Mrs. Craddock est le premier tourbillon annonciateur du maelström des veuves où s'engouffre l'oeuvre de Somerset Maugham. La future Mrs. Craddock, Bertha Ley, jouit d'un vaste domaine, d'une belle rente et d'un nom illustre. Elle vit seule avec une tante dont l'esprit n'a rien à envier à Madame du Deffand. Bertha Ley se nourrit de Montaigne, de Marc Aurèle et de Madame de Sévigné; elle s'est mis en tête d'épouser un de ses métayers, Mr. Craddock, parce qu'il a des mains fortes et viriles, parce que ses botte font naître en elle un frisson de plaisir, par leur seule taille, qui suggère une fermeté de caractère et une autorité des plus rassurantes.
Sommerset Maugham se révèle d'une rosserie réjouissante. Peu à peu il distille un acide cynique qui ronge les pages d'abord imprégnées de niaiserie sentimentale. Les belles bottes de Mr. Craddock broient une à une toutes les illusions de son épouse. [...] Et Sommerset Maugham de laisser entendre que souvent, dans un roman d'amour, le livre de la vie pour l'un est écrit en italiques, pour l'autre, il est composé en grosses lettres capitales.
A lire au coin du feu ! Quand on a une cheminée, sinon dans son canapé avec un bon thé anglais, cela fonctionne aussi…. Voilà une découverte étonnante de cet écrivain britannique et de son œuvre « Mrs Craddock », tombés dans les classiques mais dont l’humour et le cynisme en font un petit bijou moderne (même si écrit en 1902 !). Les deux personnages principaux, Bertha et Edward, sont tour à tour agaçants, touchants, drôles, cruels, désarmants. On les accompagne dans leur découverte de la vie de couple et surtout dans le désenchantement progressif de leur vie à deux et dans le grand malentendu qui s’installe entre eux. Quand l’une rêve de folle passion, l’autre demeure pragmatique et jamais ils ne parviennent à communiquer et à se comprendre. Livre désenchanté sur l’amour et le mariage ? Un peu simple de le résumer à cela. Il parle plutôt de l’incommunicabilité, de la difficulté d’échanger et l’auteur nous laisse nous faire notre propre opinion sur cette histoire qui aurait pu être d’amour si les deux personnages ne s’étaient pas enfermés dans leurs certitudes. Et pour ma part, j’ai un gros coup de cœur pour le personnage de la tante de Bertha, un brin moqueuse mais lucide et piquante !
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