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Le narrateur, hybride monstrueux né de l'accouplement d'une femme avec un ours, raconte sa vie malheureuse. Ayant progressivement abandonné tout trait humain pour prendre l'apparence d'une bête, il est vendu à un montreur d'ours puis à un organisateur de combats d'animaux, traverse l'océan pour intégrer la ménagerie d'un cirque où il se lie avec d'autres créatures extraordinaires, avant de faire une rencontre décisive dans la fosse d'un zoo. Ce roman en forme de conte, qui explore l'inquiétante frontière entre humanité et bestialité, nous convie à un singulier voyage dans la peau d'un ours. Une manière de dérégler nos sens et de porter un regard neuf et troublant sur le monde des hommes.
Qui de l'homme ou de l'ours est vraiment la bête féroce, sans âme, sans vie et sans cœur ? Récit en chassé-croisé sur la bestialité et l'humanité plus ou moins reconnues en chacun de nous tous.
Roman aussi atypique qu'ingénieux ! Style fluide, fort et puissant. Très belle écriture !
Tout au long de ce livre, le lecteur se demande où cela peut bien se passer. Jamais l’auteure ne le précise et c’est très bien comme cela puisque ce qu’elle raconte avec simplicité et talent, est une fable révélatrice de la nature humaine, de toutes ses contradictions et surtout de ses rapports avec les animaux, êtres si proches que nous maltraitons tellement.
L’histoire commence dans les montagnes, dans un village où un pacte a été conclu avec les ours : au moindre problème, on chasse et on abat. Interdiction donc, pour l’ours, de s’approcher des enfants et des jeunes filles… mais il y a Suzanne que tous les hommes veulent épouser et qui ne pense qu’à s’occuper de la ferme et de ses 50 agneaux. Voilà qu’un soir, elle ne rentre pas : elle a rencontré l’ours, un ours brun de 3 m : « un lutteur trapu et massif, un monstre de robustesse : un torse, un dos, des pectoraux extraordinairement développés. »
L’ours l’emmène dans sa tanière et Suzanne pense qu’elle va mourir mais l’animal la garde captive pendant 3 ans et la viole régulièrement. Lorsqu’elle est enfin délivrée par des bucherons, elle est avec un enfant-ours, mi-homme, mi-bête ! Le retour au village est terrible, la cruauté des hommes n’ayant pas de limites.
Passé ce début cruel, sauvage et rude, c’est l’enfant-ours qui raconte. Vendu à un montreur d’ours qui le rôde au spectacle en quelques jours, il confie : « Je deviens ours, dressé, montré, enchaîné, un ours pour les hommes » Il réalise la déchéance de l’ours détrôné par le lion pour le titre de roi des animaux. Il sent qu’il ne peut rien pour remédier à cela : « la lassitude a vitrifié chaque recoin de mon cœur. »
Passant d’un propriétaire à un autre, notre narrateur connaît toutes les vicissitudes de la vie animale avec le combat dans une arène, un voyage en bateau : « l’océan bien plus hostile et imprévisible que toutes les forêts. » Revenu à terre, il raconte une longue pérégrination avant de découvrir la vie du cirque qui lui permet d’approcher des femmes, de les connaître et d’apprécier leur tendresse.
Tout cela finit sur du béton : « Un paysage dur, qui écorche et abrase, un paysage froid qui a perdu la douceur de la piste, la chaleur de la paille qui tapissait ma cage, la souplesse de la terre boueuse du campement. » Devenu « un animal sous cloche », il note les réactions de visiteurs, entre provocation et cruauté avant l’arrivée d’Esther…
Après avoir lu "La peau de l’ours", il est impossible de ne pas changer de regard devant notre façon de traiter les animaux … même avec les meilleures intentions du monde.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
J’ai découvert Joy Sorman avec « Comme une bête » où elle fouillait l’animalité de l’homme, son rapport à l’animal par le biais du conte. Avec La peau de l’ours, je retrouve la plume puissante et évocatrice de l’auteur
J’ai eu une pensée pour « L’homme qui savait la langue des serpents » où les femmes de la forêt tombent sous le charme des ours. Là, un ours a rompu le pacte en enlevant et en retenant prisonnière Suzanne la plus belle jeune fille du village. Lorsqu’elle est retrouvée, 3 ans plus tard, crottée avec un marmot mi-ours, mi-homme accroché à ses jambes, Suzanne n’a aucun amour à attendre des villageois et, surtout de sa famille. Elle est expédiée, pire que pécheresse « Une folle doublée d’une sorcière qui a couché avec un ours, une créature du diable enchaînée à ses instincts les plus vils, une déréglée sexuelle qui copule avec les bêtes et pervertit la marche du monde » dans un couvent et son rejeton « De moi on ne sait que faire, on n’a pas le cœur de me tuer » vendu à un montreur d’ours.
