"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Cinq heures du matin. John Rebus, pourtant à la retraite, est tiré du lit par la sonnerie stridente du téléphone. À l'autre bout, sa fille, paniquée, lui apprend que son compagnon Keith a disparu. De son côté, la police écossaise découvre le corps d'un riche étudiant saoudien, Salman bin Mahmoud, assassiné sur un vulgaire parking d'Édimbourg. Et les pistes, aussi ténues que variées, ne semblent mener nulle part.
Tandis que Siobhan Clarke et l'inspecteur Malcom Fox tentent de démêler cette enquête, John Rebus roule vers le petit village côtier plein de secrets où réside sa fille. Mais, pour la toute première fois, la vérité est peut-être ce qu'il désire le moins découvrir...
Un polar palpitant qui, sur toile de fond de Brexit, aborde la violence de la xénophobie et explore la puissance et la fragilité des liens familiaux. Un livre qui se dévore, pimenté à souhait par l'humour de cet enquêteur atypique.
‘Exit music’ est le dernier polar de Rankin que j’avais lu et chroniqué en … 20126. Déjà je trouvais l’auteur au crépuscule de son art. Je confirme avec ‘Le chant des ténèbres’, édité, dans sa traduction française, en janvier 2021, John Rebus, le personnage fétiche de Ian Rankin, est définitivement à la retraite.
Dans cette histoire qui l’appelle auprès de sa fille dont le compagnon vient de disparaître et d’être assassiné, Ian Rankin convoque bien des protagonistes de ses récits précédents. Mais tous ont vieilli, se sont fanés et ne suscitent plus le même enthousiasme du lecteur pour la recherche de la vérité, même au détriment des convenances et de la hiérarchie. La jeune génération d’enquêteurs n’accepte pas de se laisser bousculer par un vieux crouton qu’elle n’a connu que d’ouï-dire
J’ai longtemps suivi cet auteur. Je ne le ferai probablement plus. Je ne sens pas chez lui la capacité de renouvellement des personnages comme j’ai pu l’apprécier chez Michaël Connelly, par exemple.
L’histoire, complexe à souhait, avec ses villageois qui taisent ce qu’ils savent, vivent encore des relents de guerre, s’épient, se jugent et sèment des fausses pistes à tous vents est, bien sûr acceptable et respecte les lois du genre. Mais avec d’autres personnages, d’autres carrures, d’autres atouts que la seule expérience des années passées dans un dénuement total de moyens pour s’en sortir.
Et, bien sûr, John Rebus sauvera l’honneur de sa fille, trouvera les coupables et pourra retourner chez lui finir son déménagement qui lui a permis de s’installer à un rez-de-chaussée, ses poumons et son cœur fatigués lui interdisant les deux étages à grimper qu’il avait dans son logement initial.
Quand je vous disais que les héros se fatiguent et vieillissent … mal, parfois !
Je l’ai déjà dit ici, j’ai toujours un plaisir fou à retrouver John Rebus. Le héros de Ian Rankin se bonifie avec l’âge. Tout en restant ce qu’il est : têtu, libre, ironique…. Il se décide enfin à mettre son énergie dans ce qui compte plus que tout, sa famille ou ce qu’il en reste : sa fille et sa petite fille. Et malgré son âge et ses soucis de santé, il ne lâche rien, comme avant. L’apport des personnages secondaires (quoique !) Siobhan Clarke et Malcom Fox est énorme. Le talent de Rankin est là, les relations entre ces 3 là sont épatantes de complicité, connivence, solidarité mais aussi parfois de non dits et faux semblants. Et le tout avec un humour fin et délicieux…. A peine les dernières lignes lues, je pense déjà à les retrouver….
Partons en Écosse où je ne suis pas retournée depuis le deuxième article du blog avec un auteur archi-connu, Wikipédia parle de l'auteur le plus lu du Royaume-Uni, sauf par moi visiblement. Je suis donc rentrée sans a priori aucun dans le roman à la pointe de l'actualité puisque le Brexit y apparaît, non pas comme une perspective éloignée mais comme une rupture imminente. Ian Rankin fait reprendre du service à son détective-phare John Rebus, lequel va s'attacher à aider sa fille avec laquelle il n'entretient, bien entendu, pas de bonnes relations. L'auteur écossais fait également la part belle à l'ancienne coéquipière de Rebus au sein de la division des enquêtes criminelles, Siobhan Clarke, laquelle, il me semble, ne manquera pas de prendre du galon dans les prochains romans de Rankin.
