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« Un seul mot suffira : BADASS ! » John Scalzi, auteur de Le Vieil homme et la guerreQuelque part aux franges de l'univers, une armada de vaisseaux-mondes organiques, connue sous le nom de Légion, glisse lentement dans le vide sidéral. Depuis des décennies, ses différentes factions se battent pour mettre la main sur la Mokshi, le seul vaisseau capable de quitter l'armada condamnée.La guerrière Zan se réveille sans souvenirs, prisonnière d'un peuple qui prétend être sa famille. On lui assure qu'elle est leur ultime chance de survie, l'unique personne capable de s'emparer de la Mokshi.Pour éviter un massacre, Zan va devoir choisir son camp. Mais comment choisir, quand vous commencez à suspecter que votre mémoire a été volontairement détruite ?Kameron Hurley est l'auteure de la trilogie Worldbreaker et de la saga Bel Dame Apocrypha (l'une comme l'autre inédites en français). Elle a été finaliste du prix Hugo, la plus haute distinction de la science-fiction anglo-saxonne, pour son essai : The geek feminist revolution. Dans Les étoiles sont Légion elle met en scène un vertigineux écosystème organique et spatial entièrement peuplé de femmes.Roman traduit de l'anglais (U.S) par Gilles GoulletIllustration de couverture : Manchu
A force de voir passer des avis sur ce roman, j’ai eu du mal à le sortir sur ma liseuse et à le lire. Il faut dire que je lis sur liseuse essentiellement au lit, avant de dormir, et que les avis étaient unanimes sur le fait que le texte est assez gore… je craignais de pourrir un peu mes nuits. J’ai donc bousculé mes habitudes pour enfin le lire, en prenant ma liseuse avec moi en journée. Et donc, trois mois après l’avoir reçu (merci Eva pour la patience^^), je l’ai enfin fini.
Et, pour commencer, je m’attendais à vraiment vomir à la lecture, à force d’entendre parler de gore, de crade… et pas du tout. Je comprends que le côté organique puisse choquer, mais après tout, on est essentiellement dans des fluides corporels. Certes, ce n’est pas très ragoutant, mais rien qui ne fasse pas plus ou moins partie de notre vie. Du sang, des tripes, de la m…, sûrement en trop grande quantité, mais rien de plus. Tout parent a déjà eu à faire au long de sa vie à des invasions inopinées de fluides de la part de ses enfants (gastros, chutes et compagnie), et ne vomit pas tripes et boyaux pour autant. Et surtout, ce ne sont majoritairement pas les tripes et le sang des personnages, mais ceux du vaisseau-monde. Clairement, les descriptions sont faites pour choquer, et un certain nombre sont dispensables sans compromettre la compréhension de l’intrigue. Donc oui, un écœurement, mais plus par le plaisir que semble prendre l’autrice à vouloir choquer que par le texte en lui-même.
Quand j’ai lu dans sa présentation que Les étoiles sont Légion est un space-opéra n’impliquant que des femmes, je me suis dit que ça pouvait être intéressant, par opposition à tous ces romans où les hommes sont majoritaires et les femmes des objets… Certes tous les personnages sont des femmes, mais partant du principe que l’idée même d’homme n’existe pas, ça reste pour moi un postulat d’écriture, mais ça n’en fait pas un livre mettant en avant les femmes. Pour pouvoir les mettre en valeur, il aurait fallu un point de comparaison qu’on ne trouve pas ici. Et ça se comprend quand on a lu l’interview de l’autrice, et qu’on sait qu’elle n’a fait ce choix que tardivement dans l’écriture. En même temps, les hommes sont-ils réellement absents ? Les femmes tombent enceinte en fonction des besoins de leurs vaisseaux-mondes, que ce soit le choix du moment ou du « fœtus ». C’est le monde qui décide et qui fait en sorte que les femmes tombent enceinte… on ne sait pas trop comment. Ça ressemble un peu trop aux sociétés patriarcales à mon goût. J’aurais aimé avoir des femmes réellement libres de leurs choix, au moins concernant leurs corps.
