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Lorsqu'une collègue lui soumet un article sur sa famille, le journaliste suisse Sacha Batthyany pense au baptême d'une énième rue d'après son nom, les Batthyany ayant marqué l'histoire hongroise et européenne depuis des siècles. Mais il ne se serait jamais attendu à une telle révélation : en mars 1945, à l'issue d'une fête que la comtesse Margit Thyssen-Batthyany, sa richissime tante, donna dans son château de Rechnitz, en Autriche, les invités assassinèrent 180 Juifs alors en transit dans la gare locale.
Quand il commence à enquêter sur le déroulement exact des faits et sur l'implication de sa tante dans ce massacre, le jeune père de famille se trouve confronté à un questionnement bien plus personnel : en quoi tout cela peut-il bien le concerner? Ses recherches le mènent dans la Hongrie d'antan, l'Autriche de l'après-guerre et la Suisse d'aujourd'hui, dans le Goulag de Sibérie, sur le divan d'un psychanalyste fumeur de pipe et finalement à Buenos Aires, auprès d'une rescapée d'Auschwitz. Peu à peu, la découverte des secrets de famille va modifier son regard sur l'Histoire et sur lui-même.
De cette quête d'identité résolument contemporaine résulte une histoire de famille riche d'enseignements, touchante et parfois drôle. Avec Mais en quoi suis-je donc concerné?, Sacha Batthyany dresse un portrait psychologique fascinant de sa génération, ainsi que celui d'une Mitteleuropa qui n'a peut-être pas vraiment disparu.
Sacha Batthyany est issu d’une vieille famille noble hongroise qui a émigrée en Suisse. Journaliste, il est en train d’écrire son article sur un donneur de sperme, lorsqu’une collègue lui met un journal sous le nez en déclarant « Dis donc, tu en as, une de ces familles ». Là, il découvre que tante Margit « Celle qui tirait légèrement la langue » « aurait participé au mois de mars 1945 à un massacre de 180 juifs dans la ville de Rechnitz située à la frontière autrichienne. Elle avait bu et dansé dans une fête qu’elle avait organisée et puis, vers minuit, pour s’amuser, elle était allée braquer un pistolet sur la tempe de ces hommes et de ces femmes nus avant d’appuyer sur la détente... »
Accompagné de son père, il décide d’aller en Hongrie à la recherche de leur passé, surtout après que son père lui ait donné une boîte contenant les journaux intimes de Maritta et Agnès.
Après la signature du traité de Trianon signé en 1920, la Hongrie perd les deux tiers de son territoire répartis entre les pays frontières. C’est le début de la décadence. La seconde guerre mondiale et la partition de l’Europe, l’arrivée des russes, la soviétisation de la Hongrie. Une histoire que je ne découvre à travers la famille Batthyany. Grande famille hongroise qui depuis 1920 connaît une décadence accélérée par l’arrivée des russes. Ils sont passé d’un château avec moult serviteurs à une cabane de chasse sans confort à devoir travailler la terre pour se nourrir. Tante
Les frères Batthyany Ivan et Ferenc ont épousé l’un Margrit, l’autre Maritta. Margrit et Ivan fricotent avec l’occupant pendant que Ferenc, grand-père de l’auteur, est interné. Sacha Batthyany raconte, à travers le journal de Maritta, sa grand-mère, qui, vivant dans le château, a assisté, sans pouvoir, oser, bouger au meurtre des époux Mendl, les épiciers du coin dont la fille ; Agnès, leur fille, était son amie. Pour Maritta, ce fut un déchirement, sa vie est marquée par ce drame qu’elle n’a pu ou su éviter. Cela revient très souvent dans son journal.
Ferenc est interné dans le camp de Kistarcsa qui, à l’origine, est une usine textile, pour devenir un camp de prisonniers hongrois, continuer en un camp de concentration, puis en camp d’internement du temps des soviétiques, pour terminer, en 1989 par être un camp très important pour les réfugiés noir en voie d’expulsion… A méditer
D’après les panneaux explicatifs, la Hongrie aurait toujours été victime « La Hongrie n’avait cessé d’être une victime innocente. Mais n’était-ce pas plutôt ce camp de Kistarcsa qui aurait dû être le véritable monument commémoratif ? N’aurait-on pas dû conserver quelques uns au moins de ses murs afin que ne soient pas oubliés les actes inhumains dont les gardiens hongrois s’étaient rendus coupables ici pendant près d’un siècle ?… Quelle histoire choisissait-on de raconter ? »
La question « En quoi suis-je coupable » est omniprésente. Il prend sur lui la culpabilité de sa grand-mère, se rend en Argentine à la recherche d’Agnès qui a survécu au camp de Birkenau. « Ne me sentais-je pas toujours coupable parce que tout allait trop bien en Suisse ? » est la question qui tourne tout au long du livre. Pourquoi cette quête jusqu’en Argentine ? « En vérité, j’étais venu pour moi, pour vivre quelque chose ».
« Nous avons grandi avec le sentiment, ajouta Mirta, que ce passé douloureux pèse sur notre présent. C’est notre héritage, il a toujours été là, à chaque minute de notre enfance, à chaque heure de notre jeunesse, à chaque jour de notre vie » lui dit Mirta, petite-fille d’Agnès
Combien de personnes pouvait-il y avoir sur cette planète dont la destinée aurait été radicalement différente si les parent de ma grand-mère les avaient aidés ?… Ne serais-je pas devenu également un autre homme s’ils avaient agi au lieu de rester dans rien faire ? Cette dernière pensée me terrifia. »
Les journaux intimes des deux amies permet un éclairage et deux regards sur la vie, la politique hongroise, juste entraperçu avec Sandor Marai ; Une histoire entre la seconde guerre mondiale, les camps, l’avancée et la conquête soviétique.
Nous ne sommes pas responsables des actes de nos ascendants, mais nous en portons toujours le poids.
Un livre très bien écrit, précis et plus qu’intéressant.
Un rdv inédit entre la grand et''petite '' histoire.
C'est une facette que je ne connaissais pas de cette période sombre de la seconde guerre mondiale qui permet d'interroger les enfants et petits enfants des protagonistes d'alors.
Pas simple de vivre avec cet héritage fait de mensonges, de pactes, d'engrenages mais c'est encore plus difficile de vivre sans...
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