Les principales qualités qui m'ont donné envie de lire ce roman policier, se rapporte à l'attrait qu'exerce sur moi une ville comme Édimbourg, à ces fameux paysages brumeux écossais tout à fait adaptés pour contenir une sombre histoire mystérieuse et criminelle et à la réputation de l'auteur déjà bien établie. Un fils de bonne famille saoudienne assassiné, un crime à première vue raciste, on est en plein dans l'actualité, l'auteur l'a compris. Tout comme l'éclatement des familles qui une des problématiques sociétales de ce monde moderne et dont l'Écosse n'est évidemment pas exemptée. Les histoires, comme les personnages, tous autant qu'ils sont, sont pris dans une sorte de morosité ambiante et John Rebus n'est pas là pour détendre l'atmosphère, visiblement.
Deux enquêtes s'entrecroisent : l'une qui nous entraîne simultanément dans les bas-fonds et les beaux quartiers d'Édimbourg tandis que l'autre prend ses racines dans les coins reculés d'Écosse, ce joli petit village de Tongue, ces endroits même ou l'on serait tenté de se dire qu'il ne s'y passe jamais rien. Mais l'Écosse ne fait pas exception à la règle qui veut que tout se passe parfaitement bien sous réserve que l'on garde la tête suffisamment enfouie dans le sable, façon autruche. Dans l'une comme dans l'autre enquête, Ian nous permet de pénétrer dans l‘Ecosse pleinement citadine à travers sa capitale mais aussi dans ses contrées reculées, plus précisément ici dans le Nord et son littoral côtier, dans ce village de Naver, peut-être bien pour montrer que les noirceurs des gens se devine aussi bien en ville que dans les replis des coins plus sauvages. L'auteur joue donc sur deux tableaux différents, le premier qui recèle tous les éléments des excès de la jeunesse – et des moins jeunes d'ailleurs dorée citadine, drogue, sexe, vanité, l'autre sur les pans moins reluisants de l'histoire écossaise, à savoir les camps qui ont abrités des réfugiés de la seconde guerre mondiale.
J'ai eu une nette préférence pour la seconde investigation, celle qui prend place dans les côtes sauvages de l'Écosse. Même si l'enquêtrice Siobhan m'a été tout à fait sympathique, il me semble en outre que c'est le duo qu'elle constitue avec l'autre inspecteur Malcolm Fox qui pimente cette enquête qui, ma foi, ne m'a pas paru si digne d'intérêt que cela. La haute-société Edimbourgeoise est dotée des mêmes travers que la Londonienne, la New-yorkaise, la Parisienne ou la Moscovite, les passions ne se réinventent pas, la jalousie, l'avarice, l'avidité, et plus encore le racisme restent les mêmes ou qu'ils soient. En revanche, comme je le précisais plus haut, la seconde investigation qui débute par la disparition du gendre du détective star John Rebus est bien plus captivante car elle met en jeu l'histoire locale en particulier les anciens camps de guerre. le camp 1033 ou Camp Borgie, qui ont eu abrité « des résidents étrangers longue durée au Royaume-Uni ou des soldats allemands faits prisonniers. Car les îles britanniques ont hébergé environ un millier de ces camps, il n'en reste pas moins que ce pan de l'histoire reste apparemment peu connu.
Il me semble également percevoir une critique de la société actuelle, qui au-delà ne pas prêter la moindre attention à ces camps, n'en perçoit que la valeur marchande, prêts à effacer les traces d'une histoire chargée et laisser la place aux structures immobilières davantage valorisées par les promoteurs, les yeux plein de rêves d'euros que représentent ces hectares de terrain inoccupés. Deux enquêtes, l'une cousue de fil blanc, l'autre en dessus qui tiennent tant bien que mal les quatre cents pages de ce roman un peu longuet et réchauffé.
Vous l'aurez compris, ce n'est, à mes yeux pas le polar qui va révolutionner le genre, et sans doute, j'ose l'espérer, pas le meilleur de Ian Rankin. J'ai senti un auteur un peu essoufflé, en manque d'inspiration autant au niveau de l'intrigue que du détective, qui ne m'a plus l'air d'avoir grand-chose à donner. Peut-être devrais-je me pencher vers un de ses titres antérieurs. Néanmoins, et je vais tâcher de finir sur une note positive, il apporte quelques notions d'histoires très intéressantes sur l'Écosse de la Seconde Guerre Mondiale.
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