habitants dans les années cinquante est particulièrement réussie et rend parfaitement compte du séisme que cela a été pour eux de devoir abandonner leur lieu de vie. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tenté de résister !
On assiste vraiment à un combat inégal, le pot de fer contre le pot de terre, et, en avril 1952, les derniers habitants doivent quitter leur village ; ayant décidé, pour garder un lien avec l’histoire, de reproduire l’ancienne église à l’identique, ils procèdent alors à l’évacuation de leur église.
Difficile de ne pas être saisi lors de l’exhumation du cimetière à quelques jours de l’engloutissement, et en phase avec ces villageois outrés que l’on vienne déterrer leurs morts.
Une évacuation particulièrement violente marque les esprits d’alors et ce jusqu’à nos jours.
Quant au barrage lui-même, le plus haut d’Europe à l’époque, Maylis de Kerangal et Joy Sorman, racontent avec précision la construction de cet ouvrage pharaonique, l’appel à main d’œuvre et les conditions de travail dantesques, sans oublier ceux qui ont y ont laissé leur peau, certains, avalés par ce mur gigantesque, les comparant à ces habitants de Pompéi, « ces vies solidifiées qui ne redeviendront jamais poussière. »
Elles n’omettent pas de signaler que les dangereuses conditions de travail et la volonté de faire vite ont coûté la vie à 52 ouvriers.
Le barrage fermant désormais leur vallée et allant être mis en eau, noyant leur village et leurs pâturages, c’est avec beaucoup de tristesse qu’on assiste impuissants, aux côtés des villageois au dynamitage de leurs maisons et à leur violente évacuation.
Seyvoz, bien qu’écrit par deux auteures, Maylis de Kerandal et Joy Sorman, est un roman singulier car elles ont su unir leurs voix et leur talent pour créer un roman richement documenté, d’une grande sensibilité, mélangeant savamment réel et imaginaire, ce dernier pouvant parfois prendre le pas sur la réalité.
C’est à la suite d’une proposition faite par le collectif d’auteurs, Inculte, dont la marque de fabrique est le livre collectif, que nos deux écrivaines ont relevé le défi d’écrire à quatre mains : un défi que je qualifierais de particulièrement réussi !
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Un barrage contre l'oubli
Maylis de Kerangal et Joy Sorman ont uni leurs plumes pour raconter l'histoire du village englouti par l'édification du barrage de Tignes. Sur les pas d'un ingénieur arrivé pour la maintenance, on va découvrir l’esprit du lieu.
Quand Tomi Motz, après une longue route depuis Paris, arrive au barrage de Seyvoz, il a la désagréable surprise d'apprendre que Brissogne, qui l'a convoqué, ne viendra finalement pas. Résigné, l'ingénieur gagne l'hôtel d'Abondance où une chambre lui a été réservée. Après avoir regardé quelques épisodes d'une série, il s'endort du sommeil des justes.
C'est à ce moment que Maylis de Kerangal et Joy Sorman ont choisi d'insérer dans leur roman, avec une couleur d'encre différente, la chronique du temps passé, lorsque Seyvoz était encore un village de montagne. On pourra ainsi, au fil du récit découvrir l'histoire de Seyvoz, au moment où les habitants apprennent qu'ils n'ont plus que quelques jours à passer dans le village avant que ce dernier ne soit englouti sous les eaux de retenue du barrage. Le temps de célébrer un dernier mariage et les trois cloches de l'église de Notre-Dame-des-Neiges seront déposées. On ira même, suite à des débats enflammés, déterrer les morts du cimetière et leur offrir une nouvelle sépulture à quelques kilomètres de là. «Comme le garde champêtre refusait de le faire, c’est Beaumichel qui a donné lecture de l’ordre du préfet: abandon du cimetière de Seyvoz, exhumation, transfert et inhumation des corps dans le cimetière nouvellement ouvert du hameau du Ruz, autour de l'église que l’on finissait de bâtir, un fac-similé de Notre-Dame-des-Neiges dont les habitants de Seyvoz haïssaient l’idée, jurant qu’ils n'y foutraient pas les pieds.»
Tout aussi fort en émotions, on suivra l'un des immigrés venu prêter main forte à l'édification de cet édifice monstrueux. Joaquim ne rentrera jamais dans son Portugal natal ou encore le vain combat de la dernière poignée de résistants opposés à la destruction de leur village.
À son réveil, Tomi entend retrouver Brissogne, lui dire son fait, assurer sa mission de contrôle des installations et rentrer à Paris. Mais son programme va à nouveau être perturbé. D'abord parce que Brissogne reste introuvable, ensuite parce qu'un grésillement bizarre émane d'une partie du barrage, enfin parce que Tomi a quelques problèmes de santé. Il n'a alors d'autre choix que de passer une nouvelle nuit dans hôtel qui affiche complet, bien qu'il ne croise personne dans l'établissement.
Le troisième jour va encore lui réserver quelques surprises que je vous laisse le plaisir de découvrir, à la frontière du voyage initiatique et du fantastique.
Les deux autrices ont habilement su mêler leurs plumes – elles ont parfois rédigé ensemble et se sont aussi répartis certains chapitres sans que l’on puisse attribuer le texte à l’une ou à l’autre – pour nous offrir différentes entrées, manières d'appréhender ce mur de béton qui depuis plus d'un demi-siècle barre la vallée de ses 180 m de haut et ses 300 m de long. En faisant revivre les habitants du village qui, au début des années cinquante, ont dû tout abandonner devant l'inexorable montée des eaux, en nous entrainant dans la vallée et même dans le lac à l'occasion d'une plongée mémorable dans les 240 millions de mètres cubes d'eau, on découvre combien ce lieu est chargé d'un esprit très particulier. Et nous donne l'envie d'une escapade dans les Alpes.
https://urlz.fr/ic47
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