Odyssée ponctuée de plusieurs propriétaires, de lumières et de spectacles… pour finir dans un zoo.
Avec La peau de l’ours, nous sommes dans le corps et le cerveau de ce mi-homme mi-ours. Il est vu comme un ours, intelligent certes, mais un animal alors que lui se sent, par ses propres réflexions, ses actes réfléchis plus humain. De plus, il marche principalement sur ses pattes arrières.
Joy Sorman questionne l’humain qui est dans l’animal et la bête qui est en nous. Issus du même règne, nous sommes si éloignés que toute réconciliation est vouée à l’échec. Cet ours en est l’illustration puisque monstre et classé dans les animaux.
"La peau de l'ours" questionne sur la condition de l'homme, en même temps que sur celle de l'animal. D'un côté les hommes, comme ces visiteurs du zoo, "qui se demandent en observant l'ours ce qu'ils ont gagné en s'éloignant de l'ours, ou du singe, ou au contraire ce qu'ils ont perdu". De l'autre l'animal, puissant mais toujours condamné à lui être soumis. Qu'est-ce qui fait de nous des hommes ? Que reste-t-il en nous de l'animal ? Qu'est ce qu'un "monstre" ?
J’ai aimé l’écriture nerveuse, imagée, charnelle, charpentée que j’avais découverte dans « Comme une bête ».
J’ai lu ce livre-conte philosophique avec un très grand plaisir. Joy Sorman, je vous donne rendez-vous au prochain livre.
En des temps que l'on imagine reculés et en des contrées que l'on suppose lointaines, l'homme et l'ours vivaient en relative harmonie si ce n'est un dramatique accident de temps en temps. Ainsi, celui que l'homme considérait comme le roi des animaux pu traverser les siècles pacifiquement. Un jour pourtant, une jeune bergère disparut mystérieusement et l'homme soupçonna très vite l'ours. Mais alors pourquoi son troupeau de moutons, jusqu'à la dernière brebis fut-il épargné et retrouvé sain et sauf ? On retrouva la jeune fille trois années plus tard, recluse au fond d'une grotte, un petit sauvageon accroché à ses jambes. Suzanne avait bel et bien été séquestrée par l'ours et, des viols répétés, honteux et abominables de l'ours, naquit l'enfant. C'est de cet enfant, qu'il sera question dans La peau de l'ours.... L'ourson, engeance contre nature, sera vendu comme phénomène de foire, avant de passer de main en main, de montreur en dresseur d'ours. L'ours va grandir et perdre petit à petit ses traits enfantins, acquérant au fil des années les véritables sens de ses ancêtres ursidés, mais il conservera également ce petit supplément d'âme humain faisant de lui un être réfléchi et sensible. Ainsi, d'arène de combat en cirque, de spectacle de rue en zoo, nous suivrons ses pérégrinations, ses déboires, ses joies, ses peines, ses doutes et ses inquiétudes, jusqu'à sa destination finale et sa rencontre avec Esther au fond de la fosse d'un zoo... Un final profond, émouvant et bouleversant.
Roman mi-humaniste, mi-darwiniste, La peau de l'ours se lit comme un conte. Un conte de Grimm, presque... Mais au-delà de l'aspect légendaire, ce conte nous emmène à la lisière de l'humanité et de la bestialité, nous entraînant dans un voyage où la femme semble être le seul être à comprendre la bête...
Un être hybride est le narrateur: né d'un viol par un ours; séparé très tôt de sa mère qui a été séquestrée trois ans par le plantigrade et, libérée, envoyée au couvent sans qu'on s'occupe de l'enfant mi homme mi ours: il va prendre plutôt la peau de l'ours avec mélancolie et résignation. Il connaîtra le montreur d'ours, le cirque puis le zoo.
Bien mené, on se sent dans la peau de l'ours!
Le narrateur du dernier roman de Joy Sorman est un ours pas comme les autres puisqu'il est le fruit de l’accouplement d'un ours et d'une jeune fille de 17 ans.
On suit alors le destin de cet ours pas comme les autres qui nous fait partager ses expériences de la vie, des lieux ou il "travaille" (cirque, zoo...). On est touché par les émotions (tristesse, joie, solitude, colère...) qui le submergent. Comment ne pas éprouver de l'empathie pour cet animal doué de conscience ?
Ce livre a pour thèmes le rapport entre les hommes et les bêtes, l'identité et la place qu'on a dans le monde.
"La peau de l'ours" est un conte fascinant que je vous recommande fortement.
À lire du même auteur : "Comme une bête" (Prix François Mauriac de l'Académie française) et "Boys boys boys" (Prix de Flore)
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