La Revue de Presse littéraire de mars 2016
Pour changer de ce culte de la réussite qu'on nous vend partout, Patrick Lapeyre a voulu créer un couple de perdants : un homme et une femme (Homer et Sybil) qui se rencontrent un peu par hasard, après avoir été quittés par leurs conjoints. Ces derniers, qui sont partis vivre ensemble à Chypre, vont devenir l'objet principal de leurs conversations. Car ils ne vont plus cesser de se parler. Jusqu'au moment où va se nouer une étrange relation amoureuse entre eux deux. Relation dont l'accomplissement semble toujours retardé, comme si la conversation avait pris le pas sur tout le reste.
Pour traduire le caractère obsessionnel des personnages, Patrick Lapeyre a utilisé une construction répétitive. De sorte que leurs longues plages de conversation, toujours dans les mêmes lieux, avec les mêmes rituels, donnent l'idée d'une immobilité à la limite du sommeil, comme dans ces contes où les personnages sont victimes d'un enchantement. On pourrait aussi parler d'une musique répétitive, dans la mesure où chaque séquence est une variation par rapport à la précédente. Le lecteur a donc deux accès différents aux personnages : d'un côté, il voit Homer et Sybil qui ne cessent de parler et de se rapprocher, et de l'autre, il imagine, sans les voir, les deux fuyards dont la situation à Chypre semble devenir de plus en plus préoccupante. Toute cette histoire, qui sert de fil conducteur au livre, se déroule de nos jours, sur une année environ, et le point de vue adopté est celui de Homer. Parallèlement (les deux histoires sont construites de manière alternée) est racontée une année de l'enfance de Homer, à l'âge de dix ans. De façon à ce que le lecteur mette lui-même en relation (on ne lui donne aucune explication) les événements de l'enfance et ceux de l'âge adulte. Il y a environ trente années de distance entre les deux.
Si la première histoire (celle de Homer et de Sybil) se déroule dans la région parisienne, la seconde se passe à Bâle, en 1981, et le point de vue adopté est celui d'Ana, la mère de Homer. Personnage lui aussi obsessionnel et répétitif. Enfin, viennent s'intercaler (là aussi, sans explica- tion) six ou sept séquences dialoguées entre Homer (adulte) et des personnes qu'il semble interviewer. Chacune lui racontant un épisode étrange et décisif de son existence. Le lecteur ayant toute liberté d'imaginer un lien secret entre ces épisodes et Homer lui-même. Mais ce n'est pas un roman psychologique. C'est un livre sur la conversation, sur le plaisir érotique de la conversation et sur la vibration de certains silences : car le plus important évidemment est toujours ce qu'on ne parvient pas à dire. Il y a toutes sortes de silences dans ce roman. Le titre, emprunté à un poète romantique anglais (Wordsworth), fait justement référence à un de ces moments de silence et de perfection, où les personnages, dans un moment d'absence, ont tout à coup l'impression d'apercevoir devant eux « le coeur lumineux de la vie » ... Comme si c'était le sujet caché de ce livre.
La Revue de Presse littéraire de mars 2016
La Splendeur dans l’herbe, de Patrick Lapeyre (P.O.L)
Quelle émotion, quelle douceur, quelle poésie encore une fois dans ce roman de Patrick Lapeyre. Un roman de petites choses très délicates qui se mettent en place peu à peu entre un homme et une femme, un mélange dosé de doutes et de certitudes, en toute simplicité.
L;histoire d'un homme d'une femme qui avance doucement sur le chemin de la découverte, de leur découverte.
Qui se trouvent, se retrouvent face à face. En face d'eux même, en face de leur vie. Qui apprennent l'un par l'autre, qui apprennent l'un de l'autre. Se construisent et se réparent ..... puis repartent.
Comme toujours, une écriture fine et enivrante. Précise, un phrasé qui sert l'histoire et dont les mots nous transportent.
