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De Yasmina Khadra, on ne connaissait que le pseudonyme et les livres. De son passé, rien. Il aura fallu attendre la publication de "L'Ecrivain", son dernier roman largement autobiographique, pour comprendre qui il est : "Enfance évincée, adolescence confisquée, jeunesse compromise". Né en 1955 à Kenadsa, le petit Mohammed n'a que neuf ans lorsque son père décide de son avenir. Sans son consentement, il le conduit en silence à travers les routes éprouvantes de Tlemcen et l'abandonne "pour son bien" entre les mains de l'armée. A l'école des cadets d'El Mechouar, Mohammed Moulessehoul n'aura dès lors qu'un seul rêve, qu'une seule passion : devenir écrivain.Moulesshoul devenu Khadra pour des raisons de sécurité - on n'écrit pas sur la tragédie de l'Algérie sans prendre des précautions - fait face à son irrésolution de gamin qui n'assumera que très tard son plus grand désir. L'officier tire aujourd'hui sa révérence et laisse enfin s'épanouir l'écrivain.
L'auteur a huit ans quand sa vie bascule. Son père l'inscrit dans une école militaire, où il vivra à l'année. Loin de sa famille, de sa maison.
Militaire parce que les ambitions du père.
Militaire parce que les rêves de la mère.
On a tracé le destin de Mohammed sans lui.
En grandissant, pourtant, quelque chose d'autre va naître. Quelque chose de plus fort, plus vibrant que les aspirations de ses parents. Là où règne la discipline, l'isolement de la vie militaire, Mohammed découvre la littérature. Découvre la liberté des mots, l'évasion de l'imaginaire.
Mais ces deux carrières sont parfaitement incompatibles.
Le voilà face à un choix. Vivre pour lui, pour écrire, "né écrivain comme l'oiseau nait chanteur". Ou céder aux ambitions de ses parents pour ne pas le décevoir.
Yasmina Khadra se confie, raconte son enfance. Ses failles. le père absent, la mère abandonnée pour d'autres amours. Pourtant réunis pour pousser leur fils dans une voie qui ne le rend pas heureux.
Ce fut agréable de découvrir Yasmina Khadra. Autrement. J'ai été touché par ses aspirations littéraires, par sa passion des livres. Je le comprends mieux aujourd'hui.
“L’écrivain” n’est pas un roman comme les autres dans la bibliographie de Yasmina Kkhadra, puisqu’il y raconte sa vie, du moins son enfance et sa jeunesse passées dans des institutions militaires.
Il raconte la vie du jeune Mohammed Moulessehoul, avant la glorieuse carrière d’écrivain que l’on connait.
Mohammed est la fierté de son père qu’il adule plus que tout. Son bonheur familial va se briser à son entrée dans cette école militaire, synonyme de réussite et gloire pour son père.
Mohammed est contraint de renoncer à ses rêves d’enfant, sa joie de vivre, son innocence. Quand on subit la vie, les évènements, on développe une patience à toute épreuve. Les coups, les mauvais traitements, les déchirements familiaux finissent par couler, tout passe. On n’a pas vraiment le choix d’ailleurs, la vie est plus forte que la douleur.
Il reste à Mohammed UN rêve : devenir écrivain. Il est conscient de son talent. Il ne peut que se réaliser. Sinon à quoi bon endurer toutes ces épreuves ?
Il y arrivera. A moins que …
L’Algérie en 1964, l’indépendance, avec les conséquences d’un conflit douloureux et dans le contexte d’une politique autoritaire.
