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Les quarante-cinq constitue le troisième volet du grand triptyque que dumas a consacré à l'histoire de france de la renaissance.
Il achève le récit de cette décadence de la seigneurie commencé par la reine margot et poursuivi avec la dame de monsoreau.
A cette époque déchirée, tout se joue sur fond de guerre : guerres de religion, guerres dynastiques, guerres amoureuses. aussi les héros meurent-ils plus souvent sur l'échafaud que dans leur lit, et les héroïnes sont meilleures maîtresses que mères de famille.
Ce qui fait la grandeur des personnages de dumas, c'est que chacun suit sa pente jusqu'au bout, sans concession, mais avec panache.
D'oú l'invincible sympathie qu'ils nous inspirent. parmi eux, chicot, le célèbre bouffon, qui prend la place du roi. c'est en lui que dumas s'est reconnu. n'a-t-il pas tiré ce personnage entièrement de son imagination ? mais sa véracité lui permet d'évoluer avec aisance au milieu des personnages historiques dont il lie les destins. dumas ayant achevé son roman à la veille de la révolution de 1848, chicot incarne par avance la bouffonnerie de l'histoire.
Guy schoeller.
https://unepauselitteraire.com/2016/07/31/les-quarante-cinq-dalexandre-dumas/
Nouvelle collaboration entre Alexandre Dumas et Auguste Maquet et publié en feuilleton entre 1847 et 1848, Les Quarante-Cinq, roman épique qui reste peu connu du grand public, termine le cycle que consacre Dumas aux guerres de religions. Après le massacre de la Saint-Barthélemy décrit dans La Reine Margot et les évènements tragiques sur lesquels se conclue La Dame de Monsoreau, ce dernier volume, malheureusement le moins réussi, continue de retracer cette période faite d’instabilité politique et met en scène un Henri III affaibli et plus que jamais vulnérable.
1584. Dix ans ont passés depuis que Henri III, alors duc d’Anjou, abandonne son trône du royaume de Pologne pour prendre celui de France, remplaçant son frère, Charles IX, mort sans descendance mâle. Affaibli de toute part, menacé dans le sud du royaume par la popularité grandissante d’Henri de Navarre et, plus proche de lui, par les Guise qui forment des groupes de bourgeois ligueurs dans l’optique d’une nouvelle Saint-Barthélemy, Henri III n’est plus que l’ombre de lui-même : les frères Joyeuse peinent à remplacer les favoris du roi, morts en duel à la fin de La Dame de Monsoreau, tandis qu’un vide se fait ressentir dans la vie d’Henri, depuis la disparition tragique de son bouffon, Chicot.
D’Épernon, personnage historique que le lecteur a déjà rencontré dans le volume précédent, l’un des derniers favoris d’Henri III, est devenu duc et, dans une inspiration qui tient plus à de l’arrivisme, il décide de former un groupe de quarante-cinq gentilshommes d’origine gasconne qui deviendra la garde rapprochée du roi et dont les membres arrivent à Paris en même temps que l’exécution de Nicolas de Salcède, dont le crime était d’avoir voulu tuer le frère d’Henri, François, parti se réfugier dans le nord.
Comme tous les romans d’Alexandre Dumas, Les Quarante-Cinq est impossible à résumer sans dévoiler une part du récit et d’en gâcher la surprise et il s’agit avant tout de faire un point sur la situation en début de roman et de replacer le roman dans son contexte. Écrit peu avant la révolution de 1848, dans laquelle Dumas prendra une part active, ainsi que les armes, le roman dresse un portrait peu flatteur de la seigneurie de l’époque, en proie à des querelles politiques, et montre une France divisée qui s’engouffre de plus en plus dans ce qui s’apparente à une guerre civile, plus que religieuse.
Riche en rebondissement, ce qui est un des critères du cahier des charges de l’auteur, le roman peine toutefois à accrocher le lecteur, tant l’intrigue est fragmentée, entraînant alors un éclatement de l’action, au profit de certains personnages, qui prennent le dessus sur d’autres, à l’instar de Chicot, revenu d’entre les morts et dont on ressent le plaisir qu’a eu Dumas à écrire ce personnage et à le mettre en scène, qui participe d’ailleurs à ce qui sera le point culminant du roman, à savoir la prise de Cahors, aux côtés d’Henri de Navarre.
Néanmoins, on retrouve avec plaisir les différents personnages qui sont apparus dans les précédents volumes : de la reine mère Catherine, en retrait par rapport à son rôle dans La Reine Margot, en passant par Marguerite de Navarre, en proie à une romance, Gorenflot, qui forme, avec Chicot, un duo digne de Laurel et Hardy, et Diane de Méridor, prête à venger la mort de son amant. Ils apparaissent tous avec, comme objectif, leur propre vision de la liberté à atteindre, une liberté qui est, encore une fois, l’un des thèmes majeurs du roman et cher à Dumas.
Mais il n’en demeure pas moins que Les Quarante-Cinq procure au lecteur un sentiment d’inachevé, notamment en raison du fait que les évènements mis en place dans ce roman ne trouvent pas de conclusions satisfaisantes : Dumas, qui prévoyait une suite au roman, prépare le terrain, que ce soit avec l’apparition de Jacques Clément, futur assassin d’Henri III, ou la montée en puissance d’Henri de Navarre, ainsi que la mort du duc d’Anjou. Il est certain qu’un quatrième volume aurait conclu d’une manière satisfaisant, voire jouissive, cette saga consacrée aux guerres de religion. Mais ce sentiment d’inachevé laisse toutefois un goût amer, qui fait que l’on ne profite pas pleinement de ce roman de Dumas, dont la verve, toujours excellente, parvient toutefois à ennuyer, à quelques rares occasions, le lecteur.
À noter, dans l’édition de Claude Schopp, publiée dans la collection Bouquins des éditions Robert Laffont, la présence des deux pièces de théâtres que Dumas tire de La Reine Margot et de La Dame de Monsoreau : intéressantes et donnant matière à une nouvelle lecture des romans, elles sont un excellent document dévoilant le talent de Dumas à alterner les genres.
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