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Entre le chaos de la ville et le silence de la mer, c'est un havre et une remise - le royaume des laissés-pour-compte.
Là règnent les oubliés volontaires, ceux qui fuient et chantent le bonheur d'être hors du monde : ivrognes, sans grades, clochards célestes... Ach le Borgne est poète, philosophe, musicien. Et Junior le Simplet l'accompagne, extatique. Ni anges ni démons, ces réprouvés ont eu leur part de mensonges et de vices, leur part de crime. Ici comme ailleurs, la vie suit son cours, chaotique, drôle et surprenant...
Une fable incandescente et rugueuse sur le monde qui nous entoure. Pierre Vavasseur - Le Parisien / Aujourd'hui en France
Après Dieu n’habite pas la Havane et surtout Les hirondelles de Kaboul qui m’avait chamboulée par son réalisme bouleversant, L’Olympe des infortunes est le troisième roman que je lis de Yasmina Khadra.
Ils sont nombreux ces laissés-pour-compte à tenter de survivre sur une bande de terre délaissée proche d’une décharge publique bordée d’un côté par la mer et de l’autre par une ville qui à la fois attire et terrorise ces réprouvés. On y trouve Le Pacha, ce briscard tonitruant, qui ne peut vivre sans la présence à ses côtés de son amant Pipo, Mama et son vieux compagnon Mimosa, mais aussi Négus, Clovis, Bliss, Haroun le Sourd, Aït Cétéra, Les frères Zouj, Einstein, sorte d’alchimiste s’évertuant à créer des élixirs à partir des médicaments périmés trouvés dans les poubelles, Dib et puis les Autres, les clodos de passage…
Parmi ces marginaux, sur ce terrain vague, vit aussi un duo : Ach le Borgne et Junior le Simplet. Ach, musicien, poète, philosophe, s’est pris d’affection et protège Junior l’innocent qui l’accompagne, extatique. Il s’évertue à le mettre en garde contre les dangers de la ville voisine, ce lieu de perdition, lui interdit de s’y rendre et lui fait l’apologie de ce qu’est leur vie : une vie de liberté sur cette terre des Horr, le Horr étant un clodo qui se respecte, où tout est permis, où rien n’est interdit.
L’arrivée d’un géant, Ben Adam, envoyé par la providence selon ses dires et se déclarant la voix de leur salut, va semer le doute dans les esprits et finir même par ébranler les convictions du vieil Ach.
Cet homme affirme qu’ils sont les seuls artisans de leur malheur, qu’il faut lutter, ne jamais renoncer, garder l’espoir de se reconstruire, tant la vie vaut le coup d’être vécue.
Cette vie que Ach qualifie de meilleur des mondes, Ben Adam la nomme un mouroir. En choisissant de ne rien devoir aux autres et de ne rien en attendre, on cesse de vivre, telle est sa pensée.
L’Olympe des infortunes s’apparente à un conte philosophique sur la marginalité et l’exclusion dont la lecture laisse abasourdi.
Les différences, les inégalités, la pauvreté, l’alcool, la violence, la folie, l’emprise sont quelques-uns des thèmes évoqués dans ce court roman.
Est-il possible de faire table rase de son vécu et de repartir à zéro est aussi une des questions soulevée par Yasmina Khadra ?
Ce roman est là pour nous ouvrir les yeux sur la vie de ces exclus de la société, qui, où qu’ils aillent sont toujours rejetés et bannis.
Si j’ai été révulsée par la scène de la noyade de Haroun le Sourd, consternée par les crises de despotisme du Pacha, j’ai été profondément émue par l’affection et la tendresse que Ach porte à Junior pour le protéger et réciproquement.
Yasmina Khadra sait à merveille nous faire découvrir les pensées de cet innocent qu’est Junior tout comme il sait manier avec dextérité l’humour pour restituer les exploits hélas, pas souvent couronnés de réussite, de l’inventif Einstein.
Dans L’Olympe des infortunes, Yasmina Khadra raconte avec talent et non sans ironie la rudesse du monde qui nous entoure. Poésie et tendresse émaillent ce récit sur la cruauté et la terrible réalité de la vie de ces laissés-pour-compte que personne ne veut voir.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/04/yamina-khadra-l-olympe-des-infortunes.html
Un groupe d'hommes sans abri est venu investir une plage. Loin de la ville, loin de tous, leur vie s'organise. Chacun a son petit coin, ou choisit de vivre en bande organisée. Ach le Borgne a pris sous son aile Junior le Simplet. Il l'empêche d'aller en ville, sachant qu'il n'y résisterait pas. (On ne peut alors s'empêcher de penser aux deux héros de Steinbeck dans Des souris et des hommes.)
C'est d'abord un hymne à la liberté et à l'amour (car il y a une forme d'amour entre tous ces personnages) et ensuite un hymne à la liberté quand celle-ci est menacée par un homme venu d'ailleurs, remettant chacun en question sur leur choix de vie ou sur leur décadence.
Très beau récit.
une peinture d'une communauté d'oubliés de la société. ceux que l'on ne voit pas ou que l'on ne veut pas voir.
on ne risque pas de les rencontrer en ville car ils ont une règle : ne pas y pénétrer.
Ces personnages sont assez attachants car leur humanité remonte à chaque page du roman.
c'est un livre surprenant par le choix des personnages. et puis, c'est parfois drôle, parfois dramatique, c'est la vie ici aussi.
Un conte philosophique avec des indigents comme héros : le borgne, le simplet, le parano, le pacha... Une réflexion sur ce qui nous rend heureux, sur le bonheur intérieur que nous pouvons construire dans le dénuement le plus total, dans le déni de la réalité. Et quand un prophète vient rappeler à chacun ses responsabilités, ses mensonges, ses faiblesses et prône le sursaut d'orgueil, vont-ils y parvenir ? et à quelle dignité peuvent-ils prétendre ?
Difficile d'y entrer, quelques longueurs mais une accroche à la fin très surprenante. L'auteur s'emballe et nous livre une fin inattendue. L'histoire d'un vrai chaos philosophique.
Yasmina Khadra au merveilleux talent de conteur nous plonge avec ce beau roman dans l'univers méconnu des sans-abri. Il met en vie une galerie de personnages tour à tour cocasses, déroutants et attachants dans un no man's land en marge de la société de consommation, de ses valeurs, et de son individualisme. En utilisant la forme polyphonique grâce à laquelle la voix des clochards est entendue et prend toute sa profondeur, Khadra décrit les blessures et le renoncement des marginaux qui nous livre un regard alternatif bouleversant et critique sur le monde. Ce roman restera longtemps gravé dans ma mémoire pour sa richesse et sa puissance de dénonciation.
Très bon comme toujours...
C'est cru, désepéré, mais j'ai beaucoup aimé les messages qui passent dans cette histoire...
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