Yasmina Khadra narre ici l’histoire de son enfance, celle d’avant et celle qui débute à l’âge de neuf ans, lorsque son père lui trace son chemin de vie ; il sera comme lui, officier dans l’armée. Malgré l’amour qu’il lui porte, son père le conduit à l’école d’El Mechouar, l’école des cadets, « un univers incompatible avec le statut des enfants ». L’enseignement est le même que dans les autres établissements mais la discipline est de fer. Les humiliations, les souffrances physiques, celles dues à l’éloignement de sa famille dans laquelle il vivait heureux, deviennent du jour au lendemain son quotidien. La solidarité entre cadets fait naître de solides amitiés. Il raconte à Bébé Rose, enfant de la ville, « la ferme gérée par une grand-mère maquisarde, sur la route de Saint-Cloud, à l’est d’Oran, où les grenadiers, les abricotiers, les poiriers et les amandiers faisaient bon ménage, où j’adorais voir paître les moutons sur les flancs duveteux des collines… ».
Outre ces conditions de vie, s’ajoutent à ses soucis d’enfant puis d’adolescent, la vie débridée de son père, la séparation de ses parents.
Le bon élève a un goût prononcé pour la littérature, il lit Gide, Dostoievski… il écrit et soigne son français, mais subit sans cesse les moqueries et les brimades de ses professeurs. « Ici tu n'es pas à la Sorbonne bonhomme. Nous n'avons pas assez de buvards pour éponger tes rédactions dysentériques. Tu es un soldat. Tu as une tête pour porter le casque pas pour faire de l'esprit. L'armée n'a pas besoin de prosateurs ; elle compte sur nous pour lui fournir des officiers intègres, consciencieux, intelligents et compétents ».
Mais Mohammed a des convictions, il a du caractère et n’hésite pas à répondre au directeur qui le sermonne « je n’ai pas besoin de chars, ni d’avions, ni de bataillons chevronnés, Monsieur le Directeur. Donnez-moi une machine à écrire, une rame de papier et je conquerrai le monde ».
Malgré ces années, ses luttes, Mohammed sait reconnaître que l’école militaire lui a offert une solide éducation, l’a mis à l’abri des misères de milliers d’orphelins. Puis, il a eu le bac, il se confrontera avec rudesse à son père, il a décidé qu’il ne serait pas un pion, il n’abandonnera pas. C’est ainsi qu’il prit le train pour rattraper son destin.
Cette autobiographie, écrite plusieurs années après ses premiers romans, pourrait être l’éloge du courage, de l’opiniâtreté. C’est certes un versant de ces vertus, mais le plus fort me paraît être celui de la lutte contre l’autoritarisme. En lisant ce texte, j’ai retrouvé l’Algérie face à ses contradictions, un pays où les libertés sont encore illusions comme le décrit Boualem Sansal, et plus près de l’enfance de Yasmina Khadra, le pays d’Albert Camus.
C’est une chance pour la littérature et pour nous, lecteurs, que Yasmina Khadra ait changé d’arme, le stylo a pris le pas sur le fusil.
Ce livre passionnant raconte d’où vient l’auteur. Qui était Yasmina Khadra avant d’être connu sous ce nom là ? Qu’est ce qui l’a construit, qui en a fait l’auteur que l’on connait maintenant ?
Ce livre passionnant raconte l’enfance et l’adolescence de Yasmina Khadra dans un contexte familial difficile, dans un pays en pleine reconstruction après l’indépendance. Yasmina Khadra représente une génération d’enfants « sacrifiés » porteurs des espoirs d’un Etat, d’un père, d’une mère. Il porte ici l’histoire d’une famille où le père tout puissant, n’hésite pas à abandonner mère et enfant pour vivre autrement, tout en continuant à faire porter à son fils un objectif à atteindre.
Yasmina Khadra raconte à la fois cette emprise nationale et familiale, son désespoir d’enfant, ses colères d’adolescent et de jeune adulte envers ces deux autorités. Il retrace sans ambages mais sans grossir le trait la situation paradoxale dans lequel le place son père (investissement-désinvestissement), sa mère (misère et réussite), son pays (guerre et paix).
Ce livre s’’avère à la fois prenant et extrêmement violent. Il donne envie de juger et de condamner les décisionnaires, puis un cheminement s’effectue pour comprendre et accepter comme l’a fait l’auteur lui-même au fil des années jusqu’à ce qu’enfin il devienne celui qu’on connait.
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