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Après le succès de Des hommes sans femmes, Murakami renoue avec la forme courte. Composé de huit nouvelles inédites, écrites, comme son titre l'indique, à la première personne du singulier, un recueil troublant, empreint d'une profonde nostalgie, une sorte d'autobiographie déguisée dont nous ferait cadeau le maître des lettres japonaises.
Un homme se souvient De la femme qui criait le nom d'un autre pendant l'amour Du vieil homme qui lui avait révélé le secret de l'existence, la crème de la crème de la vie De Charlie Parker qui aurait fait un merveilleux disque de bossa-nova s'il en avait eu le temps De sa première petite amie qui serrait contre son coeur le vinyle With the Beatles Des matchs de base-ball si souvent perdus par son équipe préférée De cette femme si laide et si séduisante qui écoutait le Carnaval de Schumann Du singe qui lui avait confessé voler le nom des femmes qu'il ne pouvait séduire De ces costumes qu'on endosse pour être un autre ou être davantage nous-même.
Un homme, Murakami peut-être, se souvient que tous ces instants, toutes ces rencontres, anodines ou essentielles, décevantes ou exaltantes, honteuses ou heureuses, font de lui qui il est.
Murakami renoue avec la nouvelle.
O bonheur !
Plus intime. Plus troublant aussi. Un peu à la Carver, dont il fut le traducteur au Japon.
Pêle-mêle, une femme préfère crier le nom d'un autre pendant l'amour, ça te dérange pas hein. Et l'homme de s'en moquer, de s'interroger, ça change quoi.
Du base-ball, si présent dans la vie de l'auteur, au même titre que le jazz, la littérature ou la course à pieds.
De la laideur fascinée par la beauté, et si je ne distingue plus l'un de l'autre, et si aimer la beauté révèle quelque chose de ta laideur...
Du singe qui n'aime que les femmes. Pillent leur prénom, puisqu'il ne peut posséder leur corps.
De Charlie Bird Parker, d'un article écrit à l'université, le temps de ressusciter ce monstre du jazz, de s'étonner, de s'imprégner. De flouter les contours, et comme Murakami excelle à cela !
Et quelques autres encore.
Chaque nouvelle écrite à la première personne du singulier. Par des personnages singuliers.
Je retrouve son écriture sans bouder mon plaisir. Sa faculté de contempler, de se glisser délicatement dans chaque émotion. Il n'incise pas, Murakami, il effleure et le sang affleure quand même.
Dans ce recueil de huit nouvelles, le narrateur, un homme âgé (l’auteur peut-être?*), se raconte à travers autant de souvenirs. Des souvenirs de rencontres qui remontent à l’adolescence ou à l’âge adulte, qui ont duré quelques secondes ou plusieurs mois : une jolie lycéenne, un vieil homme sur un banc, une femme laide mais très séduisante et charismatique, une inconnue dans un bar qui l’agresse verbalement, un singe doué de parole. Il y a aussi une nouvelle sur le base-ball, sport préféré du narrateur, et son équipe favorite dont les résultats sont peu brillants, et une autre sur un disque de bossa-nova qui aurait pu être l’œuvre de Charlie Parker. Autant d’histoires qui ont façonné le narrateur et qui le décrivent en creux, puisqu’il y est question du sens de l’existence, d’amour, d’apparences, de masques et d’identité, de goûts et de passions. Ces histoires nostalgiques seraient relativement banales si, pour la plupart d’entre elles, à un moment de leur déroulement, la mécanique de l’ordinaire ne s’enrayait, si un bug infime ne se produisait pour provoquer une distorsion de la réalité, certes minime mais qui suffit à faire glisser le récit dans l’étrange et le fantastique.
Je ne suis pas assez familière de l’œuvre de Murakami pour savoir si ce sont ses genres et thèmes de prédilection, ni pour comparer la qualité d’écriture de ces nouvelles avec celle de ses romans. Ici, j’ai apprécié le style fluide, sobre, poétique et élégant, mais la veine onirique m’a déroutée (en fait elle me déroute chez la plupart des auteurs – je dois être trop cartésienne). Une lecture agréable, donc, mais qui m’a peu touchée et qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
*Rien n’est moins sûr, à la fin du livre, l’achevé d’imprimer indique que « Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les événements sont le fruit de l’imagination de l’auteur ou utilisés fictivement. Toute ressemblance […] serait pure coïncidence ».
Inédites ou déjà parues dans des revues, les huit nouvelles qui composent ce recueil ont en commun la « Première personne du singulier » : un « je » qui ne cesse de jouer sur une ambiguïté malicieusement entretenue, ni tout à fait l’auteur, ni tout à fait un autre, et qui semble nous inviter à une conversation amicale où l’on évoquerait avec nostalgie l’ombre de quelques vieux souvenirs.
Ainsi, mêlées, comme autant de rappels de leur nature imaginaire, de détails poétiques, oniriques, ou même franchement fantastiques, ces confidences à mi-voix où se multiplient les références au véritable vécu de l’auteur – ses goûts de mélomane, lui qui eut un club de jazz à Tokyo ; sa passion pour le base-ball ; ou encore le décor de la ville de Kobe où il a grandi – instaurent un sentiment d’intimité complice pour nous emmener dans ce qui ressemble à une réflexion, pas si à bâtons rompus que ça, sur les hasards et les bifurcations de la vie.
