Juline, lectrice du mois de décembre, a lu "Ma raison de vivre" et "Ma raison d'espérer" parus aux éditions Pocket Jeunesse.
« Bon, j'écris ce qui se passe dans mon service. Je travaille dans un appartement thérapeutique, rattaché à un hôpital psychiatrique. On accueille des adolescents. Très malades, souvent, dont personne ne veut. Qui en plus de leurs troubles psychiatriques, ont des troubles de l'attachement, des pathologies du lien. Alors ça remue ! Ça remue les soignants.
J'écris les souffrances de ces jeunes. La diffi culté de les soigner, de les accompagner ou tout simplement de rester là, avec eux. Je tente d'écrire la complexité des relations avec eux et la complexité des effets sur les soignants et les relations des soignants entre eux. Je veux raconter ce que c'est, ce travail, leur vie. Je veux.
Dire. Décrire. Montrer. Tout. Le bon et le mauvais. Je voudrais que l'on pense davantage à eux. Ces adolescents sont invisibles ou méconnus dans notre société. Ou incompris. Terriblement vulnérables, fragiles, si près de l'exclusion totale, ils sont à la marge. À la marge de notre pensée, de nos yeux. Au coeur de mon coeur. » Ce texte, tiré du livre de Mary Dorsan et qui fi gurera en 4e de couverture, ne saurait mieux résumer son livre. À partir de là, il convient de dire comment il est écrit, la forme et, derrière la forme, le projet.
La forme, c'est la succession, en chapitres plus ou moins longs, de moins d'une page à une quinzaine, des jours tels qu'ils passent dans cet appartement thérapeutique.
Il y a parfois des apartés (soirées à la maison, week-ends, séjours à la campagne) mais le principal a lieu là, dans cet incroyable huis clos où se côtoient, où coexistent et où, le plus souvent, s'affrontent adolescents et soignants. Il y a des scènes d'une violence inouïe, puis des moments d'apaisement et d'entente où l'on a l'impression que tout est possible, que les choses peuvent « s'arranger » mais toujours tout recommence sans fi n à cause d'un geste, d'une parole mal compris, d'un dimanche affreux dans une de ces familles détruites grandes pourvoyeuses de détresse.
Ce qui frappe, à la lecture de ces pages, c'est une manière d'écrire très près des êtres, au plus près, et qui cependant évite la compassion car il y a toujours, de la part de la narratrice et de ses collègues une volonté thérapeutique pour dépasser le confl it, et dans l'écriture une volonté analytique. Cette manière n'exclut pas, au contraire, l'élaboration littéraire, une mise en forme à la fois savante et discrète qui évoque un auteur comme Perec, dont Mary Dorsan, d'ailleurs, se réclame.
Juline, lectrice du mois de décembre, a lu "Ma raison de vivre" et "Ma raison d'espérer" parus aux éditions Pocket Jeunesse.
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