Le 5 avril au cinéma, découvrez le chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas comme vous ne l’avez jamais vu...
Fabrice d’Almeida est historien, professeur et officie également à la radio sur Europe 1, notamment avec sa chronique matinale "C’est historique !" et sa série "Au coeur de l'Histoire". Nous l’avons rencontré pour qu’il nous explique quel...
Le 5 avril au cinéma, découvrez le chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas comme vous ne l’avez jamais vu...
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J’ai toujours eu un faible pour les mousquetaires de Dumas. Je relis « Les trois mousquetaires » tous les 15 / 20 ans, « Vingt ans après » tous les 30 ans … et, hormis une version (fortement) raccourcie dans la bibliothèque verte dans mon enfance, je n’avais jamais réussi à aller au bout de ce « Le Vicomte de Bragelonne ». Il faut dire que c’est un sacré pavé 1960 pages dans La bibliothèque de la Pléiade pour le seul roman (hors préfaces et notices).
J’ai opté pour une lecture nocturne (lors des insomnies d’un certain âge !) pour ne déguster que quelques chapitres chaque nuit et cela pendant de nombreuses semaines. Cette lecture au long court (sauf pour les 150 dernières pages où il me fallait aller au bout d’une course dramatique) a plutôt bien fonctionné avec une profonde imprégnation des lectures.
Dans ce troisième opus qui se situe 10 ans après « 20 ans après » Dumas croise des histoires avec l’Histoire (comme il savait si bien débrider son imagination), combine aventures, complots et luttes politiques, passions amoureuses extrêmes (au romantisme exacerbé), … et va au bout du crépuscule de la vie de ses héros.
Nous allons notamment assister (attention je résume et donc divulgache) :
• A l’implication d’Athos (le comte de la Fère) et de D’Artagnan, chacun de son coté, afin de permettre au jeune Charles II de remonter sur le trône d’Angleterre.
• Au mariage de Monsieur (frère du Roi) avec l’anglaise Henriette, la petite fille d’Henri IV, pour sceller l’amitié Franco-Anglaise. Ce qui donnera lieu à des épanchements amoureux ... ;
• Aux affres amoureuses de Raoul, Vicomte de Bragelonne (fils profondément aimé d’Athos); jeune homme qui a tout pour lui et aime très profondément une amie d’enfance : la jeune La Valière qui va être promue parmi les courtisanne de Madame. Si La Valière aime d’amitié Raoul, elle est sous le charme de Louis XIV qui, après avoir frayé avec Madame, va être éperdument amoureux de La Vallière et nous aurons des passages dignes d’un mélange de Shakespeare avec le songe d’une nuit d’été et de Feydeau. La vie de la cour du Roi est intéressante par elle-même avec les jeux divers de complots, médisances, tromperies, ….
• la prise de pouvoir du jeune Roi Louis XIV après le décès de Mazarin et de ses turpitudes diverses et avarices. Il récupérera au passage Colbert à son service qui va s’affirmer comme un adversaire (assez torve d’ailleurs) de Fouquet, l’intendant du royaume dont il brigue la place … tout en étant visionnaire pour la France …
• aux nouvelles manœuvres d’Aramis, devenu l’évêque de Vannes … et grâce à un secret qui peut donner du pouvoir (l’existence de Philippe, frère jumeau du Roi Louis) il devient général des jésuites qui lui confère d’énorme pouvoirs et moyens. Il va monter une opération pour échanger Louis et Philippe à l’occasion d’une grande fête donnée à Vaux le Vicomte par Fouquet sous l’instigation d’Aramis qui financera. Fouquet découvrant l’opération prendra le parti de Louis au risque de la disgrâce … qui viendra