Et alors, moi qui m’inquiète parfois de ne pas comprendre toutes les explications scientifiques, ici tout s’est très bien passé ! Il n’y a en effet pas d’explications, comme ça je ne risque pas de passer à côté. J’aurais pourtant bien aimer comprendre certaines choses… Par exemple, pourquoi on patauge dans les fluides corporels de mondes organiques, alors que l’ossature de certains endroits (certaines portes par exemple) a l’air en métal, camouflée sous de la chair et éventuellement de la peau. On nous présente le métal comme rare, mais il semble être présent sous les couches de matières vivantes. Ou bien alors, comme je l’ai déjà évoqué, comment les femmes tombent-elles enceintes ? Et qu’est-ce que cet univers dans lequel les vaisseaux-mondes évoluent ? Pourquoi et comment la Mokshi est-elle différente des autres planètes ? Qu’y a-t-il au centre de l’univers, là d’où vient la Mokshi ?
Beaucoup de questions et pas ou peu de réponses. Je suis sortie de ma lecture frustrée parce que je pensais lire de la science-fiction. On m’aurait présenté ce roman comme de la fantasy, ça serait mieux passé, même si quelques explications manquent. D’ailleurs c’est une question qui m’a travaillée, moi qui ne suis pas douée avec les étiquettes. J’ai eu tout le long l’impression de lire de la fantasy là où je pensais lire de la science-fiction… est-ce que j’avais tout compris de travers ? Une fois de plus, Kameron Hurley répond à ma question dans l’interview, en parlant de SF mâtinée de fantasy, même si je cherche quand même la SF. Si quelqu’un de plus calé que moi sur le sujet peut éclairer ma lanterne, ça serait sympa^^
Quand à l’intrigue, le roman est écrit à la première personne du singulier et au présent, alternant les points de vue de Zan et Jayd, la première ayant perdu la mémoire et dépendant de la deuxième, sa « sœur » pour se souvenir et accomplir sa mission. Mission qui consiste à prendre d’assaut la Mokshi et en prendre le contrôle. Je m’attendais donc à des batailles épiques, des combats d’anthologie dans le vide spatial, et il y en a finalement très peu. La majeure partie du roman est en effet le périple (initiatique) de Zan pour remonter du ventre du vaisseau où elle a été recyclée vers la surface. Elle croise en chemin une variété de peuples et d’espèces, mais aussi d’écosystèmes très différents, et pas toujours accueillants. Ce voyage n’est au bout du compte pas inintéressant, et je l’ai lu sans déplaisir, seulement ce n’est pas pour ce type d’intrigue que j’avais choisi ce roman. Je ne souhaite pas trop parler du point de vue de Jayd, pour ne pas déflorer l’intrigue, mais au bout du compte, elle subit plus que Zan, contrairement à ce que l’amnésie de cette dernière pourrait laisser croire au début.
Là où j’attendais de l’Espace, j’ai eu des tripes dans les bas-fonds des vaisseaux, et l’essentiel des combats à lieu à l’abri des mondes. Même la vie quotidienne a lieu à l’intérieur, rien ne se passe en surface des ces planètes/vaisseaux qui n’ont à priori pas d’atmosphère viable. Là où j’attendais des batailles épiques, j’ai suivi un voyage initiatique. Là où j’attendais de la science-fiction, j’ai eu de la fantasy. Bref, j’ai lu un livre qui n’étais pas du tout celui que j’attendais. Dans l’absolu, je ne l’ai pas trouvé déplaisant, sans être un chef d’œuvre non plus, mais j’ai été déçue par rapport au contrat de lecture que je pensais avoir vis à vis de ce roman. Et ça, ça a du mal à passer… (Peut-être est-ce moi qui ai mal lu ce contrat, mais le résultat est le même : la déception)
https://leslecturesdesophieblog.wordpress.com/2019/01/15/les-etoiles-sont-legion-kameron-hurley/
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