Homer, la quarantaine, rencontre Sybil suite au départ de leur compagnons, Emmanuelle et Giovanni, pour Chypre. Lui, Homer, habite à Paris, il est comptable. Elle, Sybil, habite en Seine et Marne. Homer et Sybil passent du temps ensemble et sont à peu près sûrs de s'aimer. Cependant, le poids et les souvenirs de leurs anciens amants et les nouvelles qu'ils reçoivent de leur vie commune, veillent sur eux et les empêchent de vivre pleinement leur choix. Ils sont incertains. le roman se double de l'histoire des parents d'Homer, Arno et Ana Hillmann, et l'on découvre l'enfance d'Homer, un peu traumatisée, et un couple qui vit mal ensemble.
<a href="/auteur/Patrick-Lapeyre/27022" class="libelle">Patrick Lapeyre </a>écrit avec acuité la fragilité de ces personnages qui sont plus ou moins exilés du temps qu'ils vivent et pour qui les décisions sont dures à prendre. Ils cherchent à atteindre une vérité, qui les dévoilerait, et qui les aiderait à dépasser le pressentiment du malheur. Des lieux, des personnages, l'expérience de l'amour, <a href="/livres/Lapeyre-La-splendeur-dans-lherbe/801739" class="titre1">la splendeur dans l'herbe</a> est traversé de bout en bout par une étrange profondeur. C'est un roman dans lequel nous sommes bien et qui nous raconte de belles choses sur le sentiment amoureux.
Homer et Sybil, se rencontrent un peu par hasard, après avoir été quittés par leurs conjoints respectifs qui sont partis refaire leur vie à Chypre.
Ces deux êtres blessés et esseulés tentent de se remettre de cette rupture difficile et se fréquentent avec régularité, leurs ex-conjoints occupant l'essentiel de leurs conversations.
Des habitudes vont s’installer entre eux avec des balades, des déjeuners, de simples moments passés l'un près de l'autre. Chacun apprécie la compagnie de l'autre mais leur relation n'évolue pas plus loin, ils construisent petit à petit une relation amoureuse complexe.
Parallèlement, on comprend mieux la personnalité d'Homer en découvrant son enfance au travers du récit des errances d'Ana, sa mère.
C'est un roman où deux étrangers fragiles et émouvants, réunis par la trahison de leurs conjoints ressassent le passé et se nourrissent de leur solitude.
Un roman trop dans l'immobilisme pour m’intéresser vraiment.
Homer la quarantaine aux airs d’adolescent brisé, Sybil belle et séduisante se rencontrent peu de temps après leurs séparations.
Ce sont deux être blessés, leurs ex-conjoints sont partis vivre ensemble à Chypre. Conjoints qui occupent l’essentiel de leurs conversations. Le désir amoureux devient le moteur, le duo désabusé devient très vite attachant. Les longs silences, les gestes inachevés, les frôlements, leurs maladresses, leurs espérances donnent une certaine intensité à leur relation.
"Nous sommes des amoureux bizarres... Je n'en reviens toujours pas de la chance que nous avons eue de nous rencontrer... Mais peut-être que nous le méritions, en fin de compte. "
Une relation qui malgré tout semble ne plus avancer , stagner…
«Homer n’ignorait pas, bien entendu, qu’on peut attendre séparément, chacun chez soi, et donner encore du temps au temps […], leur amour courait le risque de dépérir doucement et eux de décliner sans même s'en rendre compte, jusqu’à ce qu’ils forment un jour un couple de solitaires désenchantés ».
Parallèlement, on suit les errances trente ans plus tôt d’Ana, la mère d'Homer. Une femme qui aime entrer dans la vie d'inconnus, elle aime faire ami ami quelques instants avec des gens destinés à ne jamais être revus... Nous sommes au cœur d’un couple qui se déchire, on découvre l'enfance d'Homer, un enfant traumatisé et craintif. Ana un personnage qui donne encore plus d’intensité à ce roman.
Tout ces personnages fragiles, émouvants, nous racontent de belles choses sur le désir amoureux et font de La splendeur dans l’herbe une lecture dans laquelle on se sent bien.
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