• Dans ce maelstrom D’Artagnan ne s’en laisse pas conter par le jeune Roi et le remet plusieurs fois face à ses colères et jalousies, mais sans toujours parvenir à protéger ses amis et à éviter des injustices. Fidèle au roi et à l’autorité malgré tout, D’Artagnan s’engage dans plusieurs missions : enquêter sur les fortifications de Belle Ile (qui appartient à Fouquet et où Aramis, assisté de Porthos sont à la manœuvre), au convoyage de Philippe avec son nouveau masque de fer dans sa nouvelle prison, la prise de Belle Ile avec objectif de prendre Aramis et Porhos - il perd le commandement de l’opération par les anticipations de ses possibles tentatives de contournement pour laisser fuir ses amis. Mais il finira par garder la confiance du Roi et continuer à le servir notamment dans sa lutte contre les province unis …et il trouvera la mort par un obus à Maëstricht au moment même où il reçoit son bâton de maréchal …
• Au crépuscule des héros avec : la mort du colosse Porthos lors de la fuite de Belle Ile où il sera ensevelis par l’effondrement d’une caverne qu’il venait de provoquer pour permettre la fuite d’Aramis ; le déchirement de Raoul qui va partir en Afrique pour guerroyer et en fait y chercher la mort après sa déception amoureuse, avec pour effet d’enfermer Athos dans sa tristesse et impuissance qui se laisse mourir. Après la mort de d’Artagnan sous le feu de la guerre contre les Provinces Unis, ne restera plus qu’Aramis qui, comme les chats à plusieurs vies, devenu ambassadeur d’Espagne, ayant même retrouvé ses entrées à la cour du roi ! (ce qui est peut être le revirement le moins crédible puisque Louis n’oublie rien … mais passons).
On pourra se reporter à la préface de Jean-Yves Tadié qui développe les temps forts du Vicomte pp XVIII et alii
Un très bon (et long) moment de lecture.
Dernier tome de cette édition en 6 tomes, c'est véritablement un monument de la littérature française. Et Alexandre Dumas m'a réservé quelques surprises sur la destinée de certains personnages. La bonne morale classique me laissait penser par exemple que Edmond et Mercedes se retrouveraient à la fin. Ou encore Danglars, qui finalement est le premier responsable des malheurs de Dantes, qui s'en sort certes ruiné, mais en vie et sain d'esprit.
On ne peut que recommander la lecture de ce roman et de ne pas se contenter des différentes adaptations ciné qui ne font qu'en donner un aperçu, plus ou moins réussi.
5eme tome sur 6 que compose cette édition, Edmond Dantès alias Le comte de Monte-Cristo est maintenant en train de récolter les fruits de la mise en place de sa vengeance. C'est un vrai plaisir de lecture qui confirme s'il en était besoin la place d'auteur majeur de la littérature française que tient Alexandre. Place méritée et indiscutable.
Alors certes, le récent film "Le comte de Monte-Cristo" est plutôt réussi (contrairement aux "Trois mousquetaires : D'Artagnan" de Bourboulon qui est lamentable), mais pour jouir pleinement de cette histoire formidable et de tous les sentiments qu'elle peut susciter en nous, rien de mieux que de lire l'original dans cette sublime langue française malheureusement perdue aujourd'hui.
Je me plait toujours dans la poursuite de cette lecture en 6 tomes. C'est le talent d'écrivain de Dumas qui m'enchante. Cette maîtrise de la langue, de ces temps de conjugaison aujourd'hui désuets. Ce talent pour nous transporter dans un autre temps avec d'autres moeurs.
Dantès tisse sa vengeance sous nos yeux et on devine que ce sera terrible. Il est devenu un personnage quasi tout puissant et omniscient. C'en est presque trop car il paraît presque invulnérable. Je regrette d'ailleurs que depuis son retour dans le monde sous sa nouvelle identité, Monte-cristo ait littéralement fait disparaître Edmond Dantès des esprits. Comme s'il s'agissait réellement d'une autre personne. Le récit aurait encore gagné si Dumas nous avait ménagé des moments où retrouver Dantès dans ses moments d'intimité, où il n'aurait plus à jouer son rôle de comte et où il aurait pu se livrer à des reflections personnelles en tant que Edmond, et où l'on verrait ses doutes. Car il ne peut pas ne pas en avoir. Ça le rendrait plus vulnérable. Et comme je l'ai dit, il paraît tout puissant, n'apparaissant que sous les traits et les paroles de Monte-Cristo, donc on ne doute pas vraiment de la réussite de ses projets et on ne tremble pas pour lui.
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