Des rencontres fortuites et sans lendemain qui laissent pourtant des traces indélébiles ; des faits à première vue insignifiants, mais qui résonnent encore dans la mémoire des décennies plus tard ; des rêves et des situations imaginaires aux prolongements néanmoins étrangement réels : autant de petits cailloux, qui, anodins individuellement, tracent ensemble comme l’idée d’une trajectoire, peut-être le destin d’un homme capable de ne s’en apercevoir qu’avec le recul de l’âge.
Alors, peu importe au fond la part de vérité ou de fantaisie dans ces huit petits contes, drôles ou graves. L’une et l’autre s’interpénètrent et se nourrissent, révélant tout autant l’homme derrière l’écrivain, en une composition dont « il n’est pas exclu, écrit-il, qu’elle constitue aussi comme une courte biographie d’un être humain, moi-même », mais qu'il conclut sur un clin d'oeil : « Je crois que j’avais peur. J’étais saisi d’angoisse à la pensée qu’un je, qui n’était pas le vrai moi, ait fait quelque chose d’horrible (…). Et j’avais peur aussi que quelque chose à l’intérieur de moi, dont j’ignorais tout, soit exposé en pleine lumière ». Comme si, soudain pris de timidité, son « je » couché sur le papier craignait de se voir transformé par ses lecteurs en un « il » où il ne se reconnaîtrait plus.
Humour et nostalgie imprègnent ce drôle d’autoportrait en pointillés du célèbre romancier japonais, dont cette ultime acrobatie préserve tout le mystère.
Des nouvelles singulières et, semble-t-il, à base d’anecdotes personnelles qui nous rappellent les autres écrits de Murakami. En effet, nous retrouvons, avec délice, ces thématiques que nous apprécions tant, tel l’extraordinaire s’invitant dans un quotidien banal, Éros et Thanatos, le hasard, les questions existentielles (Rêvons-nous, imaginons-nous des histoires ou sommes-nous bien vivants ?)...
Huit nouvelles touchantes, nostalgiques, qui traitent également des souvenirs, du passé, du passage, du sens de l’existence et de sa fugacité
« À chaque instant, nos corps, sans espoir de retour, s’en vont vers l’anéantissement.
À peine a-t-on fermé les yeux, puis les a-t-on rouverts, que bien des choses ont disparu (certaines avaient un nom, d’autres pas). Soufflées par les vents violents de la pleine nuit, elles ont été emportées quelque part sans laisser de trace. Il n’en subsiste qu’un frêle souvenir. Mais non, on ne peut pas compter sur les souvenirs non plus. »
Des textes qui nous enchantent par leur simplicité, humilité, mais aussi par leur puissance évocatrice et par les émotions qu’elles font naître.
« Ce qui me rend mélancolique, je crois, à propos des jeunes filles de mon entourage, des vieilles dames maintenant, c’est d’être obligé de reconnaître que mes rêves de jeunesse ont disparu à tout jamais. La mort d’un rêve est peut-être plus triste, en un sens, que celle d’un être vivant. »
Des sujets variés, mais qui tous nous ramènent à la vie et l’amour, à l’écriture et la création. Et, comme chaque fois qu’il s’agit d’une œuvre majeure, toutes ces histoires, si propres à un seul, ont une portée et une résonance universelles.
Un texte sobre, puissant, qu’on ne repose pas avant de l’avoir terminé.
#HarukiMurakami #NetGalleyFrance
Voyage dans l’univers murakamien, en classe ‘’nouvelles’’ et en huit escales. Un recueil qui parle, entre autres choses, de rencontres, de mémoire, d’amour, de musique et de sport. Des femmes croisées quelques secondes ou dont il fut l’ami ou le petit ami, un vieil homme énigmatique sur un banc, un singe doué de la parole dans une station thermale…Murakami se dévoile mais est-il ce narrateur qui parle à la première personne du singulier ? A-t-il fait l’amour avec une poétesse qui criait le nom d’un autre homme pendant l’orgasme ? A-t-il publié à compte d’auteur un recueil de poèmes magnifiant les joueurs de son équipe de base-ball préférée ? Existe-t-il, quelque part dans la préfecture de Gunma, un singe qui vous frotte le dos en vous racontant son amour pour les femmes ? Le base-ball, le jazz, la musique classique, les Beatles, la bière brune, l’écriture sont autant d’indices qui tendent à prouver que Murakami a puisé dans ses propres souvenirs pour écrire la vie dans toute sa banalité, les routes que l’on choisi de suivre, les rencontres a priori insignifiantes qui marquent pour toujours, le masque et le costume que l’on revêt pour faire face aux autres. Mais bien sûr, sous la simplicité du propos, se cachent le rêve, la magie, le fantastique propres à l’auteur.
Un recueil à l’écriture sobre et mélancolique qui nous emmène dans les souvenirs de Murakami. Ou dans les méandres de son imagination… ?
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