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Le narrateur, médecin, est affecté durant la Première Guerre mondiale à un établissement psychiatrique. Il y reçoit un jour un caporal d'un régiment bavarois, gazé, agité, qui se fait remarquer par sa haine des juifs, et est atteint de cécité hystérique. Le narrateur relève le défi médical. Il sauve le caporal. Il s'agissait d'Adolf Hitler qui, ayant recouvré la vue, allait «engendrer en Europe des souffrances incommensurables». Celui qui aurait voulu n'être qu'un témoin oculaire rapporte ici toute son existence, depuis son enfance jusqu'à son engagement dans la guerre d'Espagne, en passant par ce «miracle» accompli par hasard sur Hitler et dont il se sentira à jamais coupable, et par son internement en camp de concentration, puis son exil à Paris.
Au cours de la première guerre mondiale, le narrateur, médecin, exerce dans un établissement psychiatrique. C’est là qu’est hospitalisé un caporal, désigné par les initiales A.H. Atteint de cécité hystérique, ce soldat se distingue par ses discours contre les juifs mais aussi par son pouvoir à retenir l’attention et à galvaniser les hommes autour de lui. Tout à son art, et sans doute un peu poussé par l’orgueil et ce sentiment de pouvoir qu’il éprouve face à son patient, le médecin se consacre à redonner la vue à cet A.H. Celui qui deviendra quelques années plus tard le Führer du troisième Reich, Adolf Hitler.
Mais avant d’en venir à sa rencontre avec Hitler, le narrateur revient sur sa propre histoire notamment sur les relations un peu compliquées qu’il entretient avec ses parents et sur ce qui l’a conduit à vouloir se consacrer à la médecine. Une vocation lourde de conséquence et qui l’amène donc, en 1918, face à un homme pour lequel il va éprouver des sentiments ambivalents et qui vont évoluer au fil du temps.
Car le récit ne se termine pas alors que le narrateur a réussi à rendre la vue à son patient. Il se poursuit avec l’inexorable ascension d’Hitler et l’auteur analyse alors avec beaucoup de justesse les raisons de cette ascension, les leviers que Hitler a su utiliser pour réunir derrière lui un pays et mettre en place la plus terrible des politiques. Le narrateur en paiera d’ailleurs aussi le prix, puisqu’il se retrouvera déporté, séparé de sa femme, et soumis à la violence car il possède un dossier médical sur Hitler assez compromettant.
C’est à la fois passionnant et glaçant. A travers la trajectoire de ce médecin et ses interrogations, Ernst Weiss dresse le portrait d’un pays et d’une société fascinés par un homme. Il en explique les raisons, qui ont pu déjà être analysées par ailleurs, mais avec cette particularité qu’il écrit en 1939 et que toute l’horreur voulue par Hitler n’est pas encore totalement en marche. Mais Ernest Weiss a capté la quintessence du personnage, ce qui le rend unique aux yeux des foules et adopte ici un regard quasi visionnaire. Un regard qui l’amènera d’ailleurs à se suicider en 1940.
Et si le narrateur semble plus spectateur (le témoin oculaire du titre) qu’acteur, on saluera son initiative finale qui le place au cœur de l’action. Un récit passionnant.
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